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 — Parle-moi de ce plan.

Je remets ma bretelle sur mon épaule, il rallume les bougies que nous avons éteintes. Le rouge de mes joues est certainement encore perceptible quand je ramasse les feuilles envolées.

— Tu es sûr ?

Il dépose sa cape sur mes épaules, suivi d'un baiser sur ma joue.

— Si tout ceci est à cause de moi, je mérite de savoir.

— Bien, il remet son haut avant de commencer ses explications. Alors nous allons prendre position ici, dans l'ancien village de Graivell, il est désert et en ruine depuis quelques années. C'est celui dont je t'ai parlé l'autre jour, avec mon père. C'est à bonne distance de l'actuel village, on compte sur l'épuisement de leurs troupes parce que c'est en sortie de forêt et comme tu le sais, les voolish y sont. Ils ne pourront ni dormir là-bas ni établir de camps par peur d'être blessés avant le début des hostilités. Abattre un voolish demande énormément d'énergie et d'hommes, ils contourneront alors le bois pour éviter de perdre des effectifs.

— Vous vous y serez déjà depuis un moment et bien en forme de l'autre côté.

— Tout à fait. On va truffer le sol de pièges pour mettre toutes les chances de notre côté, les produits inflammables que fabrique Marcus, il doit rentrer dans la journée de demain, donc on va peaufiner ce détail à son retour. Quatre groupes seront établis, deux latéraux et deux en frontal. Une première qui attaquera en premier, celle de derrière sera le soutien arrière avec les archers et les lances. Les latéraux se disperseront à leur arrivée pour les prendre en coupe, le temps que j'ai passé dans les bataillons d'Azearia m'ont au moins appris qu'ils sont bien plus nombreux que nous. La tactique sera notre priorité pour espérer remporter cette guerre.

Il tapote la carte comme il a l'habitude de le faire quand il donne des ordres à ses gardes, le ton autoritaire.

— Et avec elle, toute menace contre notre peuple s'envolera. Plus de génocide, plus d'esclavage et de pillage, plus de reine folle a lié prête à tout pour prolonger sa vie de quelques mois en tuant nos hommes, nos femmes et nos enfants. Nos pères et nos mères. Ni toi.

— Elle ne me tuera pas, c'est toi qui me l'a dit.

— Elle te réserve bien pire. Attends toi à ce que ta virée aux cachots soit ta nouvelle chambre, que la fièvre et la maladie deviennent naturelles. Elle t'a offert une cage en or pour que tu ne doutes pas des atrocités qu'elle commettait et que tu lui obéis sans broncher. C'est pour ça qu'on la tuera, avant qu'elle ne te tue a cause de l'épuisement qu'elle te réserve à ton retour. Et je ne parle pas de la vengeance des gardes qu'ils vont tenter de mettre à exécution.

La visite du roi Dareen me revient en tête, les mots qu'il avait prononcés. Lui aussi doit penser que cette guerre est futile, mais que si ça peut stopper son épouse dans sa folie, elle sera inévitable. Elle a perverti tout un peuple avec ses idéaux.

— Ce n'est pas pour contredire vos plans, mais j'ai vu une partie de ce qu'il va se passer. Eux aussi auront de quoi mettre les chances dans leur camp et je ne connais pas l'issue. De qui de vos deux camps gagnera, je sais seulement que...

La vision du corps inanimé de Merikh me donne la nausée, me sert la gorge. Il a été sauvagement mutilé.

— Winnie, tes... mes souverains t'ont fait venir pour que tu les mènes à la victoire en leur disant précisément chaque mouvement de chaque homme pour pouvoir améliorer leur plan, mais je ne veux pas faire ça, jamais. Tu n'es pas obligée de prendre part à ce plan, ou même à tenter de le résoudre. J'ai vu les effets secondaires de ton don quand tu le forces et je ne veux pas que ça se reproduise.

D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant