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 — Je ne t'ai jamais présenté mes excuses pour ton arrestation. Si je n'avais pas fait tomber les pierres, personne ne t'aurait soupçonné.

Je tourne la tête vers lui, nous sommes côte à côte, debout devant le feu pour nous tenir au chaud. Nos vêtements sèchent de l'autre côté du feu sur un étendage de fortune fait avec les branches de l'arbre. Si j'ai gardé un minimum de décence, Merikh est torse nu, jambes nues et n'en semble pas le moins dérangé. Très à l'aise même.

— Je voulais rendre à notre déesse ce qu'elle nous offrait, même si la pierre était vide. Le risque en valait la chandelle, pour elle. Mais dès qu'il t'a inclus dans l'équation, il a été vain. Excuse-moi, Winnie.

Il prend ma main dans la sienne, je me tourne pour être en face de lui. Son visage descend jusqu'au point où je dois baisser la tête pour continuer de le regarder dans les yeux. Il pose un genou à terre, encore une fois. A t-il conscience de ce que signifie cette position ? Je ne crois pas et il me fait rougir quand il baise délicatement ma main tout en exerçant une pression avec ses pouces dessus.

— J'ai promis de te protéger et j'ai failli à ma mission. Pourras-tu me pardonner ?

— Merikh, relève toi, je ne t'en veux pour aucune de tes actions. Pas une seule.

Je pose ma main sur sa tête en caressant ses cheveux humides. Il n'a pas à plier le genou ainsi pour moi.

— Je n'ai pas failli que sur ce point. Je devais te protéger, pourtant je n'arrive pas à te protéger de moi. De ce que ma présence t'as coûté là-bas. Est-ce que tu pourras me gracier de mes actions passées et futures, de tout ce que je veux te faire vivre ?

Ma bouche est scellée alors que toutes les autres parties de mon corps sont en ébullition. Mon dieu, je n'ai jamais vu un homme plier le genou pour avouer ses sentiments de cette manière.

Tout ce que je veux te faire vivre. Tout.

— Si tu ne dis rien j'accepterais ton refus, je mettrais de la distance pour que tu ne sois plus mal à l'aise. Je te l'ai dit, tu mérites le meilleur, si tu ne veux pas que j'en fasse partie, je ne dirais rien. Une fois rentré, je disparaîtrais de ta vie.

— Je n'ai jamais dit ne pas vouloir de toi.

Ma phrase est tremblante. Non, c'est moi. Est-ce qu'il sait le sentiment qu'il a façonné en moi par sa seule présence ?

— Je devais te demander, tu as toujours cet air perdu quand je suis avec toi, j'ai pris ça pour du rejet, de l'amertume. Mais je ne peux plus attendre, je me torture à l'idée qu'une fois arrivé, tu ne veuilles plus faire à moi.

Son front est logé contre mon ventre, ses bras, chauds et puissants tiennent finement ma taille, comme si j'étais une chose fragile, capable de se briser au moindre contact. Il ne comprend pas qu'il est la raison pour laquelle j'ai pris conscience que me briser n'était pas le plus grave, puisqu'il est venu en recoller chaque morceau.

— Merikh.

Il ne répond pas, je ne l'ai jamais vu comme ça, si agité, autant abattu. Qu'est-ce qu'il nous attend là-bas pour qu'il flanche avant notre arrivée ?

— Merikh, regarde moi.

Cette fois, il relève la tête, ses yeux noirs comme la nuit brillent comme s'ils étaient étoilés. Toutes ces fois où il m'a protégé et préservé, c'est à mon tour de le couvrir de ce doux sentiment. Pour qu'il comprenne une bonne fois pour toute ce que je ressens réellement.

— Je n'ai jamais eu peur de toi, loin de ça. J'avais l'air perdu parce que je n'ai jamais vu autre chose que le château d'Azearia. J'étais heureuse avec Godric parce qu'il me berçait dans un mensonge parfait. C'est toi qui m'a montré l'imperfection de la réalité. C'est avec toi que je veux y rester. Alors ne dis pas toutes ces choses qui ne sont pas vraies, parce que tu es ma réalité. Et je l'aime.

D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant