Chapitre 61

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Matéo

— À ta victoire !

Nous trinquons tous. Le soulagement que je décèle sur son visage me rend heureux. Elle en a enfin terminé avec cette ordure, elle peut passer à autre chose sereinement.

Espérant que cette autre chose soit moi.

— Maintenant, tu peux te consacrer à cent pour cent à l'écriture ! se réjouit Curtis.

— D'ailleurs, tu comptes écrire d'autres romans ? demande mon frère.

— Bien sûr, rétorque-t-elle, sûre d'elle.

Je ne peux détacher mes yeux de son sourire. Les discussions autour de tout et de rien reprennent, tandis que je m'approche d'elle. Je passe mon bras autour de ses épaules et l'attire doucement contre moi. Je lui offre un baiser sur le sommet de son crâne avant de lui souffler tout bas :

— Je suis très heureux pour toi.

Ses yeux brillent lorsqu'elle les lève dans ma direction, et ses lèvres s'étirent en un sourire reconnaissant.

— Merci, Monsieur Muscles, répond-elle en m'enlaçant plus encore.

Elle se blottit contre moi, sa joue contre mon torse. Alors, je la serre davantage, humant son parfum floral. Je suis conscient que les autres nous regardent, mais je m'en fiche.

L'ambiance dans le Clark est au rendez-vous, et Joy se détend peu à peu, décompressant de cette folle journée. Mes yeux dévient dans la foule, sans but précis. Mais je suis interpellé par mon frère au loin, à l'écart, le téléphone collé à l'oreille. Il se bouche l'autre, essayant d'entendre convenablement son interlocuteur. Puis, il sort du bâtiment, prenant soin de vérifier que nous ne le regardons pas. Cette fois, je ne compte pas rester à rien faire. Je pose mon verre peu délicatement sur le comptoir et me précipite à sa suite. Lorsque j'arrive dehors, sa voix me parvient immédiatement, ce qui me freine dans ma course. Je me cache derrière le mur, tendant l'oreille :

— Je vous ai dit que je m'en occupais le plus rapidement possible, mais aujourd'hui ce n'était pas possible...oui...je comprends....bien entendu...mais il vous faudra patienter encore un peu. Oui, j'ai des éléments... j'ai tout ce qu'il faut, ne vous en faites pas...je vous fais parvenir tout ça par mail demain...oui...Au revoir.

Il raccroche non sans pester et insulter celui avec qui il était au téléphone. Je me précipite alors pour retourner à l'intérieur et reprendre mon verre comme si de rien était. Mon frère arrive quelque seconde après moi, un masque heureux sur le visage. Comme s'il ne venait pas d'être contrarié par une personne que je ne connais pas.

Mais je compte bien le savoir très rapidement.

Je le sonde discrètement par-dessus mon verre, quand les mains de Joy attrapent mon bras pour m'attirer à sa suite. Elle rit aux éclats, alors que j'ai à peine le temps de passer mon verre à Max à la volée. Je ris aussi, malgré moi. Elle m'entraîne sur la piste de danse alors que J'irais où tu iras de Céline Dion rend tout le monde euphorique. Je me prête au jeu, amusé, et la fait danser comme elle le mérite.

Une fois notre danse terminée, elle se jette autour de mon cou, déposant un baiser juste sous mon oreille. Je sens ensuite le bout de sa langue lécher furtivement mon oreille, ce qui me provoque de sacré frissons. La chair de poule prend possession de mon corps durant quelques secondes avant que je ne plante mon regard dans le sien, un sourire déstabilisé aux lèvres.

Oui, elle me déstabilise autant qu'elle me rend fou.

Ça me fait de l'effet, j'aime ce petit jeu qu'elle installe entre nous :

Un amour dans l'ombre, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant