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Nous nous échouons sur le sol dur au milieu des corps meurtris, son corps s'écrase sur le mien me coupant la respiration. Un liquide chaud à l'odeur de fer coule sur mon front. Il se redresse, juste le temps que je vois son visage endolori et en sang, il se fait tirer en arrière par le col, lui coupant le souffle à son tour.

Je tente de le rattraper, mais je me fais immobiliser par un visage que je croyais avoir oublié. Hally, le chef de la division Povior. Il écrase mon poignet avec sa chaussure talonnée, le bougeant ce qui me fait gémir de douleur.

— On dirait que tu en fais du chemin depuis ta petite escapade nocturne. J'ai morflé à cause de tes conneries.

Il soulève son cache-œil, à la place se trouve un trou sombre, sans œil, une cicatrice partant du haut de son front jusqu'au milieu de son nez. La blessure paraît encore fraîche, comme jamais guérie.

— C'était mon rôle que tu ne sortes pas et j'ai appris que tu l'avais fait quelques fois sous mon nez en plus de ça. Elle a dit à sa pourrie gâtée de fille de faire ce qu'elle veut et elle ne m'a pas rater avec son talon aiguille, donc toi aussi, tu devrais compatir à ma douleur.

Il continue de mettre de la pression sur mon poignet. À côté de moi, Gilt est maîtrisé par deux azérians, l'arme sous la gorge.

— C'est vrai quoi, c'est à cause de toi qu'il me manque un bout. Aller viens ici, plus vite je te ramène, plus vite j'obtiens mon bonus.

Je cris quand il m'attrape par les cheveux pour me relever, puis met brutalement mes mains en arrière et les tiens fortement entre les siennes. Nous sommes encerclés d'hommes à l'uniforme rouge sang, forcés d'avancer là où ils nous emmènent. Un coup d'œil vers le cœur de la bataille me permet de voir que Merikh est trop loin, il a beaucoup trop d'hommes à affronter sur lui. De toute façon, ils nous sont tous tombés dessus quand nous avons fait une percée de ce côté-ci, il ne pourra pas se frayer un chemin jusqu'à nous à temps. Le filament de bleu de son arme se balade entre les corps et ne se rapproche pas de nous, bien au contraire.

Hally me met un coup avec le manche de son épée en me disant de regarder devant moi et de ne pas faire d'histoire. Devant, le meilleur ami de Merikh boite de la jambe gauche, le sang continue de couler à l'arrière de sa tête, créant une auréole sombre et grandissante sur le tissu noir de son uniforme.

Le chef de Povior finit presque par me traîner pour que je marche, à la fois par envie de résister et par incapacité de progresser dans son sens. Je sais vers qui il nous guide. Je sens que le moment pour moi arrive, j'espérais qu'il m'emporterait à la fin, au bon moment, que j'aurais pu revoir Merikh.

Il appuie sur mon épaule, me forçant à m'agenouiller à côté de Gilt, Rizelis. Nyfia et Rlik qui ont survécu, merci mon dieu. Pourquoi sont-ils tous les trois là ? Tous les cinq agenouillés en ligne, ma question se fit vite muette quand je vois une robe immaculée de toute saleté apparaître sous mon nez.

— Arweny.

Je redresse la tête.

— Je t'avais prévenue.

Je sers mes paupières de peur quand sa main s'abat en ma direction mais elle ne touche jamais ma peau. Celle de Rizelis, oui.

— Il ne fait aucun doute que tu te sois constitué un petit groupe de confiance depuis ton départ. J'en conclus donc que ce sont eux qui t'ont arraché à moi.

Elle prend en coupe le visage de Rlik sans savoir que c'est en fait son frère qui l'a fait et avec brio, aidé de ses camarades. Elle l'observe avec attention avant de le repousser avec mépris puis de s'essuyer avec son mouchoir blanc le bout des doigts, son nez se retrousse.

D'étoiles et d'épines [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant