Chapitre 15

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Joy

Mes paupières s'ouvrent peu à peu, et je me dit que cela faisait longtemps que je n'avais pas aussi bien dormi malgré la gueule de bois dont je suis victime. J'ouvre finalement les yeux en grand et sens que mon corps est collé à un autre. Ma jambe est relevée sur des jambes grandes et imposantes, à première vue elles appartiennent à un individu de sexe masculin. Mon corps est collé au sien et mon bras passe au-dessus de son torse. Mais Sacha est en voyage d'affaires, donc...

Bordel, ne me dites pas que...

Je relève doucement les yeux vers ce mystérieux visage.

Matéo.

Bordel-de-merde.

Qu'est-ce que je fout ici ? Ne me dites pas qu'on a couché ensemble et que je ne m'en souviens pas. Ce serait inadmissible. De ne pas m'en souvenir, je veux dire. Visiblement, il dort encore, je peux entendre sa lourde respiration. Son bras passe sous moi, de sorte que ma tête est posée dessus. Il faut que je me lève sans le réveiller, et que je trouve un Doliprane dans cette baraque.

Je commence à enlever ma jambe tout doucement et à relever le buste. Il ne bouge pas. Je m'écarte petit à petit et pose un pied à terre sans quitter Matéo des yeux pour vérifier qu'il ne se réveille pas. Ma tête me fait un mal de chien, je n'en peux plus. Je termine de sortir du lit avec succès. Je jette un dernier coup d'œil en direction de Matéo et sort de la chambre à pas de loup. J'atterris sur un couloir ouvert en mezzanine sur la cuisine et la table à manger en bas. J'entends de l'agitation dans la cuisine, que je ne peux voir qu'à moitié d'ici. Autrement dit, je ne vois qu'une partie de l'ilôt central.

Bon, ok, je ne vais pas descendre. C'est hors de question que quelqu'un me voit ici. Je vais donc retourner dans la chambre, me rallonger, et attendre que Matéo se réveille pour me faire sortir en douce. Oui, voilà, c'est bien ça.

— Je savais bien que j'avais entendu la porte s'ouvrir, me dit Julien tout sourire, la tête qui dépasse de la cuisine.

Bordel. Je me pince les lèvres, ne sachant que dire. Il ne manquait plus que ça.

— Allez, descends. T'inquiètes, y'a aucun malaise.

Bah si, justement.

— Ok, dis-je timidement.

Je me dirige vers les escaliers et descends. Le carrelage est froid sous mes pieds nus.

— Alors, confortable ce lit ? me taquine-t-il.

J'aimerais me faire toute petite :

— Euh, ouais...

— Tu veux manger quelque chose ?

— Non, mais je veux bien un Doliprane s'il y en a, s'il te plaît.

Il sourit :

— Je te donne ça.

Il sort une boîte d'un tiroir de la cuisine et me la tend.

— Je te donne un verre d'eau.

— Merci.

Il pose le verre devant moi et j'avale le cachet.

— Vos parents ne sont pas là ? je demande, inquiète.

— Pas d'inquiétude, ils sont partis manger chez des amis. Il ne reviendrons pas avant quelques heures.

Il doit percevoir l'angoisse sur mon visage, celle que je tente désespérément de dissimuler, car il me dit :

— Ne t'inquiète pas, ils ne savent pas que tu as passé la nuit ici, j'ai gardé le secret, m'assure-t-il.

Il me sourit.

Un amour dans l'ombre, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant