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8 Janvier : Fournaise

Dès qu'il l'avait vu pour la première fois, QingMing avait été fasciné par les flammes dans les yeux du Chasseur. Elles brûlaient dans son âme autant que dans son cœur. Pour un Cultivateur, Boya était étrangement à la merci de ses émotions. Comme lui, sans doute. Mais si QingMing, la peine et la solitude dépassaient toutes les autres, c'était la colère, la rage même qui supplantait tout le reste chez le Chasseur.
Boya était un incendie vorace qui attendait le bon moment pour tout engloutir et tout consumer.
Et QingMing avait été engloutit et dévoré. Ce regard brulant avait fait fondre la glace qui avait lentement colonisé ses intérieurs depuis la mort de sa mère pour ne laisser qu'une coquille figée dans la perpétuelle détresse que la mort de son maitre avait intensifié plus encore.

Pour la première fois de sa vie, le demi-renard avait désiré se rapprocher d'un humain pour se réchauffer à la source de sa chaleur.

Mais Boya n'était pas la petite flambée d'un âtre bien contrôlé.

Boya était l'incendie qui ravageait la toundra lorsque venait l'été. Il disparaissait parfois. Tout au moins le croyait-on mais ce n'était que pour revenir plus fort, des jours, parfois des mois plus tard, après avoir rongé silencieusement la tourbe en sous-sol jusqu'à trouver de quoi renaitre à l'air libre et engloutir les pauvres malheureux qui se trouveraient au mauvais endroit au mauvais moment. Et QingMing était ce malheureux consentant.

A mesure que les jours passaient, QingMing avait lutté pour ne pas mettre ses deux mains dans le feu qui venait régulièrement lui lécher les orteils. Il voulait jouer avec. Il voulait le provoquer, le voir éclater jusqu'au ciel. Il voulait qu'il engloutisse la capitale et la dévore tout entier.

Comme une phalène est incapable de se retenir de venir se brûler les ailes, le renard démon était incapable de laisser en paix une telle masse de chaos ardent mal contrôlé. Pas alors qu'il faisait brûler dans ses veines des sensations qu'il avait oublié depuis si longtemps.

Les flammes dans les yeux de Boya avaient évoluées avec les jours passant.

Quand le nordiste avait failli être dévoré par le démon de la Princesse, les flammes s'étaient mises à bruler non plus pour le dévorer, mais à ronger Boya d'inquiétude. QingMing avait été à la fois extatique et l'avait détester. Il ne voulait pas voir Boya être rongé par ses propres flammes. Il voulait être sa victime consentante, la seule personne qui pouvait se noyer dans cette chaleur infinie.

Puis Zhuque avait dévoré Boya des siennes.

Le renard-démon avait hurlé de toute la force de son âme. A cette seconde, Zhuque était devenu à la fois son ennemi le plus terrible, bien loin devant le serpent, et la seule chose qui pouvait encore tous les sauver.

De nouvelles flammes s'étaient élevées. Boya l'avait sauvé.
Boya les avait tous sauvés.

Et Boya Zhuque s'était sacrifié pour lui, comme QingMing s'était sacrifié à son tour.

Sur un échange de sang aussi stupide que ridicule, Boya avait ouvert les yeux.
Dans son regard à présent doux et apaisé, le renard y avait vu le brasier qui le faisait frémir depuis qu'ils s'étaient rencontrés.

Les flammes étaient encore là. Elles seraient toujours là.

Mais cette fois, elles étaient chaudes et plus brûlantes. Elle étaient apaisantes et rassurantes.

Des flammes, toujours, comme si l'âme même de Boya s'était forgées dans le creuset de sa propre existence. Et que lui, misérable renard hait du monde avait le droit de se rouler en boule à ses pieds pour se réchauffer à sa fournaise de sa vie.