"Quand on veut, on essaie, on rate, on fait différemment.
Et parfois, on y arrive."
Auteur inconnu
– Tourne à droite, j'indique à Edmond.
La voiture entre sur le chemin en terre qui a marqué toute mon enfance. Que ce soit à vélo, lorsque je m'amusais à descendre à toute vitesse. Ou dans la boue quand je rentrais à pied de l'école. Ou encore tard dans la nuit, après avoir regardé les étoiles dans le champ d'à côté.
Quand la maison en pierre apparaît, mon cœur se serre. La dernière fois que je suis venue ici, c'est la dernière fois que j'ai vu ma mère. Et je regrette amèrement ce temps.
Edmond gare la voiture, et je pose rapidement un pied à terre. L'odeur de la garrigue est apaisante, remplie de souvenirs. Promesse d'un printemps doux et d'un été chaud, cette senteur me rappelle toutes ces heures passées dans le jardin. Ma mère, grande maniaque qui adore les fleurs, ne cessait de me demander de l'aide pour tailler les arbres ou ramasser les pierres.
Si j'avais su, j'aurais même tamisé la terre.
Tant que j'étais avec elle.
– C'est comme sur les photos, annonce Edmond, une valise noire dans une main, une caisse de chantier dans l'autre.
Bien sûr, Margaret a dû nous espionner.
– Je suppose que je n'ai pas besoin de te faire visiter, je lâche en ouvrant la porte d'entrée en bois.
J'ouvre les volets et j'aère la maison malgré le froid de l'automne. L'intérieur sent le renfermé, mais aussi le parfum de la femme qui me manque tant.
– Cela fait 6 mois, je souffle en ramassant les plantes mortes.
Edmond est passé en mode robot depuis que nous sommes sortis du commissariat. Il est déterminé, réactif, mais surtout, son visage est fermé. L'inquiétude plisse son front et sa mâchoire a du mal à se desserrer. Il pose sa caisse de chantier sur la table en verre de la salle à manger, et l'ouvre pour en sortir une visseuse.
– 10 caméras devraient suffire, annonce le grand-père en récupérant d'autres outils. On commence par la salle de bain.
Je le suis à travers le couloir étroit où sont affichées toutes ces photos de moi. À l'école. En vacances. À la mer. Dans le jardin. Ma mère encadrait toujours plein d'images de nous, de nos souvenirs et de nos moments.
J'étais son centre du monde.
Edmond perce un trou dans le miroir en bois, de 3 millimètres environ. Il récupère une petite pince et ouvre une boîte noire. L'ensemble est tout noir, et lorsque je m'approche, je découvre des petites billes foncées installées sur la mousse. Il en récupère une avec la pince et la glisse dans le trou du bois.
Avec ses gants et ses loupes sur son nez, il a l'air d'un vrai professionnel. Je suppose qu'il a été bien entrainé !
– Je ne savais pas que tu pouvais faire ça, je chuchote en l'observant fixer la caméra.
– Ma femme m'a tout appris.
Son ton sec trahit sa rancœur.
– Prend la perceuse et fait la même chose dans le tronc de l'arbre à l'entrée.
– Attends Edmond, je ne sais pas faire ce truc. Mes amis montaient mes meubles.
– Il est temps d'apprendre, mon enfant. Tu appuies sur le bouton et tu perces.
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Chère Chloé - Tome 2
RomanceChloé a mis le feu aux poudres en s'intégrant si bien à cette nouvelle vie. Margaret, la grand-mère biologique, cherche encore plus qu'avant, à la faire fuir. Et quoi de mieux que de s'en prendre à la dernière personne qui lui reste ? A nouveau, ell...