Chère Chloé - Tome 2

Chapitre 52 - Long Island ou Acklins

"Je peux résister à tout, sauf à la tentation."

Oscar Wilde

Assis au pied d'un des 150 sapins blancs, un message me sort de ma rêverie. Un regard sur ma montre m'indique qu'il est bientôt minuit. Et je suis encore en train d'accrocher les décorations de Noël.

RAPPEL RDV : LUNDI 1 DÉCEMBRE – 6 H 30

J'avais presque oublié le rendez-vous avec Ethan, mais alors presque ! Je vais récupérer les papiers de changement de nom, qu'il faudra changer à nouveau après le mariage. Et donc, je vais devoir annoncer la nouvelle à Ethan.

J'ai hâte d'y être !

J'appréhende sa réaction, mais je ne regrette pas mon choix. La vie m'a donné une chance, et je suis confiante sur celle-ci.

Enfin, j'espère.

Je dois le faire pour ma mère.

Matt s'accroupit derrière moi, et pose sa tête sur mon dos. Il enserre ma taille dans un geste doux, et ce réconfort me fait du bien. Le froid est givrant et l'humidité de la nuit empire la sensation. Mes doigts sont engourdis depuis des heures, et mon dos est douloureux depuis des jours.

Je m'appuie contre mon fiancé (oui, j'essaye de m'y faire). J'inspire son parfum musqué que j'adore. Mêlé à l'odeur des sapins et de la fausse neige, il prend une saveur plutôt féérique. Les éléments de Noël ajoutent une magie supplémentaire. Le sapin devant lequel je suis assise est impressionnant, puisqu'il mesure plus de 3m50. Et cette féérie de Noël a une dynamique différente dans les bras de Matt. C'est plus chaleureux, plus doux, mais aussi très extravagant. J'admire d'un autre œil la décoration, car elle est multipliée par 100.

Mais il me manque quelque chose.

Ma mère aussi adorait cette période.

– Il est temps de se retirer dans nos appartements, Mademoiselle Horcet-Lannord.

Je soupire, frustrée de ne pas avoir terminé mon travail. Je pense que je ne veux plus approcher un sapin avant des années ! Encore une chanson de Mariah Carey, et je vais aux États-Unis pour lui couper les cordes vocales.

Dire que nous ne sommes que le 30 novembre.

– Il nous reste encore 5 jours, me rappelle le beau blond en me tendant la main pour m'aider à me relever. On va gérer.

Je coupe l'électricité de l'espace de réception et relève la tête vers le manoir entièrement décoré : c'est magique. Disneyland n'a qu'à bien se tenir, car Sinathon House est métamorphosé en palais de Noël. Des bandes lumineuses accentuent la hauteur de la façade et chaque fenêtre est mise en valeur par des guirlandes. L'endroit paraît encore plus grand et majestueux.

Je monte les marches, tenant la main de cet homme qui me sourit. Il aime que je sois fascinée, et ne cesse de me faire découvrir de nouvelles pièces. Il me fait rêver en me promettant de venir au printemps, pour découvrir la nature qui se réveille. Et que cet été, nous regarderons les étoiles depuis le parc.

J'aime les perspectives qu'il m'offre.

La chaleur du manoir me surprend lorsque nous passons la porte, et rapidement, je retire les vêtements de protection. Les marches grincent alors que nous montons l'énorme escalier en bois et Matt m'arrête.

– Viens, chuchote-t-il.

Oh non, je veux juste aller dormir.

Il descend les marches d'un pas pressé et m'entraine à travers des couloirs sombres. Je m'accroche à lui et admire la bâtisse d'une autre manière. Les guirlandes lumineuses de l'extérieur ont été éteintes et seule la lune éclaire notre passage. Puis une odeur d'eucalyptus éveille mes sens. Matt s'arrête devant une grande porte en bois et je comprends où nous sommes.