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Je n'ose pas lui poser directement les questions qui trottent dans ma tête quand je suis avec lui, et je suis toujours avec lui. Depuis que je vais mieux, j'essaye d'en apprendre plus sur sa personne, malheureusement, c'est un échec cuisant pour plusieurs raisons. Premièrement, je ne peux pas demander à un garde quelconque quelle serait la probabilité qu'il le connaisse personnellement ou qu'il veuille bien me répondre ? Deuxièmement, je ne peux pas non plus demander de me parler de lui-même, je ne peux juste pas. Troisièmement, si je tente d'obtenir des informations auprès d'un des chefs de division ou de Godric, je risque d'attirer l'attention sur lui.

Et il n'est clairement pas ordinaire.

Je n'ai parlé à personne de son arme qui crache du feu, ni de sa force, je sens bien que quelque chose cloche avec lui. Quelque chose en moi crie une énumération de différences évidentes que je trouve chez lui. Pourtant, je n'ai rien dit, je ne sais pas pourquoi, dans les deux cas, que je le signale ou qu'il reste avec moi, mon issue sera la même alors autant me taire.

Je préfère penser que c'est parce qu'il me divertit dans ma solitude et mon ennui depuis toujours plutôt que d'admettre qu'il y a un tas d'alarmes qui s'illuminent en moi quand je suis avec ses côtés. Il est mon garde personnel et il m'intrigue comme aucun ne l'a fait auparavant. Plus encore, il ne m'effraie pas. C'est aussi pour cette raison que je veux en apprendre plus sur lui. Il est intrigant. Mystérieusement rassurant.

Je profite de mes moments de balades dans le jardin pour tenter de rentrer dans la bibliothèque en douce, en vain. Je tente ma chance depuis trois jours et à chaque fois il me suffit d'un regard vers la porte quand je longe le couloir pour savoir si quelqu'un y est. Malheureusement pour moi, la reine Lyssa y faisait des sessions de plusieurs heures avec sa fille, probablement pour lui apprendre davantage sur la politique du pays qui est retranscrit entre ces murs.

De là où je me tiens dans le jardin, je vois cette fameuse porte et je cherche à savoir si oui ou non, je dois encore attendre un jour de plus le moment de ma balade pour pouvoir y entrer. Je ne sais pas ce que je dois chercher mais je me fais une petite idée de l'endroit où piocher les livres.

— Vous avez l'air d'aimer les fleurs.

Merikh, qui se tient derrière moi, prête toujours attention à tout ce que je touche, tout ce que je regarde. Il ne s'en va pas comme les autres. Et ça aussi, je me demande pourquoi il le fait. Il pourrait très bien me laisser entre les plantes, je n'ai pas les moyens de m'enfuir ou de disparaître puisque c'est un rectangle qui est entouré des piliers du château.

— Pas vraiment à vrai dire.

Je pensais qu'il allait couper court à ce début de conversation mais j'avais oublié que cet homme est un grand bavard.

— Pourquoi vous restez des heures à les regarder si vous ne les aimez pas ?

— Parce que nous sommes identiques. Elles sont enracinées dans cette cour et n'en sortiront jamais.

Jusqu'à ce qu'elles fanent, tout comme moi.

Je garde cette dernière pensée dans ma bouche. Comparé à ce que je m'attendais, il ne réplique pas comme à chaque fois et quand je veux vérifier s'il est toujours ici, il me regarde simplement. Il est juste planté devant moi, les yeux dans les yeux. Le noir contre le vert. Peut-être que c'est justement ce regard qui me pousse à me livrer à lui. Je ne crois pas l'avoir déjà fait avec Godric, qui grâce à son statut, me permet plus de liberté quand il n'est pas en mission extérieure.

À la sortie de ce petit espace de terre au milieu de la pierre, une petite décharge me passe entre les doigts et je sais que c'est le moment. Je ne sais pas quand j'aurai une autre opportunité, alors je dois la saisir tant qu'elle est encore disponible.

D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant