Matéo
Arrivés chez moi, je lui ouvre la porte d'entrée et la laisse passer la première. Elle s'avance au centre de la pièce et se tourne vers moi tandis que je referme la porte derrière moi :
— Tu veux boire quelque chose ? demandais-je.
— Non, merci, me répond-elle froidement.
Je prends le temps de m'avancer de quelques pas, les mains dans les poches de mon smoking, tranquillement.
— C'était qui ?
— Sully, un ancien élève de Rudy, répond-elle sans détour.
— Je vois.
Nous nous dévisageons, sans broncher. Il est clair qu'elle ne fera pas le premier pas, ce que je comprends, alors je me lance :
— Je tiens à m'excuser, Joy, profondément et sincèrement. Je me suis comporté comme un connard et je t'ai blessé.
Elle me fixe sans broncher.
— Insulte-moi, lui dis-je.
— Quoi ?
— Insulte-moi, parle-moi mal, je le mérite.
— Je ne ferais pas ça, Matéo, dit-elle en roulant des yeux.
— Alors dit quelque chose, n'importe quoi. Mais j'ai besoin que tu me parles, que tu me pardonnes.
Elle relève légèrement le menton et me sonde un instant :
— Pourquoi est-ce que tu te comportes comme ça ?
— Comment ?
— Un coup froid et distant, un coup...cherche-t-elle ses mots, intéressé, finit-elle par dire.
Voilà la question que je redoutais tant. Je n'aurais jamais la force de lui dire la vérité.
— Je ne sais pas...dis-je dans un soupire, baissant la tête
— Non, Matéo.
Relevant la tête, je l'interroge du regard.
— Ne fais pas ça, ne fait pas celui qui ne m'apportera aucune réponse après le cinéma que tu viens de me faire ! s'agace-t-elle.
— Un cinéma ? m'offusquais-je. Donc pour toi, tout ce que je t'ai dit c'est du cinéma ?
— Si la finalité de tout ça ne comporte aucune réponse à mes questions, alors oui, Matéo, c'est du cinéma, rétorque-t-elle, les lèvres pincées.
— Je ne sais pas pourquoi je me comporte comme un con, d'accord ? J'essaie de faire de mon mieux, Joy ! Mais c'est compliqué pour moi ! je m'énerve, vexé.
— En quoi est-ce que c'est compliqué de me traiter correctement ?!
— Ce n'est pas ça qui est compliqué !
— Alors c'est quoi ?! crie-t-elle, le regard noir.
Aucune réponse ne sort de ma bouche. Je vois bien qu'elle essaie de me pousser à bout, de me tirer les verres du nez, et si elle continue elle y arrivera, je le sais. Elle se reprend avant d'ajouter, face à mon silence :
— Il est hors de question que je continue ce petit jeu sans nom. De continuer à se tourner autour sans aucun but. De continuer à te porter de l'intérêt pour que tu m'ignores dès le lendemain ou pour que tu me lance des mots dégueulasses à la figure parce que tu n'assume pas ce que tu ressens !
À cet instant mon cœur se serre.
— Tu ne peux pas dire ça, Joy !
— Et pourquoi pas ?
VOUS LISEZ
Un amour dans l'ombre, Tome 1
Storie d'amoreJoy a une vie bien remplie. Entre ses études supérieures, la danse, le sport, son couple avec Sacha, son roman, les soirées et ses amis, elle sait mettre de l'ordre dans sa vie et l'organiser comme elle l'entend. Qui aurait pu croire qu'elle tombera...