Chapitre 28

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Matéo

Je profite de ce temps pluvieux pour faire un footing dans la ville. J'aime la pluie, mais j'aime encore plus courir en sentant les gouttes tomber sur mon visage. Je me donne à fond et compte bien m'épuiser et me vider la tête. Mais ce n'est pas pour autant que je parviens à oublier ce baiser.

Je ne le veux pas.

Et je ne le peux tout simplement pas.

Il est ancré en moi, déstabilisant et torturant mon âme. Comment un baiser peut-il nous marquer autant ? Cela fait maintenant deux jours qu'elle est sur Paris, elle devait rentrer aujourd'hui, et j'espère pouvoir la voir rapidement.

Plus d'une heure après, j'entre enfin dans mon lotissement. Lorsque je tourne dans ma rue, je repère immédiatement Lory devant mon portail.

Fait chier. J'ai peur de la discussion que nous allons avoir.

— Lory ? dis-je en arrivant à son niveau.

Elle se retourne soudainement.

— Tu es là, lâche-t-elle, visiblement soulagée.

— Je t'ai envoyé je ne sais combien de messages, et j'ai essayé de t'appeler plusieurs fois, lancais-je sur un ton accusateur.

Oui, c'est culotté, je sais.

— Oui, désolée...J'avais besoin d'un peu de temps pour réfléchir...

— Réfléchir à quoi ?

— Écoutes Matéo, je vais être honnête avec toi. Ton frère est venu me voir...

Je soupire d'exaspération. Il n'a pas pu me faire ça, je le lui avait explicitement demandé. Le con.

— ...il m'a parlé, et...expliqué l'histoire de la boucle d'oreille...avoue-t-elle, honteuse.

Je fronce les sourcils, attendant la suite.

— Je ne savais pas que ton frère voyait quelqu'un...il m'a avoué qu'il l'avait invité chez vous et qu'ils se sont retrouvés dans ton lit...

J'écarquille grand les yeux, et entrouvre la bouche, estomaqué par ce que mon frère lui a raconté comme salade. Il n'aurait jamais dû faire ça. Je suis maintenant complice de son mensonge, comme si le mien ne suffisait pas. Je sais que ça partait d'une bonne intention, mais là, il aurait pu s'abstenir.

— Matéo ?

Les yeux verts de Lory sont bloqués sur moi, analysant mon expression outrée.

— Est-ce que ça va ? me demande-t-elle, troublée.

— Il a fait quoi ?! feins-je.

— Oui, je sais...ce n'est pas très classe de baiser dans le lit de son frère, glousse-t-elle.

J'affiche une expression outrée désabusée.

— Et...je dois avouer qu'il n'a pas été très sympas avec moi non plus...soupire-t-elle.

Cessant mon cinéma et affichant une mine sérieuse à présent, je lui demande :

— Comment ça ?

— Je suis terriblement désolée pour mon geste...sanglote-t-elle.

Je soupire, l'attirant contre moi machinalement.

J'en ai embrassé une autre, c'est à moi d'être désolé. Et je le suis encore plus du fait de ne ressentir aucun regret.

— J'aimerais tant être différente, être autrement, je me rends compte que je suis insupportable avec toi, colérique et hystérique. J'ai peur que tu finisses par ne plus m'aimer un jour à cause de ça... se confie-t-elle contre mon torse.

Un amour dans l'ombre, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant