Chapitre 54

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Matéo

Je me réveille ce matin après une très courte nuit. Une sensation acide me brûle l'estomac.

Et le cœur.

Comment avons-nous pu en arriver là ?

Je me lève difficilement, avec aucune envie, quand mon téléphone vibre.

Rudy : Viens à 15h.

À ma grande déception ce n'est pas Joy.

Ok.

✭✭✭

— Tu es en retard, me reproche Rudy.

— Je sais. J'étais à la salle.

— Qu'est-ce qu'il ne va pas ? me demande-t-il en remarquant ma mauvaise humeur.

— Rien.

— Matéo ? insiste-t-il.

— Tu sais très bien ce qu'il y a, ne fait pas comme si elle ne t'avait rien raconté.

— Tout ce qu'elle m'a raconté c'est l'horreur que tu lui a dite l'autre fois, rétorque-t-il d'un air accusateur.

Je soupire et fuis son regard.

— Tu t'es bien gardé de me cacher ce détail, continu-t-il.


Quelques jours plus tôt...

— Matéo ? Qu'est-ce que tu fais ici ? s'étonne Rudy.

Il n'est pas seul dans son studio, je suppose que ce sont ses élèves. Rudy s'approche de moi, tandis que je reste en retrait, les mains dans les poches de ma veste :

— Désolé de te déranger, mais j'ai un service à te demander.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je fuis le regard quelques instants, cherchant mes mots :

— On s'est disputé, avec Joy, et j'aimerais me réconcilier avec elle.

— Et bien vois ça avec elle, je suis occupé là, s'agace-t-il.

— J'aimerais que tu m'apprenne votre danse, lâchais-je.

Il reste muet, et immobile, me fixant comme un alien :

— Tu as dit quoi là ?

— Lors de la célébration de la réélection du maire, je veux intervenir dans la danse en prenant ta place par surprise.

— C'est dans à peine un mois, tu es conscient que tu ne pourras pas l'apprendre entièrement ? fait-il remarquer.

— Alors juste une partie. Tu commencerais le show et j'interviendrais plus tard, je propose.

Il semble réfléchir sérieusement à ma demande, malgré qu'il ne cache pas sa stupéfaction.

— Alors ça...Tu as dû faire une grosse connerie pour en arriver là, n'en revient-il toujours pas.

— Je dois sacrément l'aimer pour en arriver là, je rétorque, vexé.

Après un court duel de regard ridicule, je détourne le regard, évitant le sujet :

— C'est d'accord ou pas ? je demande finalement.

Il me sonde un instant, ce qui trahit sa sincère réflexion :

— Ok. On commence demain, décide-t-il.


— On peut commencer ? je demande, las.

— En place, mauvais garçon, m'ordonne-t-il.

Mon second cours de danse commence, et nous révisons les pas appris la veille. Ensuite, tout s'enchaîne très vite.

— Tiens toi plus droit.

Alors je me redresse.

— Tes bras plutôt comme ça.

Puis nous continuons.

— Tu progresses vite, me complimente-t-il une fois le cours terminé.

— Tant mieux.

— Tu stress ? devine-t-il.

— Oui. C'est Joy, n'importe quel homme stresserais.

Il m'adresse un sourire satisfait.

— Exactement, c'est Joy. J'éclaterais la gueule de n'importe quel homme qui lui fera du mal.

Je rigole :

— Je m'estime chanceux, alors.

— Pourquoi ça ?

— Tu ne m'as pas encore éclaté la gueule.

— Ça ne serai tarder, donc dégage ! plaisante-t-il.

Sur ce, je prends mes affaires et quitte le studio, un sourire aux lèvres.

J'ose à croire que si Rudy accepte de m'aider, c'est qu'il estime qu'il y a une chance qu'elle me pardonne. Après tout, il l'a connaît mieux que moi.

Alors c'est la seule chose à laquelle je m'accroche désormais.

Un amour dans l'ombre, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant