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11 Mars : Squelette (YYMDoE)

Boya avait fait preuve d'une incroyable retenue.

Vraiment, il était fier de lui-même. Depuis qu'il avait éliminé le Serpent avec l'aide de QingMing, il était devenu, à son corps défendant, une personnalité de premier plan pour l'Empire et le Trône. Le nouvel Empereur le faisait souvent venir auprès de lui pour discuter, lui poser des questions et lui demander conseil. Il n'y avait pas encore de nouveau Pretre Impérial, aussi Boya le remplaçait-il le manière informelle. Il avait bien signifié à L'Empereur que le poste ne l'intéressait pas. Il lui avait aussi subtilement rappelé qu'il n'avait pas été le seul à s'occuper du Serpent et que son ami tout neuf n'aurait rien contre s'éloigner du nord.
L'Empereur réfléchissait à l'idée. Boya insistait doucement quand il le pouvait mais pas trop non plus. Il se contentait de répondre qu'il ne savait pas quand c'était le cas mais qu'il pouvait demander à QingMing parce que lui saurait forcement. Que ce soit de la politique ou de la sociologie démoniaque, QingMing était bien plus compétent que lui sur ces sujets. Sa spécialité restait de cogner des trucs, QingMing de les réfléchir. Ils se complétaient parfaitement et seraient ensemble un avantage évident pour le Trône.

C'était aussi pour ne pas perdre ses chances de voir QingMing le rejoindre au Palais qu'il faisait preuve de retenue quand on lui jetait de la politique à la figure. Boya ne savait pas être assez subtil pour naviguer dans les méandres des esprits mesquins et tordus qui tentaient d'obtenir la moindre miette de pouvoir et d'or de la table impériale.

C'était aussi pour ca que l'Empereur appréciait à ce point le jeune chasseur. Pas seulement parce qu'il était un cousin éloigné. Boya ne voulait pas de pouvoir, il ne voulait pas d'or, il était très content de son sort et son seul désir se résumait à faire son boulot, passer du temps avec son ami et prendre soin de son temple. Pas forcement dans cet ordre. L'Empereur avait bien pensé à lui proposer d'épouser une de ses filles mais Boya avait refusé sèchement. Le mariage avec une princesse, très peu pour lui. Il n'aimait déjà pas la politique, ce n'était pas pour lui en coller jusqu'au fond de son lit. La réponse avait rire l'Empereur et désolé bien des filles.

Mais ce n'était pas le problème pour l'instant.

Pour l'instant, le problème principal de Boya était qu'il avait surpris une conversation entre deux hauts fonctionnaires. Il s'était retenu de les tuer parce que ca ne se faisait pas. Il hésitait aussi à prévenir quelqu'un mais qui ???

Les deux hommes étaient déterminés à lui faire du chantage pour le manipuler et utiliser son contact amical avec l'Empereur pour augmenter leur pouvoir auprès de lui.

La seule chose qui leur manquait était un moyen de pression contre Boya. Il devait bien y avoir des choses que Boya ne voulait pas qu'on sache sur lui. Des actions dont il avait honte et qu'il avait caché sous le tapis. TOUT LE MONDE avait des squelettes dans le placard. Même la plus douce des mères au foyer avait des choses qu'elle ne voulait pas voir étalée sur la place publique. Alors un homme comme Boya ? Ca devait être un cimetière entier qu'il avait dans ses placards.

Alors Boya était ronchon. Qu'avait-il fait à Zhuque pour qu'on veuille le faire chanter ? Il n'avait honte de rien, lui. QingMing par contre....

C'est donc un Boya ronchon qui avait finit sur la terrasse de son ami à boire du vin de prune avec quelques douceurs et qui pestait sur la mesquinerie du monde en un long monologue irrité qui faisait invariablement sourire QingMing.

Le demi-démon était heureux que Boya s'ouvre ainsi à lui alors qu'il ne parlait jamais à personne normalement. Boya ne ressentait pas le besoin de cacher le fond de son âme face à lui.

"- QingMing ? As-tu des squelettes dans tes placards ?" Lâcha soudain Boya qui tournait en boucle sur la même chose depuis son arrivée.

QingMing sursauta. Il s'était perdu dans la contemplation du visage de son ami. Il voulait embrasser ses lèvres si fort... Il se sentit rougir quand son camarade le sortit de ses pensées par sa question.

"- ... Tu veux dire... Figurativement ou réellement ?"

"- ... Le simple fait que tu me demandes de préciser m'inquiète, mon ami."

Le renard eut la grâce d'un sourire penaud.

"- Je ne vois pas de quoi tu veux parler, mon cher Chasseur."

"- ... QingMing..."

"- C'est toi qui pose des questions !"

Le Chasseur se passa la main sur le visage. Voulait-il vraiment savoir ?"

"- QingMing..."

"- Tu te rappelles que MiChong t'as dit de ne jamais ouvrir le placard bleu à coté de la réserve de sel dans la cuisine ?"

Le Chasseur resta immobile une seconde avait de filer avec un juron pour la cuisine.

QingMing soupira doucement. Des squelettes dans les placards ? Bien sur que QingMing en avait. Et des écuries pleines en plus. On ne grandissait pas au Yin Yang sans avoir plein de chose à cacher dans ses manches. Plus encore quand on était l'élève du chef de secte, pire lorsqu'on était un demi-sang de renard-démon.

Le rugissement du chasseur ne fut pas vraiment une surprise. Le maître des lieux rejoint son ami.

"- Tu étais prévenu, Boya."

Le Chasseur menaçait de son épée un squelette correctement rangé dans son placard.

"- QUI a un squelette dans un placard !!!" Non mais lui il parlait de trucs louches, pas de VRAI squelette, hein.

"- Excusez moi, mais puis-je savoir pourquoi on vient troubler mon repos ?" S'irrita le squelette.

Boya lâcha un coassement d'outrage. Le squelette venait de PARLER ??? VRAIMENT ???
Et il les fixait de ses orbites vides avec les mains sur les hanches ? VRAIMENT ????

"- Boya, je te présente Fangzi."

Le chasseur resta interdit un long moment.

"- .....QingMing... Vraiment ?"

Avant, il aurait été incapable de comprendre. Avant, il aurait été tout simplement incapable de concevoir ce qu'il trouvait maintenant évident.

"- Boya ?"

"- ... Ce Squelette est l'âme de la Maison ?"

"- Il est moins bête qu'avant, Maître. Vous devriez le garder." Approuva le Squelette.

QingMing lutta une fois de plus pour ne pas embrasser son chasseur. C'était chaque jour plus difficile.

"- Boya n'a jamais été bête. Juste... Obtus. Aie."

Mais Boya souriait en le tapant sur le bras.


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