D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]

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 — Bonsoir, Winnie.

Je ne l'avais pas entendu arriver. Merikh passe la toile qui sert de porte d'entrée, je remarque derrière lui que la nuit est bien tombée depuis que je suis rentré de ma visite chez Marcus. Il m'a prêté quelques-uns de ses carnets d'observations qu'il a rédigés lui-même pour satisfaire ma curiosité, aussi à cause de mon ignorance. Son écriture retranscrit son savoir à propos des plantes médicinales qu'il utilise, un autre carnet est un rapport des soins qu'il a prescrits aux gardes depuis leur arrivée. C'est comme ça que j'ai appris qu'ils ont érigé ce campement depuis quatre mois et que leurs principaux soins sont liés à des carences de zektry. Merikh est le seul homme qui contracte des zones noires en quelques semaines sur le corps quand ces carences apparaissent. De ce que je comprends, cette pierre est une source d'énergie au même titre que moi la nourriture pour en récupérer. Mais elle a bien plus d'avantages que de la simple nourriture ; le paradoxe semble résider dans leur croyance puisqu'elle leur permet de vivre plus longtemps mais leur permet de guérir les plaies plus rapidement. Je ne comprends pas comment c'est possible.

Je pouvais m'y attendre mais aucune note ne parle de leur déesse, Drorena, pour en apprendre plus, je devrais directement le demander à quelqu'un qui est expert du sujet. Comme l'homme qui se tient devant moi.

— Bonsoir. Tu as fini ce que tu devais faire ?

— On peut dire ça. Marcus m'a dit qu'il t'avait donné un remède, comment tu te sens ? Moins dans les étoiles ?

En s'asseyant à mes côtés, il a machinalement posé sa main sur mon genou.

— Je ne me sens pas différente, il m'a dit que ça prendrait du temps, peut-être demain.

— L'essentiel est que tu ne souffres pas plus qu'avant.

Il a dû lui dire que mon poison avait un goût terrible qui me rendait malade sans faute pour que le médecin me propose une alternative insipide. Au moment du repas, nous mangeons le même met qu'hier, et que le repas du midi, mais ça ne me dérange pas. Le repas du soir est le seul moment de la journée où tout le monde est détendu et souriant. L'air est plus joyeux même si certains prendront le relais pour la garde de nuit et ne se reposeront que le lendemain.

J'ai eu la belle surprise de voir Godric à notre coin de feu en arrivant, entouré des quatre gardes auxquels je commence à m'attacher. Blaze m'a soufflé que Merikh a fait ça pour moi et qu'en plus, il ne risquait pas de s'enfuir, entouré comme il l'est. Il semble apparemment plus coopératif, une autre raison de la liberté supplémentaire qui lui est accordée.

En croquant dans la brochette, son odeur en bouche me parait plus prononcé, plus brute. Je dévisage la brochette en recherche d'un bout avarié, puis les autres hommes en essayant de voir si ce n'est que moi et je réalise d'où provient l'odeur. Honteuse, je ne prononce pas un mot de plus et attends impatiemment de retourner dans la tente. Quand j'y rentre et que Merikh part en direction du lit pour aller se coucher, je ne peux plus attendre.

— Il y a un endroit pour se laver ?

Il commence sa phrase en rigolant, ne pouvant pas s'en empêcher.

— Oui, oui tu peux le faire même ici.

— Alors arrête de rire.

— Désolé, je n'ai pas l'habitude des dames distinguées au milieu de toutes ces brutes sans gêne. Je n'ai pas pensé à te le proposer à notre arrivée.

Il se relève, continuant de sourire comme si j'avais dit la chose la plus drôle possible, alors que je suis certainement rouge de honte. Aussi puante. Si j'avais tenté de chercher par moi-même, il ne m'aurait pas laissé faire seule et aurait probablement envoyé quelqu'un derrière moi. J'ai déjà du mal à éviter l'odeur de transpiration et du manque d'hygiène sur ma peau depuis notre fuite, lui expliquer serait pire encore.