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 Je découvre à peine la tente de Merikh que le médecin de tout à l'heure y fait irruption en nous emboîtant le pas, les mains remplis.

— On va commencer, asseyez-vous.

Je m'écarte de son chemin, Merikh s'installe sur son lit puis se découvre des couches de vêtements qu'il porte sur son dos. Je me retiens de réagir en voyant son torse, toute cette peau dénudée qui est malade. Parce que je pensais que l'aleam ne lui avait rajoutée que quelques centimètres de noir, mais la vérité est tout autre. Son mal s'est rallongé jusqu'à son épaule, quelques traits noirs commencent à dévorer la peau de sa clavicule.

— Depuis quand vous n'avez pas consommé de zektry au juste ? Je n'ai jamais vu sur vous.

Il reporte son attention sur moi tout en répondant à la fâcheuse question.

— Deux mois et demi.

Je me sens mal. J'ai l'impression que c'est ma faute et ça l'est en partie.

— N'importe qui aurait pu supporter ça mais vous ne pouvez pas vous conduire comme les autres, vous vous êtes battu en plus, je me trompe ?

Toutes les fois où il a dégainé son épée me reviennent en tête alors qu'il ne quitte pas mon regard.

— De nombreuses fois. Leur vigilance est plus accrue que ce que nous avions estimé sur le plan.

— Vous devez consommer une part égale à votre puissance et vu votre état, ça va être plus pénible qu'à l'accoutumée.

C'est là que je tilte, il va... manger du zektry ? Je pensais que c'était une pierre précieuse originaire de son pays mais ils les mangent ? Scald est un serpent, alors d'accord, pourquoi pas manger des cailloux. Mais lui c'est un homme normal, tout ce qui a de plus normal en principe.

— Quels sont vos symptômes, chef ? J'adapterai le traitement en fonction d'eux et du poisson que vous m'avez dit avoir reçu.

Plus ses lèvres bougent, plus ma culpabilité grandit en moi. C'est à cause de moi qu'il se sent si mal. Et je n'ai rien vu. Je ne pensais qu'à moi.

— ... engourdissement, paralysie partielle, brûlure, tremblements.

Le médecin acquis en hochant la tête, je vois à ses traits que ce n'est pas rien, son impartialité commence à s'atténuer. Il se mord la lèvre, je devine aisément son inquiétude pour son chef.

— On ne va plus tarder alors, tendez votre bras.

Mes yeux sont attirés par l'objet qu'il sort de son sac, la pierre est comme un petit soleil, elle éclaire toute la pièce avec ses rayons jaunes et orangés. C'est du zektry. Son intensité lumineuse fait perler des larmes aux coins de mes yeux tandis que le visage de Merikh change du tout au tout.

Indifférence, sensibilité, douleur et abandon se précèdent les unes aux autres au contact de la pierre. Son bras tremble comme une feuille au milieu d'une tempête, son poing ne cesse de se serrer, tout comme ses dents. Mais c'est efficace, la noirceur sur son bras s'atténue, centimètres par centimètres, pas assez rapidement à mon goût. Sa souffrance m'affecte de plus en plus et sans réfléchir, je me trouve aux côtés du médecin et attrape sa main inoccupée. C'est à ce moment que je remarque la pierre s'éteindre, perdre de sa lumière, de la même façon qu'une bougie qui est train d'étouffer. Le médecin laisse tomber la pierre au sol puis fouille dans ses poches.

— Attendez, ce n'est pas fini, il est encore contaminé.

— C'est juste, ma dame. On ne fait que débuter.

Il en sort une nouvelle pierre, lumineuse et pleine de vie, qu'il glisse dans la main de Merikh sans pour autant la lâcher, comme pour l'aider à la tenir. Je n'avais pas bien compris comment ils s'y prennent pour le soigner avec ça, mais à cette distance, je pense mieux comprendre.

D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant