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 Les habitants d'en dehors des murs quittent les terres d'Azearia. Ils partent vers le sud.

Les poils de mes bras se hérissent rien que l'idée d'y penser. Je ne sais pas grand-chose sur le sud, surtout l'endroit où ils se rendent. Je ne sais que ce qu'on a bien voulu me dire et ce que j'ai pu trouver dans les livres de la bibliothèque. Cette région est dangereuse, personne n'en est revenu en vie pour raconter ce qui se cachait réellement à ce pôle du pays.

Au début, on racontait que les personnes qui partaient là-bas suivaient aveuglément leur déesse et semblaient fous à répéter et à faire des choses entendues dans le ciel. C'est en très grande partie à cause de cette rumeur que les habitants derrière le mur sont si méprisés par les autres azérians. Moi compris. Ils se considèrent même comme les seuls azérians véritables.

Cela fait bien longtemps que quelque chose ne m'a pas intrigué assez pour que j'aille faire des recherches dessus. Le sud est une énigme à part entière pour moi. Je ne sais rien à son propos. Je ne sais pas où il se situe comparé au château. Je n'ai pas un accès libre à toutes les pièces, en général, ce qui m'est autorisé sont les allers-retours cantine-chambre, chambre-jardin et c'est déjà joli. Pour le reste, la reine Lyssa m'accompagne la plupart du temps ou elle me fait venir à elle là où elle l'exige.

Mais mon intuition ne me trompera pas. Je suis sûre que ce couloir sera vide pour la prochaine heure et que personne ne me tombera dessus par surprise. J'ai quand même une intuition reconnue par la reine et le roi en personne. Il faut bien qu'elle me soit profitable à moi aussi.

— Vous n'êtes pas autorisé à entrer dans cette salle.

Me prévient le même garde qui a évoqué ce sujet mystérieux tout à l'heure avec son autre compagnon d'arme. Je ne lui dirais pas que c'est à cause de lui que je compte malgré tout entrer. J'ai enfin de quoi m'occuper sérieusement l'esprit. Et par la même occasion en apprendre plus sur le flou dans lequel on me berce depuis tout ce temps. Je ne lui réponds rien et entre. Comme je le pensais, aucune présence n'est à signaler entre les étagères remplies de livres anciens et poussiéreux ou à leurs alentours. Quand je me retourne, je suis surprise de voir qu'il ne m'a pas suivie. Je reste quelques secondes devant la grande porte à attendre qu'à son tour, lui aussi me rejoigne. Mais il n'y a aucun bruit de l'autre côté. Je comprends qu'il me laisse seule, bien que ça soit plutôt étrange, et je pars à la recherche des livres de l'histoire d'Azearia.

Quasiment toutes les étagères regroupent des livres de l'histoire du pays, ses descendants, ses souverains, ses coutumes et son passé. J'ai dû contourner une information. Tout un tas d'informations cruciales à vrai dire. Je ne saisis pas leurs motivations. Pourquoi les azérians de dehors s'en vont ? Que trouvent-ils à l'extérieur des frontières du royaume qui soit moins désavantageux qu'ici et assez attrayant pour se mettre en danger en fuyant ? "Les terres fertiles d'Azearia". Je saisis le bouquin en me mettant sur la pointe des pieds. Je relève les yeux en direction de la porte, je suis sûre d'avoir entendu un bruit sourd. Rien ne se passe alors je reviens sur mon livre en me disant que le garde doit, lui aussi, trouver un moyen de ne pas succomber à l'ennui.

Adossée à l'étagère, j'ouvre sans plus attendre les pages. Les minutes passent et je n'apprends pas plus que ce que je connais déjà. Les villageois étaient tous réunis au départ. Au commencement de l'élévation de cette communauté. Ensemble ils formaient un groupe fermier, ils s'occupaient des plantations, des récoltes, d'aller chercher de quoi se nourrir en partant en expédition. Chaque saison apportant son défi de l'année, l'été avec la sécheresse des champs, l'automne et sa perte de lumière au fil des jours, tout devait être fait plus vite. L'hiver était le pire et l'est encore avec son froid glacial qui apportait tout un tas de maladies. Quant au printemps, elle était la saison douce pour relâcher la tension. Ces débordements répétitifs entraînèrent naturellement la mise en place d'un protocole pour mieux diriger les opérations, pour qu'elles soient réglées plus vite, plus efficacement. C'est de cette manière que le premier chef du royaume naquit.

D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant