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6 Mai : Plumes (YYMDoE)


Zhuque était un dieu-gardien qui avait été oublié pendant des années. Comme ses frères, on ne s'occupait pas de lui sauf quand on avait besoin de sa protection. D'accord c'était son boulot. Il avait signé le contrat (sans le lire) bien des siècles passés. Mais quand même ! Les humains lui devaient aussi quelque chose ! Un marché, ça allait dans les deux sens. Et bien pas pour ces ingrats.

C'était pour ça que la présence régulière de l'humain qui lui avait offert sa vie, avant qu'il ne la lui rende, pour lui offrir offrandes et prières le laissait suspicieux. Qu'est ce qu'il voulait de lui ???

Mais à mesure que l'humain continuait à venir avec juste des remerciements pour lui, des offrandes et de plus en plus fréquemment la présence de son ami démon végétarien que le dieu-gardien avait aidé à sauver, Zhuque se laissait petit à petit convaincre qu'ils ne voulaient effectivement rien d'autre que le remercier.

Et ses frères.

Les quatre dieux gardiens étaient encore assez réveillés pour pouvoir communiquer entre eux pour quelques temps encore avant que l'énergie qui leur restait ne se tarisse et qu'ils se rendorment. Ce moment était repoussé par les offrandes des deux prêtres ainsi que des habitants qui avaient décidés de les imiter. Si des prêtres le faisaient, il devait bien y avoir une raison. Avec les dieux, on était jamais trop prudent. Surtout avec la calamité écailleuse qui leur était tombé sur le râble récemment. Les simples péons avaient la mémoire courte mais moins que les nobles. Les nobles ne souffraient pas assez pour avoir besoin de se souvenir de ceux qui leur rendait service ou leur offrait protection.

Les quatre Protecteurs de la Capitale en étaient venu à la conclusion que les prêtres étaient honnêtes dans leur intérêt. Ils ne voulaient rien d'eux, juste les remercier.

Alors les quatre dieux gardiens avaient décidés de pousser un peu les choses. Et si c'étaient eux qui avaient quelque chose à demander ?

Zhuque était celui qui était le plus proche des deux amis aussi avait-il été chargé par ses trois frères de les titiller un peu.

Lorsque le couple était venu le voir la fois suivante, il avait utilisé une partie du qi qu'il lui restait pour s'adresser aux prêtres.

Pouvaient-ils lui rendre service ?

Les deux hommes s'étaient immédiatement prosternés. Que pouvaient-ils faire pour le Seigneur Zhuque ?

La demande les avait stupéfié mais ils avaient été prendre brosses, savons et balais pour nettoyer sa statue toute neuve jusqu'à ce qu'elle soit rutilante. Sans même que les autres le demandent, ils avaient fait subir le même traitement aux trois autres statues couvertes de mousses. S'ils ne venaient pas le faire eux-mêmes parce qu'ils avaient tous les deux des responsabilités, ils s'étaient débrouillés pour organiser une rotation des jeunes shidi de JingYun et des temples de la capitale pour s'occuper des statues.

Zhuque en était un peu irrité quand ce n'était pas les deux prêtres qui venaient lui polir la pierre. Il prenait plaisir à ce que les deux hommes s'occupent de lui. Il aimait cette relation privilégiée avec "ses" humains.

Zhuque était possessif.

S'il était content qu'ils s'occupent aussi de ses frères, il aurait largement préféré qu'ils laissent ses trois collègues aux shidi des différents temples et qu'ils ne s'occupent que de lui.

Sa jalousie amusait grandement ses frères. Ils voulaient bien se contenter des disciples s'il arrivait à convaincre les deux prêtres de se concentrer sur lui.

Zhuque n'avait pas laissé passer sa chance.

C'était pour ca qu'il avait concentré tout ce qui lui restait de force disponible pour se débarrasser une fois de plus de son carcan de pierre.

Les deux humains s'étaient à nouveau jeté par terre pour le saluer. Zhuque se fichait des péons qui criaient devant la présence physique du dieu gardien.

"- Seigneur Zhuque." Boya était fasciné par la présence réelle et physique du protecteur de la capitale.

"- Je suis content de vos services." Approuva Zhuque.

"- Vous nous en voyez ravi." Souriait QingMing, quelque peu crispé et sur la défensive.

Il ne voulait pas que Zhuque tente de reprendre Boya. C'était la seule explication qu'il voyait à sa présence.

"- Que pouvons nous faire pour vous ?" S'enquit encore Boya.

Zhuque secoua ses plumes. Plusieurs tombèrent au sol où elles disparurent en fumée noire.

"- J'ai besoin qu'on me brosse." Encore. Mais pas son corps de pierre cette fois.

Boya se retint difficilement d'éclater de rire. Le ton absolument satisfait du dieu gardien était cocasse.

"- Le temps de trouver des brosses, Seigneur Zhuque."

QingMing ouvrit un portail. Son propre matériel de toilettage ferait bien l'affaire, non ? Au moins pour cette fois.

Il ne fallut pas longtemps pour avoir un Zhuque tout roucoulant assis sur ses pattes avec deux prêtres occupés à lui brosser les plumes ou à quatre pattes devant lui pour lui nettoyer les pattes comme les serviteurs divins qu'ils étaient. Et un cordon de sécurité organisé par la Garde pour que les simples gens ne s'approchent pas il ne fallait pas rigoler. Et s'ils ne laissaient pas non plus passer les nobles, qui pouvait le leur reprocher quand le bec du dieu-gardien faisait la taille d'un bonhomme et était acéré comme une épée ? L'Empereur voulait vraiment tenter sa chance ?

Zhuque finit par s'ébrouer. Il se sentait bien mieux comme ca !

Et maintenant qu'il n'avait plus de statue ? Il faisait quoi ? Ha. Il n'avait pas pensé à ça. Il faisait quoi maintenant ? Surtout qu'il n'avait AUCUNE envie de subir les couinements pathétiques ses simples mortels, quelque soit la qualité de la soie qu'ils avaient sur les fesses. Non, non, non. Il voulait SES deux humains. Les autres pouvaient aller se faire voir.



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