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La première chose que je sens, à mon réveil, c'est cette main chaude et douce qui tient la mienne. Ses doigts sont entrelacés aux miens, il m'est impossible de m'en libérer. Je sens mes muscles s'activer et mon doigt bouge tout seul l'espace d'une seconde, comme si mon système nerveux était en train de lui aussi se réveiller après une longue pause.

Je papillonne des yeux en me redressant et je cherche autour de moi des éléments pour me repérer. En vain puisque son corps compresse le mien quand il me prend dans ses bras et prend mes joues entre ses mains en les tournant de droite à gauche pour l'identifier. Ce n'est qu'après une dizaine de secondes que je réalise qui il est réellement.

Réel.

L'attaque.

L'épée de feu bleu.

Merikh.

— Arweny, tu m'entends ? Tu me fais peur, réponds-moi, dit-il en claquant des doigts à côté de mon oreille.

La supplication de Godric me sort de ma rêverie, car c'en est une, ou du moins je le crois aussi dur que le fer. Je suis sûr d'avoir revu la scène du combat de tout à l'heure durant mon absence. Et si ce n'était pas ça, quelque chose est en tout cas apparu dans mon esprit sous forme d'image, autre qu'une vision.

— Oui, je vais bien, Godric.

Je lui rends son étreinte et nous nous détachons. Il m'inspecte une dernière fois avant de se rasseoir à côté de mon lit entièrement blanc. Une légère inspection me permet de comprendre que je suis à l'infirmerie, si j'en crois la couleur de mon linge, de ma tenue différente et du drap couleur lait qui me cache de l'extérieur.

— Tiens, tu en as besoin.

Le chef de la division Butor nouvellement promu d'Azearia, qui est aussi mon seul ami ici, me tend un bol ainsi qu'une cuillère. Je déglutis avant d'en avaler le contenu d'une traite. Ce que ça fait du bien, j'avais l'impression d'être vide de l'intérieur, comme si un trou béant se trouvait à la place de mon estomac.

— Tu es rentré plus tôt que prévu. Il s'est passé quelque chose dehors ?

Je lui demande en m'essuyant le coin des lèvres. J'observe son insigne, accroché au tissu de son uniforme rouge foncé. Il ôte sa casquette d'officier et la pose sur ses genoux comme s'il allait m'annoncer une terrible nouvelle. Son visage suit ses pensées, car il s'assombrit et il reprend ma main et caresse la paume de ma main avec son pouce.

— Je ne suis pas arrivé en avance, c'est toi qui es en retard. Ça fait cinq jours que tu dors.

— Quoi ? Mais ça n'a aucun sens. Ça s'est passé il y a à peine une heure, peut-être deux. J'étais dans le couloir et la reine...

— Elle n'a rien. Pas même une égratignure.

Je devrais me sentir soulagée, pourtant je ne suis ni déçue, ni reconnaissante de son état. Mais je ne peux pas laisser mes idées transparaître. Godric a beau être mon ami, il n'en reste pas moins un membre qui a juré fidélité et protection au couple royal.

— Puisque tu parles de notre reine, ça facilitera les choses que je te le dise tout de suite. Ce n'est pas elle qui était visée, mais bien toi.

Une tension s'installe dans mon ventre. Les agressions dirigées vers la couronne peuvent être facilement expliquées, une révolte, un conflit, une trahison... Mais je n'ai rien de politiquement pesant comparé à elle. Je ne dirige pas un royaume, je n'ai pas la capacité de mettre au monde une princesse et je suis encore moins la figure du château. Alors pourquoi, moi, en particulier.

— Elle a mis au point quelques règles pendant ton sommeil. La reine m'a demandé de t'amener à elle quand tu seras réveillé pour nous les transmettre.

D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant