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Je pleure encore à mon réveil, du moins ma main glisse sur le bas de mon visage tant il est humide quand je veux me gratter. Je renifle fortement, passant mon coude sous mon nez, je heurte un objet à la fois dur et moelleux. En fait je ne suis même pas dans le sens dans lequel je dors, ma tête est du côté de mes pieds et je ne me rappelle pas d'avoir un coussin aussi dur comme celui-ci. Il me faut quelques instants pour réaliser sur quoi je dormais. Les cuisses de Merikh.

Je n'ose plus faire aucun mouvement. Est-ce qu'il est réveillé ? Comment en sommes-nous arrivés à cette situation ? En reprenant un peu plus mes esprits, je commence à ressentir mon entourage, la chaleur de sa cuisse contre ma joue et mon cou, aussi sa lourde cape qui est posée en partie sur mes épaules, jusqu'à mes mollets. Mais je sens aussi sa main dans mon dos. Elle est posée à plat, un peu au-dessous de mon omoplate, elle me tient chaud, mais comparé à mon mal de tête, cette chaleur-là est agréable.

Je m'aventure à me redresser lentement, d'une part à cause de mon vertige, d'une autre parce que je crois bien qu'il dort. Sa main glisse, endormie, quand je me redresse pour finalement me tenir à genoux tout près de lui.

Ses paupières sont closes, légèrement couvertes par une mèche de cheveux. Il dort, sa poitrine se soulève tranquillement, sa tête est penchée d'un côté, appuyée contre le mur. Sa deuxième main est posée sur sa cuisse. Avait-il mis sa main dans mes cheveux ? En y réfléchissant, c'est la première fois que je le vois endormi.

Je détaille son visage, ses petits grains de beauté anciennement cachés par son masque. Ses paupières se mettent à tressauter et je recule d'un coup, par peur qu'il se réveille maintenant alors que je suis si près de son visage. Mais il n'en fait rien. Il a l'air de souffrir. Un léger bruit sort d'entre ses lèvres, ses sourcils se froncent.

Je descends du lit en étant la plus silencieuse possible, je ne veux pas le réveiller tout de suite, s'il s'est endormi ici c'est qu'il doit être épuisé. Je débarbouille mon visage, l'eau coule sur ma peau, de mon front à mes clavicules, ce qui mouille le haut de ma robe mais me rafraîchit. Quand je me redresse, je sursaute malgré moi, je ne l'ai pas du tout entendu.

— Tu te sens mieux ?

Sa silhouette se reflète dans mon miroir tacheté, trop ancien.

— Oui...

Je laisse mes yeux au fond de l'évier, depuis quand est-il réveillé ? J'ai beau ne pas le regarder, ses doigts apparaissent sur les rebords du meuble, de chaque côté. A-t-il mal à cause de sa main qu'il a gantée ? Son corps effleure mon dos. Quand je relève enfin la tête, son regard rencontre le mien à travers la glace.

— Et toi ?

— Je vais bien, Arweny.

Pourquoi sa voix est si basse quand il prononce mon nom ? Mon souffle s'interrompt une seconde quand il cache mes yeux avec sa main nue, sa peau est rugueuse. Sûrement à cause du maniement excessif de l'épée. Je n'aurais finalement trouvé aucune réponse à mes questions sur lui, avec nos balades, j'ai beaucoup moins tenté de rentrer dans la bibliothèque. J'ai donc moins cherché d'information. C'est peut-être le moment de lui demander.

— Ton épée... Pourquoi tu es le seul à avoir une épée en feu ?

Surpris, ses doigts se desserrent et je vois entre eux son visage dans le miroir. Sa surprise s'efface rapidement, il s'éloigne de moi et je me rends compte que c'est son corps qui me tenait en bonne température depuis tout à l'heure. L'eau sur mes vêtements me donne la chair de poule.

— Tu n'as plus de fièvre. C'est bien.

Il fait encore un pas en arrière.

— Je vais chercher de quoi manger.

D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant