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— Tu es sure de ce que tu fais ?

— C'est trop tard pour me demander, mais si tu veux savoir, j'ai pris cette décision le jour où j'ai décidé de t'emmener te promener sur les remparts.

Il ne dit rien pourtant je vois bien un début d'angoisse se façonner sur son visage. Nous nous rapprochons d'un bâtiments éclairé mais avant de le rejoindre, il s'arrête, pensif.

— Pourquoi je n'y ai pas pensé avant. Tu dois absolument voir notre mine. Ce pourquoi tu veux te battre avec nous.

Il me tire plus loin, nous nous mettons à courir en riant aux éclats, nous perdant dans le bois que nous avons traversé l'autre jour. Après quelques minutes de marches, je remarque la nature autour de nous changer, les arbres se font plus rares, l'herbe aussi. Le corps d'un voolish endormis au sol, recroquevillé et bloquant le passage m'effraie quand je reconnais sa forme. Merikh met en doigt devant sa bouche pour me dire d'être silencieuse.

Tout les deux sur la pointe des pieds, nous contournons le corps gigantesque, Merikh soulève deux portes de trappe dissimulées par des feuilles, de la lumière vient d'en bas. Je descends les escaliers pour rejoindre la lumière, je ne vois pas de torches pourtant. Je continue d'avancer le long du chemin sous terrain avec Merikh qui reste étrangement en retrait, lui qui marche tout le temps côte à côte avec moi.

Et puis à un détour de couloir, je les vois. Mes yeux comme tout mon corps se font fouetter par tous ces zektry. Il y a des montagnes et des montagnes de pierres, de petits soleils. Au sol, dans les murs, dans des barils déjà remplis de pierre. Il y en a. Absolument. De. Partout. Dans. Chaque. Recoins. Et cette mine est gigantesque, plus que le voolish. Elle est sous terre et j'ai quand même l'impression que le plafond est à découvert, que nous sommes en plein jour. Leur lumière seule suffit à me réchauffer comme une couverture.

— C'est...

— Magnifique ?

— Non. Divins.

Il me regarde et c'est à cet instant que je prends conscience de toute cette affaire. De leur histoire, de leur combat, depuis le commencement.

Le temps que nous avons pris entre le château, notre petit détour de plusieurs heures à la mine que je n'ai pas pu quitter des yeux tant elle est sublime et cette auberge à bien fait descendre notre euphorie, la réalité de nos actes nous ont rattrapé. Les conséquences de ce que nous allons faire, ce que Merikh compte faire. Il n'a jamais été bavard à outrance, mais je sais qu'il était silencieux sur le chemin parce qu'il se demandait comment il allait s'y prendre pour leur demander. Comment il va demander à ses troupes de trahir leur souverain pour moi, la princesse qu'il ne connaissent que de nom.

Les conversations animées deviennent plus fortes quand nous poussons la porte, tout comme la chaleur qui s'écrase sur mon visage quand nous rentrons. Elle égale celle causée par mon stress. Mon cœur bat fort, il a bien ralenti depuis notre explication amoureuse sur la table, cette fois, ce n'est pas de plaisir par contre, je regrette de ne pas avoir éternisé nos retrouvailles. J'ai peur, je me sens honteuse de ne pas avoir renoncé à son idée. Pire, d'y avoir fait allusion et de l'avoir étudiée sérieusement. Je m'en voudrais toute ma vie s'il était rétrogradé, exilé ou mort parce que je n'aurais pas renoncé à cette idée.

Nous méritons une vie ensemble, un avenir compromis par la seule issue de la mort après toutes les années que nous aurons vécues ensemble. Pas par celle que je viens de voir.

A peine un pied dans l'auberge, un groupe se forme autour de l'homme que j'aime, lui souriant tout en lui donnant des chopes de bière et des louanges. Si seulement ils savaient dans quel état il se trouve, il cache bien son jeu parce que personne ne découvre l'étincelle dans son regard. Du moins, pas Gilt, il voit bien qu'il s'apprête à mettre le feu à la mèche et déclencher un brasier chez eux. Je le sais parce que j'ai vite compris que c'était un garçon observateur, quand il parle, ses suppositions sont avérées. Alors quand il reste en retrait sans dire un mot, se contentant de coups d'œil entre nous deux, je sais. Une table se libère pour nous, nous prenons place en nous faufilant entre les corps serrés, j'ai enfin un peu d'espace pour souffler. Merikh s'installe près de moi, pose sa main sur ma cuisse qui se réchauffe à son contact.

D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant