Chère Chloé - Tome 2

Chapitre 9 - L'orphelinat

"On ne sauve pas les gens d'eux-mêmes. On peut les aimer, les accompagner, les encourager, les soutenir. Mais chacun se sauve soi-même."

Sauveux Saint-Yves

– Est-ce qu'on peut partir avant la tombée de la nuit ? Lance Ethan, affalé sur le lit alors que je me prépare dans la salle de bain.

– Il est 8 heures du matin, tu peux me laisser me coiffer 5 minutes ?

Je l'observe à travers le miroir et souris alors qu'il soupire de manière théâtrale.

– Tu étais plus rapide pour aller manger, reprend le brun en sortant son téléphone de sa poche.

J'appréhende tellement cette journée, que je recule l'heure de départ. Mais il faudra bien que j'affronte cette peur, et que je me lance.

J'essaye de cacher mes cernes comme je peux suite à cette nuit agitée. Mon cerveau est resté en ébullition à cause du tas de muscles à côté de moi. J'ai fait en sorte de rester de mon côté pour ne pas le toucher, mais dans un lit à deux places, c'est compliqué. J'aurais pu dormir à moitié dans le vide, que j'aurais été aussi stressée. Le problème avec le subconscient est que lorsqu'on est endormi, il fait des choses que le cerveau ne veut pas.

Et Dieu sait que mon corps voudrait être en contact avec le sien !

– On y va ? Reprend le brun avec impatience en se levant.

Je soupire : il est temps.

Je suis Ethan jusqu'à la voiture d'un pas non décidé, observant l'hôtel à la lumière du jour pour la première fois. La végétation est très présente avec une décoration simple mais élégante : du bois foncé, des cadres colorés, des plantes un peu partout. Ce petit hôtel est très accueillant, loin de la modernité de l'Europe.

Lorsque nous prenons la direction de l'orphelinat en voiture, je garde le silence. Le GPS indique 102 minutes de trajet et cela me parait interminable.

Lorsque nous sortons de l'hôtel, je suis surprise. La ville est assez moderne, comptant plusieurs gratte-ciel magnifiques. Mais passé cette zone chic et touristique, les nombreux bidonvilles m'impressionnent. Nous croisons beaucoup d'habitants avec des vêtements déchirés, portant des paniers ou des bidons semblant lourds. Puis, les routes deviennent des chemins en terre, et les maisons se transforment en cabanes de tôle.

Après plusieurs longues minutes, le paysage change totalement. De la terre orangée apparaît à perte de vue, ainsi que des animaux sauvages et une végétation pour seul relief. Le temps passe, les chemins aussi et j'essaye de me perdre dans l'observation des animaux au loin. Les nuages se sont dissipés, et un volcan se dessine à l'horizon, comme sorti de nulle part.

- Le mont Logonot, m'informe Ethan.

L'orphelinat est au pied de ce volcan, dans une réserve naturelle dont ma mère m'a tant parlé. Elle créait des albums photos de chacune de ses missions pour partager ses aventures avec moi. À chaque retour, elle me racontait tout avec des étoiles dans les yeux. Elle affichait les dessins des enfants dans son bureau et semblait différente.

Elle était rayonnante.

Elle a commencé les missions humanitaires lorsque je suis partie de la maison pour faire mes études infirmières. Psychologue, elle adorait travailler avec les enfants, et elle refusait de rester "à la maison à ne rien faire". Donc elle a débuté une mission, et lorsqu'elle est revenue, totalement émerveillée, je l'ai poussée à continuer.