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Aujourd'hui et comme les deux jours précédents, je me prépare sachant que Godric va m'emmener avec lui faire des balades qui me sont habituellement restreintes d'accès. Nous allons probablement faire le même circuit que la veille, même avec sa présence je n'ai pas non plus tous les droits, ça me convient déjà bien assez. Je dois le rejoindre au niveau du jardin, non sans Merikh qui est toujours prêt quand je sors de ma chambre, à croire qu'il ne dort pas une seconde.

Je monte les vingt-cinq marches de l'escalier rond qui me séparent de la surface pour rejoindre mon ami. J'ai un mauvais pressentiment, il est à une dizaine de mètres de nous, un autre garde est avec lui. Le temps que je parcours la distance entre nous, il passe de la surprise à la déception et termine par de la gêne en me voyant arriver près de lui.

— Bonjour, comment vas-tu ?

J'entends dans sa voix qu'il est moins joyeux qu'hier.

— Bien. Il y a un problème ?

— On ne peut décidément rien te cacher, ça en devient problématique... À vrai dire on vient de me rapporter que la reine te demande pour vos sessions et qu'elle veut que je mette les bouchées doubles à propos de notre mission. Elle voudrait que nous partions le plus tôt possible.

Je tente de ne pas exprimer ma déception, je n'y peux rien, les ordres sont les ordres, ni lui ni moi ne pouvons les contester. Nous avons pourtant eu une entrevue il y a quatre jours, ça ne fait pas une semaine. Je me demande bien pourquoi elle a raccourci son délai d'attente. Un jour par semaine, toujours le même jour et ça depuis des années. Quelque chose doit l'inquiéter. Si elle ne s'est pas disputée avec le roi Dareen, elle va probablement me poser des questions à ce propos.

J'entame ma route vers la salle ou m'attends toujours la reine, je me fais attraper par le bras ce qui me stoppe. Godric n'a pas le temps de dire un mot que Merikh lui retire violemment sa main de moi et l'envoie un mètre plus loin.

Mes yeux s'arrondissent en regardant mon garde personnel agir de la sorte puis retourner à son rôle presque invisible, comme si de rien était. Il a beau reprendre sa posture calme, il ne lâche pas Godric du regard.

Il a cette lueur dans le regard qui se déclenche parfois et donne enfin vie à ses yeux noirs. Je me demande ce qui fait vivre ses pensées en cet instant. Il y a quelqu'un à qui ça n'a pas du tout plus.

— Je peux te demander ce qu'il te prend, chevalier Merikh pour oser agir ainsi ?

Il s'avance vers lui, comblant l'espace que mon garde à créer entre eux deux et fait s'entrechoquer leur torse. Une attitude d'hommes commune à ce que j'ai pu remarquer.

Rien d'étrange à ce que Godric connaisse son prénom, pourtant un sentiment d'agacement me possède. Je voulais être la seule à connaître des éléments de sa vie.

Merikh ne bouge pas d'un centimètre, pire, le fait qu'il dépasse Godric d'une tête fait perdre contenance à celui-ci alors que mon garde est d'un calme olympien. Il a définitivement un problème avec l'autorité.

— Personne ne doit toucher Dame Arweny. Personne.

— Ça va aller Merikh, c'est un ami, tu sais.

J'essaye de calmer le jeu, un attroupement s'est formé autour de nous, je peux presque entendre ce qu'il se dit. Je ne veux pas qu'il s'attire de problème.

Mon ami jette un mauvais œil à mon garde et revient vers moi. Il commence à chuchoter. Il ne veut sûrement pas que les autres entendent ce qu'il va me dire.

— La reine est de mauvaise humeur, fais attention à toi.

Non seulement elle était de mauvaise humeur, mais en plus elle m'a fait creuser dans les fonds de mon don bien plus longtemps et intensément que d'habitude pour confirmer un de ses doutes. Comme je l'avais prédit, le roi et la reine se sont disputés. Elle n'a pas clarifié la raison, elle a simplement dit quelques mots sur le miroir et le roi. Les mêmes éléments que j'avais cités, pourtant je pensais que le miroir serait une métaphore pour expliquer leur dispute.

D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant