Chapitre 15 : Les explications

17 1 0
                                    

"Les gens changent pour deux raisons : soit leur esprit a été ouvert, soit leur cœur a été brisé."

Steven Aitchison


Je déglutis face aux derniers mots d'Ethan.

Il se tient là, à côté de moi dans ce fauteuil sur la plage mexicaine. Et pour la première fois, il ouvre sa carapace. Cet homme si fort et si distant habituellement, me regarde avec cette peur qui me pince le cœur.

– Comment elle a fait ? Je demande doucement en posant ma main sur son avant-bras.

Il ouvre la bouche, puis la referme. Il se tourne vers la mer et soupire, se battant sûrement contre ses propres démons. Je commence à apprendre à le connaître, et le voir agir est impressionnant. Ses épaules sont moins droites, son regard n'est plus froid et son visage n'est pas fermé. Il semble seulement...

Triste.

– Quand mes grands-parents sont décédés dans un accident de voiture, ce fut une explosion de beaucoup trop de choses. Ils avaient beaucoup d'argent, et l'histoire de l'héritage a été dans toutes les bouches du Royaume-Uni. Ils ont arnaqué beaucoup trop de monde, et ont volé pas mal de choses. De nature très discrète, mes parents avaient horreur de se retrouver sous le feu des projecteurs, surtout dans une histoire aussi scandaleuse que la fortune de mes grands-parents.

La voix d'Ethan est légèrement tremblante.

– Ma mère a été refusée dans les clubs où elle avait l'habitude d'aller. Ses amies lui ont tourné le dos, et elle a presque failli perdre son travail. Elle est tombée dans une grosse dépression et mon père dans l'alcool. Ils ont été métamorphosés par cette histoire.

Sa mâchoire se serre.

– Ma mère prenait des traitements qui la faisaient dormir toute la journée, pendant que mon père devait gérer tous les biens familiaux. Il devait travailler jour et nuit pour remettre en ordre tous les problèmes engendrés par mes grands-parents. Ma mère était devenue un zombie et lui était absent. J'ai dû m'occuper de mon frère et de la maison, tout en continuant à aller à l'école.

– Quel âge avais-tu ?

– 7 ans.

Il inspire et s'allonge contre le dossier du fauteuil.

– Ne me regarde pas avec pitié, lâche-t-il en gardant le visage orienté vers les étoiles. C'est mon histoire et je m'y suis habitué.

– Ton père ne s'est jamais rendu compte que tu souffrais ?

– Non. Il n'était jamais là. Il fuyait ma mère et surtout, il n'avait pas le temps. Mes grands-parents lui ont laissé une quantité impressionnante de galères. Mais cela, je ne l'ai su qu'après, car pendant toutes ces années, j'étais trop occupé à le détester. Il me disait quelque chose, je faisais l'opposé. Le vélo et la boxe m'aidaient à me changer les idées. Je déchargeais mes émotions sur un sac de frappe, ou pédalait jusqu'à l'épuisement

– Et ton frère ?

– Il est devenu comme mon ombre. Nous avons tout fait ensemble et c'est ce qui nous a rapprochés.

Il rigole, mais sans joie.

– Il faut bien un point positif à cette histoire, lâche-t-il avec dédain. Nous avons appris ensemble, évolué l'un avec l'autre et créé un lien indestructible. Nous partions à la campagne dès que nous pouvions, loin des engueulades de nos parents et avec le besoin de nous changer les idées. Plus le temps a passé, plus nous agissions comme des jumeaux, malgré nos 3 ans d'écart.

Chère Chloé - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant