Joy
— Mademoiselle Geffazo, pouvez-vous nous raconter ce qu'il s'est passé cette nuit-là ?
Alors, de la même façon que je l'ai raconté à l'hôpital, je raconte ce que Mathéo m'a fait subir. Je ne cesse de jouer discrètement avec mes doigts, stressée et mal à l'aise.
— Très bien, je vous remercie. Mathéo Graham est demandé à la barre.
Tandis que je me dirige à ma place, Mathéo prend place pour raconter sa version des faits. Mais vu les preuves, il ne pourra pas mentir bien longtemps.
Merci à ce témoin qui l'a vu me poignarder et s'enfuir comme un lâche. Mais contre toute attente, Mathéo ne ment pas aux questions qu'on lui pose, il ne contredit ni les juges ni les avocats, et répond de manière claire et précise.
— Bien, dernière question : pourquoi avez-vous fait cela ? cherche à comprendre le juge.
Je retiens ma respiration, ne le quittant pas des yeux. Il prend une grande inspiration et semble ailleurs. Puis :
— Je ne sais pas.
Menteur.
Mon dernier espoir qu'il assume la personne qu'il est vient de s'envoler.
— Bien. Nous allons à présent procéder à la délibération. L'audience reprendra dans dix minutes.
Je sors précipitamment de la salle, j'ai besoin d'air. Je suis rapidement rejoint par la bande :
— Tu as été parfaite, murmure Matéo en m'attirant contre lui.
— Tu as été extraordinaire, me parvient la voix de Luc. Si jamais ça ne fonctionne pas, ne sois pas déçue. Tu as fait tout ce que tu pouvais.
Je le remercie d'un sourire.
— En tout cas, tu t'es bien battue. Et tu as pris la bonne décision en l'amenant devant la justice, même si ce n'était pas gagné d'avance, me confie mon père.
— Je ne sais pas, on verra bien.
L'audience reprend, alors nous regagnons tous la salle, une ambiance électrique dans l'air.
Je sens l'air quitter la pièce lorsque je m'installe, et mes poumons s'oppresser. J'attends le verdict comme un condamné à mort qui attendrait la fin. Mes mains se font moites, je ne cesse de déglutir tant cette boule dans ma gorge ne veut pas me laisser tranquille, et j'observe les juges s'installer, analysant leur visage pour trouver une infime fibre de la réponse que j'attends.
— Bien, commence le juge. Nous avons délibéré en prenant en compte tous les éléments, et nous avons conclu au verdict suivant. Pour les chefs d'accusation suivants : violence physique avec aggravation sur la personne de mademoiselle Joy Geffazo, et violence verbale sur la personne de mademoiselle Joy Geffazo, durant leur relation passée, est reconnu coupable monsieur Mathéo Graham.
Des réactions commencent à se faire entendre dans la salle, et moi, je manque de m'évanouir tant la pression descend à vive allure.
— ... Pour agression physique et intimidation sur la personne de mademoiselle Joy Geffazo, est reconnu coupable monsieur Mathéo Graham, et condamne, à ce titre, l'accusé au règlement de dommages et intérêts en réparation du préjudice physique, mais également du préjudice moral engendré à mademoiselle Joy Geffazo, ainsi qu'une interdiction d'approcher la victime, ou de la contacter, quel que soit le moyen, pour une durée indéterminé. De plus, l'accusé est condamné à une peine de prison avec sursis de dix mois, et cela prend effet immédiatement. La séance est levée !
— On a réussi ! s'exclame mon avocat en me prenant dans ses bras.
— Sans vous je n'y serais jamais arrivé.
Il me serre davantage avant de me lâcher. Je regarde en direction de Matéo, mais je ne le vois plus. Puis, une main sur mon épaule me force à me tourner et il se trouve là, devant moi.
Mon Monsieur Muscles.
Prêt à me prendre dans ses bras, j'accepte son étreinte sans hésiter. Je suis si heureuse.
— Si tu savais à quel point je suis heureux pour toi, putain...
Je sens la passion dans sa voix, la sincérité. Mais je ressens aussi à quel point il relâche une pression qu'il avait contenu, que je n'avais même pas remarqué.
Mes parents arrivent à leur tour pour me prendre dans leur bras. Ils m'offrent un énorme câlin qui semble durer une éternité et qui me redonne du baume au cœur. Qu'est-ce que je les aime.
— Merci pour tout, finit mon père en remerciant mon avocat dans une poignée de main.
— C'est mon travail.
— Et vous avez fait un travail exceptionnel.
Les parents de Matéo et Julien, ainsi que Mégane arrivent à leur tour. C'est à ce moment que je constate qu'une bonne partie des gens présents il y a quelques minutes ont désertés.
— Félicitation ma petite Joy ! Tu le mérites amplement ! me dit sa mère.
Ma petite Joy. Un surnom si simple en apparence, mais qui me touche profondément. C'est bien la première fois qu'elle m'appelle ainsi.
— Merci beaucoup Sophie !
— Nous sommes très heureux pour toi, Joy, sincèrement. De toute façon, cette ordure ne méritait pas moins, me dit son père.
— Merci beaucoup, Luc.
— Nous allons devoir partir, malheureusement, nous avons un rendez-vous important, annonce sa mère.
— Pas de problème Sophie ! Vous n'étiez déjà pas obligé de venir, et vous l'avez fait, alors un grand merci.
Puis, elle fait quelque chose d'inattendu, elle me prend dans ses bras.
— De toute façon, nous nous reverrons plus vite que prévu, me chuchote-elle, pleine de sous-entendus.
Mes muscles se tendent un instant avant qu'elle desserre son étreinte et m'offre un large sourire. Je le lui rend en guise de réponse, essayant de cacher ma gêne.
— Les garçons, vous rentrez à quelle heure ? s'adresse-t-elle à ses fils.
— On ne sait pas, on verra en fonction de ce que l'on fait. Si on va fêter ça ou pas, lui répond Julien.
— Bien sûr qu'on va fêter ça, intervient Matéo.
— J'espère bien ! confirme ma meilleure amie.
— Alors on va fêter ça ! capitule joyeusement Julien.
— D'accord, tenez-nous au courant, leur demande leur mère.
— Promis.
— À ce soir !
Puis ils s'en vont. Mes parents nous disent au revoir à leur tour et s'en vont également.
Lorsque nous sortons du palais de justice, j'appelle Rudy qui n'a pas pu venir y assister pour s'occuper de sa mère, afin de lui raconter ce procès
Quelques minutes plus tard, je rejoins ma bande :
— Bon, on va fêter ça ? propose Matéo tout sourire.
— Avec plaisir ! s'enthousiasme Mégane.
— On fait quoi, alors ? On va boire un coup maintenant ou on se rejoint ce soir au Clark ? demande Julien.
— On peut faire les deux, non ? je propose, amusée.
— Ça, j'aime ! répond Matéo.
— Vas pour les deux ! rigole Julien.
Nous décidons donc de nous installer dans un bar pour boire quelques bières et décompresser de ce procès plus que stressant. Nous rigolons et jouons aux fléchettes. Les heures passent et nous rentrons nous préparer pour ce soir.
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Un amour dans l'ombre, Tome 1
RomanceJoy a une vie bien remplie. Entre ses études supérieures, la danse, le sport, son couple avec Sacha, son roman, les soirées et ses amis, elle sait mettre de l'ordre dans sa vie et l'organiser comme elle l'entend. Qui aurait pu croire qu'elle tombera...