D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]

18

— Dame Arweny, j'aurais besoin de vous voir.

La voix du chef Dixon est grave quand il m'annonce cette demande qui ressemble à un ordre non dissimulé. En temps normal je n'aurais pas réagi mais la situation est différente. Je sors toutes les nuits et me rends dans des endroits qui me sont interdits d'accès. Je le suis, là où il veut que je le suive mais avant ça, il précise un détail qui ne me plaît pas du tout, faisant augmenter en moi le stress.

— Merikh, vous restez ici. C'est un ordre.

Il ne laisse rien transparaître et m'accorde simplement un regard en hochant la tête. Comme si c'était bon pour lui, je n'ai pas à m'inquiéter. Au contraire, je suis inquiète, il est censé me brider, alors les conséquences seront pires pour lui.

Le chef Dixon referme la porte derrière moi en gardant le silence. C'est à cet instant que je remarque pourquoi il est le chef de la division principale. Un regard suffit à être désemparé. Toute l'assurance que j'ai obtenue avec mon garde s'essouffle avec lui. Il va s'asseoir derrière son bureau, consulte une fiche en agitant le menton de la même manière quand on devient sûr d'une information après l'avoir consultée plusieurs fois. Je me sens prise au piège.

— Vous vous souvenez quand je vous ai parlé de notre petit secret ? Au rééquilibrage des divisions.

Il parle des listes qu'il avait établies ? Je crois bien m'en souvenir, j'avais complètement mis de côté cet élément.

— La liste sur les traîtres ?

— Tout à fait. Nous n'avons malheureusement pas trouvé les associés que votre garde a... éliminés.

Cette petite affaire date de deux mois, s'ils n'ont trouvé personne à cette heure c'est probablement trop tard. Pourtant je ne peux pas m'empêcher de soupirer, relâchant tout l'oxygène que je contenais. On ne sait pas fait attraper. Ce n'était pas pour nous.

— Cependant, des comportements suspects ont été remarqués par le sous-chef Endrikson de Butor.

Pourquoi Godric ne m'a pas informé qu'il en avait remarqué dans les troupes, à cause de son projet ou bien parce qu'il ne voulait pas m'inquiéter davantage alors que je suis protégée par Merikh nuit et jour ?

— Ce ne sont que des suppositions mais je vous prie d'ouvrir l'œil et de venir me voir si vous apprenez plus, bien que vous ayez quelqu'un qui veille sur vous.

Il y a bel et bien une personne en plus qui me veut du mal. Plus que les gardes.

— Est-ce que... je peux demander qui est cette personne ?

— Négatif, non pas que je ne veuille pas vous la dévoiler. Cela aiderait grandement à élucider cette question, mais Endrikson ne m'a pas non plus révélé son identité. Il veut avoir suffisamment de preuves contre lui pour pouvoir le mettre sur la potence. Le chef Godric l'épaule alors ne vous inquiétez pas, cette affaire est entre de bonnes mains.

La potence. Rien que ça. Je n'arrive pas à voir Godric parler de cette façon. L'espace d'une seconde je vois son visage déformé par la haine, comme une vision. Je perds le fil de la conversation, l'image de mon ami si éloigné de la réalité me perturbe. Qu'est-ce que c'était ?

— Bien, à part ça je n'ai plus rien à vous dire. Votre garde personnel a été prévenu durant cet échange de faire preuve d'une plus grande attention sur vos déplacements. Je vous raccompagne.

Finalement, il n'a pas besoin de me raccompagner le long des couloirs, Merikh est déjà sur place. Le silence est pesant sur le retour, aucun de nous ne parle, j'ai peur qu'à tout instant il se fasse informer du manquement de mes obligations. Rester cachée. J'ai pris trop de confiance depuis le début de ce mois, je dois faire attention. Il n'y a plus seulement ma personne désormais qui risque une punition.