Un amour dans l'ombre, Tome 1

Chapitre 22

Matéo

Nous pénétrons dans notre maison sans un mot, sans la moindre parole. Mon père referme la porte derrière lui lorsque mon frère et moi nous nous engageons dans les escaliers.

— Pas si vite jeune homme, résonne la voix de ma mère derrière moi.

Je déglutit avant de faire marche arrière et de m'asseoir sur le canapé, tandis que mon frère s'éclipse dans sa chambre :

— Vas-y, engueule-moi.

— C'est quoi tout ce bordel, sérieux ? demande mon père. Matéo...

— Quoi ? Vous auriez préféré que je la laisse se faire démonter devant tout le monde ? Vous ne pensez pas qu'elle en a marre de passer pour une pute à cause d'eux ? Et Sacha qui ne dit jamais rien, vous trouvez ça normal ?

— Écoutes Matéo, nous trouvons ça très bien que tu défende les femmes, ça nous fait d'ailleurs très plaisir. Ça nous montre que tu as reçu l'éducation que nous avions toujours voulu pour ton frère et toi. Mais il y a des façons de dire les choses, me répond mon père.

— Parce que tu penses que la manière douce aurait été plus adaptée ? Je sais que ce sont vos amis, et depuis longtemps, mais ça n'empêche pas que ce sont des gros abrutis qui manquent de respect à leur belle-fille, et ça, c'est pas normal. Même vous qui n'appréciez pas particulièrement Lory, vous ne lui manquait pas une seule seconde de respect.

Mes parents se regardent un instant.

— Je suis désolé, car mon comportement vous met dans une mauvaise posture, donc je m'excuse auprès de vous, mais ne me demandez pas d'en faire de-même auprès d'eux. Je ne le ferai jamais, ils ne le méritent pas.

— Nous ne te demanderons jamais de t'excuser auprès d'eux, Matéo. Car même s'ils sont nos amis, nous n'en pensons pas moins. D'ailleurs...ton père s'est déjà pris la tête avec eux une fois à cause de ça.

— Sérieux ?

— Oui. Mais ça a fini par s'arranger....Jusqu'à ce soir.

— Je suis désolé si vous avez perdu des amis par ma faute.

— Nous n'avons pas perdu d'amis, m'assure mon père. Nous continuerons de nous voir, car malgré tout nous nous apprécions.

— Mais j'aimerais que tu m'expliques ça, me dit ma mère en me montrant la seconde boucle d'oreille de Joy. Lory m'a raconté pour ce matin. Est-ce que c'est elle qui a dormi à la maison l'autre fois ?

— Qu'est-ce que c'est que cette histoire encore ? C'est la boucle d'oreille qu'a perdu Joy tout à l'heure ? réagit mon père, perdu.

— Pas celle de tout à l'heure, chéri. Celle-ci, c'est l'autre, que Lory a retrouvé dans le lit de ton fils ce matin, explique-t-elle d'un ton accusateur, le regard rivé dans ma direction.

Mon père m'adresse un regard interrogateur, mais dépourvu de toute approbation :

— Tu m'expliques ? dit-il, impatient.

Son regard s'assombrit, couvert de ses sourcils froncés, tandis que ma mère pose la boucle d'oreille sur la table basse avant de croiser les bras sur sa poitrine.

Ok, là, ils ne seront pas aussi indulgents...

— Oui, Joy a dormi à la maison. Une seule fois. Après une soirée bien arrosée, elle n'était pas dans un très bon état. Et pour une raison que j'ignore, elle ne voulait pas rentrer chez elle, alors je lui ai proposé de dormir à la maison, expliquais-je calmement.