Chapitre 56

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Joy

— Alors ? se précipite Matéo lorsque je sors de l'hôpital.

Les garçons et Mégane m'attendaient dehors, devant la sortie.

— Juste une petite entorse, rien de grave. Je dois garder l'attelle pendant deux ou trois jours, c'est tout.

Il soupire de soulagement en me blottissant contre lui.

— Je suis content que ce ne soit rien de grave, me souffle-t-il.

Les autres me font part de leur soulagement également, et nous nous dirigeons vers la voiture. Matéo m'attire contre lui, dans une marche bien plus lente que le reste du groupe, les laissant s'éloigner un peu :

— Laisse-moi passer la nuit à tes côtés, me supplie-t-il.

— Ce n'est pas parce que tu m'a protégé que tout est arrangé, je rétorque d'un ton neutre.

— J'en suis conscient, J, dit-il en m'incitant à m'arrêter pour lui faire face, mais laisse-moi prendre soin de toi, s'il te plait. Au moins pour ce soir, et dès demain je rentrerais chez moi, tente-t-il de me convaincre.

Je regarde loin, laissant échapper un faible soupire :

— Ok.

Puis je reprends le chemin en direction de la voiture, suivis de Matéo.

— Tu ne montes pas avec ton frère ? le questionne Mégane.

— Il dors à la maison, réponds-je à sa place.

Elle ne répond rien et monte à son tour.

Nous pénétrons dans l'appartement, une atmosphère étrange entre nous :

— Fais comme chez toi, je vais prendre une douche.

Lorsque j'en sors, enroulée dans ma serviette, je me dirige dans ma chambre pour prendre un pyjama propre. Matéo est déjà installé dans mon lit.

En boxer.

Je sens son regard sur moi lorsque j'arpente les étagères de ma penderie.

— Tu déménage ? me demande-t-il.

— Non, pourquoi ? je demande en retour en me tournant vers lui.

— C'est quoi ce carton ? dit-il en désignant le carton au coin de la pièce.

— Oh, ça, des exemplaires de mon roman. La maison d'édition m'en a envoyé un carton.

— Quoi ? Sérieux ? bondit-il du lit. Je peux voir ?

— Bien sûr.

Il s'approche du carton et l'ouvre avant de saisir un exemplaire et de l'admirer :

— Il est magnifique, J.

— Merci, dis-je d'une petite voix, terminant d'enfiler mon pyjama pendant que son attention est focalisée sur autre chose que moi.

Tandis que moi, je suis concentrée sur tout autre chose que mon roman, là, tout de suite. Je m'installe dans mon lit, rapidement rejoint par Matéo. Nous sommes tous les deux sur le dos, regardant le plafond, dans un silence plein de réflexions.

— Je suis désolée, finis-je par lâcher.

— De ? demande-t-il comme s'il ne voyait pas le problème.

— D'être partie comme ça, c'était nul...

Il prend le temps de se mettre sur le côté, sa tête appuyée sur sa main, et de m'inciter à le regarder délicatement.

— Je l'ai mérité. C'est moi qui suis désolé. Je suis désolé, J. Je sais que j'ai déjà dit cette phrase trop de fois, mais je veux que ce soit la dernière fois ce soir.

— Tu n'avais pas le droit de me dire ça, dis-je le regard humide, c'était injuste.

— Tu as raison, je te promets que je ne l'ai pas pensé une seule seconde depuis que tu es entré dans ma vie. Pas une seule fois, J, bien au contraire.

— Alors pourquoi ?

— J'ai eu peur.

— De quoi ?

— De ce que je ressens pour toi, et du fait que ça crève les yeux au point que tout le monde l'ai remarqué.

— Tu n'as pas à avoir peur.

— C'est difficile.

— Pourquoi ?

— Parce que tu es parfaite. Trop parfaite pour moi, et que je ne m'en remettrais pas si je te perdais. Je me suis attaché à toi beaucoup plus que tout ce que j'aurais pu imaginer.

— Pourtant tu agis pour.

Il ne répond rien durant un instant, puis :

— Plus jamais je ne me comporterais ainsi. Tu ne mérites pas ça, et plus jamais je ne laisserais notre différence d'âge faire naître des doutes en moi, plus jamais je n'aurais de doutes te concernant, et plus jamais je ne penserais que je ne te mérite pas, ou que je ne suis pas à la hauteur.

Mon cœur bat de plus en plus vite dans ma poitrine.

— C'était donc ça ? Ce qui te torturais.

Il ne me quitte pas des yeux :

— Oui...avoue-t-il dans un souffle.

— Ce ne sont pas nos trois ans d'écart qui vont changer quoi que ce soit pour moi. Je ne te considère en aucun cas comme un gamin, et je ne le ferais jamais.

Notre conversation est calme, posée. Tout ce dont nous avions besoin.

Tout ce dont j'avais besoin.

Il me regarde tendrement, puis je roule sur le côté pour lui faire face. Il pose sa main chaude sur ma mâchoire et me caresse la joue de son pouce.

— Le procès aura lieu mercredi prochain, lui avouais-je.

— Je serais là, m'assure-t-il.

Je lui adresse un faible sourire, mélange de bonheur et de reconnaissance.

— J'espère que tu me pardonnes, me souffle-t-il, les yeux rivés sur mes lèvres.

— C'est vrai que c'est définitivement terminé avec Lory ?

— Plus que vrai.

Alors, pour toute réponse, je pose mes lèvres sur les siennes, délicatement. Je sens son corps se raidir à ce contact, et le mien frissonne. Il se détend rapidement avant de m'embrasser délicatement. Ses lèvres sont douces, si douces qu'elles semblent pleines d'innocence. Il cherche le contact avec ma langue, me mordant parfois la lèvre inférieure. Je fais de même. Il sourit contre mes lèvres, je souris contre les siennes.

C'est doux.

Apaisant.

— Et si on dormait ? me chuchote-t-il entre deux baisers.

J'acquiesce d'un faible hochement de tête.

Il m'attire contre lui, ma tête se posant sur son épaule. Il cherche ma cuisse de sa main et la relève sur lui.

— Bonne nuit, J.

— Bonne nuit, Monsieur Muscles.

Il m'offre un tendre baiser sur le sommet de mon crâne, et nous tombons dans un sommeil profond qui apaise soudainement toutes mes craintes. 

Un amour dans l'ombre, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant