Chapitre 42

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Matéo

La soirée fut finalement très courte. Je m'en veux, bien évidemment. Premièrement parce que j'ai été un gros con avec Joy, encore une fois. Et secundo car j'ai gâché l'anniversaire de Curtis. Nous avons réussi à nous faire ramener par des inconnus, sauf Curtis et Max qui ont décidé de continuer la soirée malgré tout. Mais pour ma part, la soirée a touché à sa fin dès le moment où mes mots ont franchi la barrière de mes lèvres.

— Putain mais qu'est-ce que t'as foutu, bordel ?!

Mon frère est fou de rage, et ça se comprend. Je prends une grande inspiration en pinçant les lèvres, la main dans mes cheveux.

— Tu te rends compte de ce que tu as fait ? Qu'est-ce qu'il t'as pris de l'humilier comme ça ?!

J'ai merdé, j'ai vraiment merdé. Je me suis comporté comme le plus gros des connards.

— Vu la discussion qu'on a eu l'autre fois, je n'aurais jamais pensé que tu pourrais dire une chose pareille !

Je n'ose même pas croiser son regard. Je m'en veux tellement :

— Putain Matéo ! Tu as vu son regard ou pas ?!

Il se place devant moi, me forçant à le regarder :

— Tu as vu son regard quand tu lui as balancé ça en pleine gueule ?!

Mon regard croise enfin le sien, et putain, je n'ai jamais vu mon frère dans une colère aussi frappante :

— Je...

Je ne sais même pas quoi dire. Bien sûr que j'ai vu son regard brillant de larme, que j'ai vu à quel point ce que je lui ai dit lui a fait terriblement mal. Le pire, c'est que je l'ai dit sans même le penser :

— Je ne pensais pas ce que j'ai dit.

Mon frère semble perdre les pédales à ce moment précis :

— Alors pourquoi tu l'as dit ?!

Il agite ses mains dans tous les sens, il est rouge de rage. Et sa question me fait vriller à mon tour :

— Parce qu'elle me terrifie, putain !

— Mais qu'est-ce que tu racontes, bordel ?!

— Elle me terrifie, Julien ! C'est une femme, une vraie. Elle a besoin de personne dans sa vie, et encore moins d'un homme ! Et surtout pas d'un gamin comme moi !

— Mais qu'est-ce que tu racontes ? s'exaspère-t-il.

— Mais vois la vérité en face ! Elle est indépendante sur tout ! Elle n'a besoin de personne ! Elle ne se réduit jamais à un homme qui lui fait du mal ! Elle ne perd pas son temps avec ce genre de connerie, elle sait ce qu'elle vaut et ce qu'elle mérite ! Cette meuf est une véritable femme, et ça me terrifie parce que je ne la mérite pas ! Je sais très bien que je serais accro à elle ! Ce n'est pas le genre de femme à courir après un homme ! C'est une femme, bordel ! Une femme qui peut rendre n'importe quel homme accro ! Putain, tu as vu à quel point elle garde la tête haute alors qu'elle vient de mettre fin à une relation de plus de deux ans ?! Je ne serais jamais à la hauteur, Julien !

J'ai débité tout ça à une vitesse folle. Je suis essoufflé, et vidé. Cette pensée ne faisait que me bouffer de l'intérieur, me bloquait avec elle bien que je mourrais d'envie de l'avoir pour moi.

— Mais tu lui as fait du mal ! Donc tu penses vraiment qu'elle reviendra vers toi, maintenant ?! (Il me fixe un instant). Tu es un abruti !

Il se dirige dans la cuisine pour se servir un verre d'eau. Il boit une grosse gorgée alors que j'attends désespérément qu'il dise quelque chose capable de me réconforter un peu. Il s'appuie contre l'évier, une main posée sur le bord de celui-ci, face à moi :

Un amour dans l'ombre, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant