D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]

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Deux pas. Il n'est qu'à deux pas de moi depuis aujourd'hui. Je dirais même depuis le premier jour où nous nous sommes rencontrés. Il n'est pas à côté de moi mais plutôt de mon dos et je me questionne si c'est par stratégie pour protéger mes arrières ou bien simplement par volonté de mettre un minimum de distance entre nous. Avant de rentrer dans le réfectoire des gardes et chevaliers, je m'arrête, essoufflé et lourde dans mes mouvements.

Depuis mon réveil, les effets secondaires de mon don ne me quittent plus. Et je ne comprends même pas pourquoi, je l'ai volontairement utilisé hier après-midi et après mon réveil dans la soirée j'allais déjà bien mieux. Peut-être que j'ai juste attrapé froid dans mon sous-sol froid qui contraste avec la température de partout ailleurs dans le château. J'ai vomi le peu d'aliments qui étaient dans mon ventre toute la matinée et maintenant que c'est l'heure du déjeuner, je suis toute barbouillée.

Je reprends contenance avant d'entrer, je prends une assiette et me dirige vers la table que j'utilise toujours. Je suis sûre que même en mon absence dans le réfectoire n'a utilisé cette table. Mais pour une fois je ne suis pas seule à manger sur ce bois. Merikh doit être dérangé par mon regard car depuis quelques secondes je me demande pourquoi il ne va pas avec les autres, même s'ils ne m'apprécient pas je ne risque rien dans une salle remplie d'hommes armés et entraînés. En plus de ça, il a passé toute la semaine à m'amener manger dans ma chambre au lieu de rester en haut avec les autres.

— Vous ne mangez pas.

— Et vous, vous mangez ici.

— Pourquoi, je ne devrais pas ?

J'allais répliquer mais son geste me coupe la parole. Il passe au-dessus de son visage le bas de masque qui cachait la moitié de sa tête et le pose à côté de son assiette avant d'entamer son repas comme si de rien était. En une semaine à ses côtés, c'est la première fois que je vois enfin son visage à nu et je n'ai plus besoin d'imaginer ses traits physiques.

Mon imagination n'avait clairement pas été aussi généreuse comparé à la réalité que je découvre sur sa peau.

Je ne peux pas m'arrêter de le fixer pour regarder ce qui m'était caché, il pose sa fourchette comme s'il allait continuer à poursuivre nos faibles échanges et que manger le déranger.

— Je ne crains rien entouré de gardes.

Je dis, gênée de l'avoir regardé sans retenue, ce qu'il a aussi sûrement stoppé dans son repas.

— Mais je suis votre garde, à vous.

Mince, son sourire en coin me perturbe et je fixe le plat que je suis incapable d'avaler.

— Maintenant que j'y pense, pourquoi vous n'avez pas eu de garde personnel par le passé ?

Il se moque de moi, c'est ça ?

— Et pourquoi avez-vous voulu devenir le mien ?

— Certainement pas pour jouer aux devinettes.

Encore une fois, il m'arrache les mots de la bouche, il sourit encore. Il n'a pas l'air de m'accuser de quoi que ce soit, bien au contraire, et ça me fait plaisir. Les voix derrière moi haussent davantage le ton, ce qui augmente par la même occasion mon mal de tête. Un haut le cœur me prend en essayant de mettre une cuillère de nourriture dans ma bouche et je la repose directement dans l'assiette. J'abandonne la nourriture pour maintenant, mon état ne s'améliore pas du tout depuis ce matin entre les nausées et les maux de tête. J'espère que Merikh va finir de manger dans les prochaines minutes, je veux rentrer dans ma chambre au plus vite. Je ne veux que personne ne me voie dans cette position. Si ce n'est pas déjà le cas, je donne le peu d'énergie qui me reste pour tout camoufler.