Chère Chloé - Tome 2

Chapitre 59 - Double trouble

"La peur te retient,

L'audace te libère,

Le regret t'emprisonne."

80000mots

Dimanche 14 décembre

Entre Nassau et Londres,

Maman,

L'heure du retour a sonné et je dois faire face à la réalité. J'ai du mal à imaginer Noël sans toi, sans tes biscuits à la cannelle, sans nos moments à nous. Je refuse de croire que cette situation va encore durer.

Je crois que j'ai réussi à canaliser mes angoisses. J'ai appris à faire mes exercices de respirations et à changer mes pensées, mais parfois, c'est plus fort que moi. Est-ce que je vais vivre toujours comme ça ? Est-ce que ma vie va ressembler à ça ?

Je vois à quel point ma vie a changé et à quel point je suis devenue méfiante. Les inconnus n'entrent plus dans ma vie sans avoir montré patte blanche, et même en faisant cela, j'observe tout. Oui, je sais, tu me l'as répété tant de fois. Mais je ne comprenais pas encore le sens.

Ma méfiance en amour n'a rien à voir avec Margaret. Si tu étais là, tu me dirais de foncer. Mais j'ai tellement peur de rajouter à ma peine. De ne plus me relever à force d'encaisser.

Matt est quelqu'un d'honnête, loyal et très attentionné. Qu'on me coupe la main s'il manigance quelque chose contre moi ! (Enfin bon, pas de bras, pas de chocolat. Ce serait quand même bête).

Bref, pourtant j'ai peur. Et je sais que ce n'est jamais bon de se renfermer en soi-même. Mais tout va si vite que j'ai peur de rater une étape. Mais quand il est là, les choses sont moins difficiles. Il rend les étapes moins lourdes, le temps moins long, les obstacles moins lourds.

Nous venons de passer 8 jours collés ensemble. Néanmoins, chaque soir, je n'avais pas envie d'aller me coucher, car j'avais encore envie de profiter de lui. J'ai appris tant de choses à ses côtés que je comprends qu'il m'aide à évoluer.

J'aimerais vraiment que tu le rencontres.

J'espère que notre plan marchera et que tu seras bientôt là.

Bien à toi,

Chloé.

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– Ben ? Je l'interpelle.

J'avance vers la cuisine et le découvre, le visage livide.

– Tu es sûr que ça va ?

Je récupère les assiettes sur le plan de travail et évite son regard en préparant la table. Je sais qu'il est timide et j'ai vite appris à parler avec lui sans le brusquer. Le regarder dans les yeux est trop intense pour lui. Il m'a dit que je lui faisais penser à elle, alors je respecte sa douleur.

– Tu es malade ? Je demande en observant son teint pâle et ses cernes.

Il se racle la gorge, gêné.

– Je pense que j'ai attrapé un petit rhume, rien de grave. Les verres sont ici.

Je reconnais sa technique de changement de sujet et je n'insiste pas. Quand je n'avais pas envie de parler, il a toujours su rester discret. Et même si c'est frustrant qu'il soit si secret, je respecte sa vie privée.