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Je me fais tirer en arrière, mon dos rencontre le torse de Merikh qui me tient par les épaules en me forçant à rester dans cette position sans baisser la tête, sans affaisser mon corps. En face de moi je vois les quatre hommes courir vers moi, les lèvres de Godric bouger, les yeux grands ouverts en ma direction, je ne peux rien dire, rien faire. Mon corps remue de lui-même en se secouant à cause de la toux qui ne s'arrête pas. Elle ne me laisse qu'une seconde pour récupérer de l'air, pas assez. Je manque d'air. Ma gorge se gonfle et se vide sans interruption. Seule la voix de Merikh me parvient.

— Enlevez ses chaussures, sa veste, trouvez ce qu'elle a sur elle. Vite !

Je me fais découvrir des vêtements inutiles pour cacher ma nudité par les gardes qui échangent des regards entre moi et le visage de l'homme qui me tient pour que je ne m'étouffe pas davantage.

— Elle est restée trop longtemps dans le froid.

J'entends l'un d'eux dire ces mots puis je vois mes pieds. Ils sont bien plus bleus qu'avant, ils sont complètement violets. Quand on me retire les bras d'une manche, ils font une autre remarque sur la couleur de ma peau, je ne peux que les écouter, incapable de prononcer un mot.

— Ça ne peut pas être que le froid, elle allait bien il y a deux heures encore. Réfléchis, réfléchis, réfléchis, bordel.

Le mouvement de ma poitrine d'avant en arrière est encore plus incontrôlable, j'ai l'impression que tout mon être se fait vider de son air, comme si j'avais une multitude de trous dans ma peau. Je tente de lui faire signe avec ma main pour lui indiquer une zone, il me tient si fort que ça m'est hors d'atteinte. Le manque d'oxygène commence à me désorienter et je donne tout ce qu'il me reste pour me libérer malgré ma volonté.

Quand il comprend enfin et que mon bras se libère, je tape frénétiquement sur ma poitrine. La pierre que j'ai trouvée dans la cuisine s'y trouve, je ne l'ai pas retirée depuis que je me suis fait enfermer. Mais il ne comprend pas ce que je tente de lui dire et continue de commander ses hommes pour trouver ce qu'il y a sur moi.

— Ça va aller, prend tout l'air que tu peux.

Je ne peux pas parler, alors je continue de frapper ma poitrine en forçant le contact visuel. Il percute et tend la main vers ma poitrine en feu.

— Regardez ailleurs, merde !

Ils détournent leurs yeux et Merikh plonge sa main dans mon haut avant d'en sortir immédiatement, quasiment sans m'avoir touché un centimètre de peau, il en ressort la pierre noire.

Réaction immédiate, mes poumons se remplissent si vite que je ne sais plus comment respirer pendant un instant avant d'emmagasiner le gaz que je retrouve enfin. Ma poitrine retrouve difficilement un rythme normal mais suffisamment stable pour que je me redresse sur les genoux en remerciant à bout de souffle ses gardes. Mais ça ne se passe pas de la même manière pour Merikh.

Son visage est froissé et il laisse tomber la pierre qui se détache en plusieurs bouts. En se tenant le bras, il se mord la lèvre si fort qu'une goutte rouge en coule. Au-dessus de sa main qui tient son bras, je vois la noirceur s'éteindre comme de l'encre sur un mouchoir à une vitesse déconcertante. Il a l'air d'avoir terriblement mal, bien plus que moi. Il n'est pas le seul à ressentir ce désagrément, Scald, le serpent géant, se met soudainement à faire des zigzags avec son corps, menaçant de nous éjecter de lui à tout instant tout en sifflant de douleur.

Rheet met un coup de pied dans la pierre qui explose en un million de fragments et de grains en quittant la peau qui nous sert de sol. Le serpent arrête ses dangereuses trajectoires, non sans siffler une autre fois, comme pour nous réprimer. Merikh semble moins souffrir, la noirceur ne se répand plus mais elle atteint désormais plus de la moitié de son bras.

D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant