Chapitre 36

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Joy

Je maximise ma concentration pour me vider la tête durant cette séance de sport. Casque sur les oreilles, musique à fond, je ne pense à rien à part ma motivation et ma détermination à courir durant de longues minutes sur ce tapis de course. Je veux me sortir de la tête tout ce qui concerne Matéo. La soirée d'hier ou il m'a embrassé, la nuit que j'ai passé chez lui. Chez Matéo, merde ! Dans son putain de pieux. Tous les messages que nous avons pu échanger, les regards, les sous-entendus, et j'en passe.

Il faut que je cesse ce jeu malsain.

Il m'a embrassé, bordel.

J'ai trompé Sacha.

Et il a trompé Lory.

J'ai eu le temps de cogiter sur ce qu'il s'est passé toute la nuit et toute la journée. Il m'a embrassé, et s'est ensuite barré en colère contre moi. Quel culot !

J'avais raison : il a eu ce qu'il voulait, maintenant, il me lâche.

Je regarde droit devant moi à travers la grande baie vitrée qui donne sur la route. Mais cela ne m'empêche pas de voir du coin de l'œil quelqu'un s'installer sur le tapis de course juste à côté du mien. Les gens me font chier, ils ne peuvent pas se mettre ailleurs ? Il est 22 heures, la salle est vide, mais il faut que les gens viennent me coller. Je soupire un bon coup pour chasser cette contrariété. Je lui lance un regard furtif avant de repositionner mon regard en face de moi, quand je tique. Je le regarde une seconde fois, plus délibérément cette fois, puis je baisse mon casque pour le mettre autour de mon cou. Il me regarde avec ce putain de sourire aux lèvres lorsque qu'il a enfin attiré mon attention.

Matéo.

— Matéo ? Qu'est-ce que tu fais là ? Ce n'est pas ta salle de sport.

Je sais très bien que cette salle de sport n'est pas la sienne. Il n'est pas inscrit dans la même que moi, je le sais très bien.

— Il fallait que je te vois, lâche-t-il sans détour.

— Que tu me vois ? je répète, pas certaine de comprendre.

— Oui, je dois te parler.

Il parle avec légèreté et assurance, mais je perçoit quand même l'angoisse qui l'habite. Je ralentis la cadence de ma machine afin de passer de la course à la marche. Je décide de faire comme si de rien n'était, comme si je ne ressentais rien. Peut-être que ça le dissuadera de me parler de son élan de confiance d'hier soir :

— Tu sais qu'il te suffisait de m'envoyer un message.

— Je voulais te parler en face.

— Eh bien, il te suffisait de m'envoyer un message en me disant que tu voulais qu'on se voit.

— Et tu aurais accepté ?

— Oui, je réponds comme si c'était logique.

Il affiche une moue stupéfaite :

— Sérieux ?

— Bien sûr que oui, il n'y a rien de mal.

À quelques détails près.

Il hoche la tête. Comme il ne dit rien, j'enchaîne :

— Et donc, tu as changé de salle uniquement pour me parler ?

— Je n'ai pas changé de salle, dit-il le sourire aux lèvres. Je profite simplement de la première séance gratuite, je réaliserais mon abonnement juste après.

Je reste muette, à court de mots face à cette révélation. Il se donne tout ce mal pour me voir ? Mais pourquoi, bordel ?

— Je vois.

Un amour dans l'ombre, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant