D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]

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 L'impression de tomber dans le vide me fait ouvrir les yeux, je me réveille en sursaut, cherchant à me rattraper à quelque chose. Mais il n'y a rien autour de moi. Pas même un lit où je pensais reposer. Tout est noir, opaque, sans vie. Pas un rayon de lumière ne m'aide à me repérer dans cette nuit totale. Le sol est aussi noir et quand je me redresse, je suis surprise de ne pas ressentir le contact contre la peau de mes pieds. Je ne ressens pas non plus le poids de mon corps, j'ai la sensation de flotter dans l'air tout en étant ancré au sol. La gravité ne passe pas dans un seul de mes os, pas une seule de mes veines.

Je ne peux pas rester ici, je dois retrouver Merikh. Je suis sûr qu'il s'est passé quelque chose, je ne me souviens pas de ce que c'est. Nous étions en train de parler de quelque chose d'important. Nous avons beaucoup échangé sur ce sujet, pourtant je ne me rappelle pas de ce que c'est, je n'entends pas sa voix, ni la mienne. Je ressasse ce que je connais pour tenter de me souvenir de ce que c'est mais plus je cherche, plus je me demande s'il y avait vraiment un sujet derrière tout ceci. Si c'était si important je devrais m'en rappeler, non ?

Je dois quand même partir le retrouver. Je fais un pas en avant sans vraiment savoir si je suis en mouvement, le contact froid du sol contre la plante de mes pieds ne me donne pas frisson pour la simple raison qu'il n'y a pas de sol. Il m'avait parlé d'un village, celui où il habite. Il est dans la forêt alors peut-être que je suis dans les bois et que j'ai pris du retard sur lui. Il ne doit pas être très loin. Son nom commence par Grai', la suite est sur le bout de mes lèvres pourtant je n'arrive pas à compléter la fin. Grai', Grai', Grai'. Finalement, je suis plus si sûr que le nom du village commence par Grai'.

Il devrait y avoir de la lumière qui émane du village, je n'en vois aucune. Je dois être plus loin que ce que je pensais. Merikh est sûrement déjà là-bas. Comment est-ce qu'il va me trouver sans lumière ? Il a dû aller chercher une torche et de l'aide pour mieux y voir. Qui est-ce qu'il va amener avec lui, peut-être son ami, Gi... Gi ? Je ne crois pas qu'il ait d'ami, il me l'aurait dit. Je vais marcher en attendant pour le rejoindre plus rapidement.

Où est-ce que je suis ? Il n'y a aucun repère ici, je ne sais pas si j'ai avancé ou reculé. Il se pourrait que j'ai simplement été statique depuis le début. Si je vais n'importe où, on ne se retrouvera pas. Si je l'appelle il pourra suivre ma voix, c'est une meilleure idée.

— Merikh.

Ma voix est à peine audible pour mes propres oreilles, il ne m'entendra pas si je ne parle pas plus fort.

— Merikh ! Merikh !

Pas un bruit. Il doit être plus loin que ce que je pensais.

— Merikh ! Où est-tu ?

Je tourne autour de moi mais je ne le vois pas. Il n'est pas ici, il m'a laissée toute seule dans le noir. Je me recroqueville au sol, les genoux contre ma poitrine. Je pleure et mes larmes sont sèches.

— ... nie...

Je me redresse d'un coup. Je connais cette voix.

— ... nie...

Ce murmure continue, j'en cherche sa provenance en me demandant à qui est cette voix que je sais avoir déjà entendue quelque part.

Un petit faisceau de lumière bleue apparaît sous mes pieds quand je cherche mon chemin. À chaque pas, une tâche bleue translucide se forme devant moi. Quand je me décide à la suivre, les murmures deviennent plus forts.

— Winnie. Reviens.

Je cours après les tâches qui finissent par former un chemin bleu. Au bout du chemin se trouve un petit point blanc. Tout petit, il est à peine visible et d'une autre direction, je ne le verrai pas. Je me dirige vers le point qui grandit de plus en plus, jusqu'à ce que je le vois. C'est un homme, il a les cheveux noirs, quelques poils de barbe tout aussi foncés. Il est assis en face de quelque chose, mais je ne le vois pas, je vois seulement cet homme au milieu du noir, dans la lumière. Il a l'air triste.