Chapitre 4

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Matéo

Me servant un énième verre d'alcool, je fais abstraction de la crise d'histérie que Lory est en train de m'offrir, sous les yeux témoins des personnes autour de nous, parmi la foule. Du moins, j'essaie:

— Je ne veux plus te voir lui parler, m'assène-t-elle.

— Tu commences sérieusement à me gonfler. Je n'ai rien fait de mal.

— Bien sûr que si !

— Putain, mais je n'ai pas le droit de parler à qui je veux ?!

— Non, tranche-t-elle.

— Rêve ! Si j'ai envie de lui parler je le ferais ! Ta jalousie de merdre commence vraiment à m'insupporter, Lory, il va falloir changer ça, coupé-je court à la conversation à m'en allant en direction de mon frère, agacé.

Je la laisse planter là, avec ses copines.

— Encore une crise ? devine mon frère.

— Ouais.

— Par rapport à qui, cette fois ?

— Joy, soufflé-je.

— C'est n'importe quoi, s'agace-t-il.

— Je sais.

Julien connait parfaitement la tendance de Lory à me servir des crises de jalousie disproportionnée pour la première fille à qui je vais adresser la parole. Et il commence sérieusement à en avoir marre de me voir dans cet état de plus en plus souvent, à cause d'elle. Au départ, je n'en parlait à personne, je ne voulais pas que mes proches en veuillent à ma petite-amie, mais les crises se font de plus en plus fréquentes et importantes. Je gardais tout pour moi jusqu'à ce que j'en parle à mon frère, mon allié depuis toujours, celui qui sera toujours là pour moi. Il le fallait.

— Elle va te gâcher ta fête, Matéo.

— Non, je vais l'ignorer et ça ira très bien.

— Tu sais tout autant que moi que ça ne fonctionnera pas, elle ne te laissera pas l'ignorer et t'amuser dans ton coin.

— Putain mais je ne fais rien de mal, je ne comprends pas !

— Tu veux que j'aille lui parler ? me demande-t-il, sincèrement toucher par ma détresse.

— Non, surtout pas, ça aurait le don de la mettre encore plus hors d'elle.

Il soupire bruyemment, désarmé.

— Tu n'es plus heureux, je me trompe ? me lance-t-il, me mettant aux pieds du mur.

— Je l'aime toujours, Julien. Mais il faut vraiment qu'elle change, car je ne tiendrais pas comme ça éternellement. Ça fait cinq ans que nous sommes ensemble, je n'ai connue qu'elle, depuis le lycée. Je l'aime comme un fou...

Mon grand frère me sonde un instant, puis :

— Tu n'as pas répondu à ma question, me dit-il à l'oreille en posant une main sur mon épaule, avant de s'en aller, me laissant avec sa phrase qui résonne dans mon esprit.

— Matéo, magne toi ! Le jeu va commencer ! m'interpelle Curtis.

Je ferme les yeux un instant afin de chasser cette contrariété qui m'habite, puis je m'en vais en direction de l'arène de jeu rejoindre mon équipe, bien determiné à gagner les bleus.

Un immense rond est dessiné sur le sol, à la craie. À l'intérieur de celui-ci, des cerceaux de différentes couleurs sont disposés aléatoirement, scotchés au sol pour les maintenir en place.

Un amour dans l'ombre, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant