65/366

5 1 0
                                    

5 Mars : Cicatrices 2 (YMDoE)


L'aube était proche.
Contrairement à ce que chacun aurait pu attendre d'un dandy comme QingMing, c'était toujours lui qui ouvrait les yeux le premier.

Il aimait ce moment de silence où Boya dormait sans bruit dans ses bras. Si QingMing s'endormait la tête sur l'épaule de son compagnon, il se réveillait invariablement avec la joue de Boya sur son torse. Il aimait que Boya lui fasse ainsi confiance pour garder son sommeil. Le chasseur était invariablement si fort, si en contrôle de lui-même et de son environnement que le nordiste prenait comme un privilège qu'il accepte de baisser ses barrières pour lui.

Lorsqu'il était ainsi pressé contre lui, Boya aurait presque pu faire frêle et petit. Cette aura de force et d'autorité disparaissait lorsqu'il dormait contre lui, très occupé à récupérer de leurs nuits d'amour. Ce ne serait que lorsqu'il aurait ouvert les yeux que Boya reprendrait lentement la stature qui faisait de lui l'Empereur du cœur de QingMing. Lentement parce que Boya n'était pas du matin. Il allait frotter sa joue contre son torse, marmotter dans un demi sommeil, s'étirer contre lui jusqu'à ce que passe sa raideur matinale contre sa cuisse. Petit à petit, il reprenait conscience du monde autour de lui. Petit à petit, ses sourcils se fronçaient. Ce n'était que lorsqu'il se redressait dans le lit qu'il était à nouveau le chasseur que tous craignaient, Empereur inclus.

Mais pour QingMing, Boya restait toujours Boya. Lorsqu'il dormait dans ses bras, il était juste son A-Ya, une tête de mule adorable bien trop beau pour son bien et celui de l'Empire, au caractère de cochon et au postérieur qui rendait invariablement jaloux quiconque avec la chance d'en avoir un vague aperçut.

Un petit grognement échappa au chasseur alors qu'il se pressait un peu plus contre QingMing.

Il rêvait.

Sous les doigts du maître du yin yang, l'avant-bras de son compagnon se raidit d'une crampe violente comme il en avait parfois depuis qu'il avait reveillé Zhuque. Le muscle avait souffert. Si Boya restait le meilleur archer de la capitale et de JingYun, il ne tirait plus aussi loin qu'avant. Il faudrait encore bien longtemps avant que les dégâts se réparent entièrement. Si tant est qu'ils se réparent un jour. QingMing pressa doucement ses doigts sur la cicatrice pour en estimer la souplesse. Ce n'était plus le nœud dur et congestionné qui avait faillit lui couter son bras. L'infection avait disparue. Les chairs tuméfiées aussi. La cicatrice interne se résorbait lentement. Comme chaque matin avant que son amoureux n'ouvre les yeux, QingMing faisait couler un peu de son qi dans sa cicatrice pour l'assouplir. Son qi qui restait dans ses méridiens de leurs étreintes se réveillait lui aussi et rafraichissait la brulure permanente que Zhuque lui infligeait. Le Dieu Gardien avait laissé la cicatrice de sa présence dans les méridiens de son adorable chasseur. Il ne le blessait pas, mais la flamme au creux du ventre de Boya brûlait aussi fort que le neige brûlait au fond du ventre de QingMing.

Comme chaque matin, le renard regrettait de ne pouvoir monter le bras de son amant à ses lèvres pour embrasser la marque de sa dévotion à sa charge et de sa confiance totale en son amant sans risquer de le réveiller.
QingMing aimait Boya de toute son âme. Si les cicatrices sur sa peau l'attristaient toujours, elles étaient aussi chacune comme une médaille de plus dans l'excellence qu'était le chasseur.

Un baiser le sortit soudain de ses réflexions. Les yeux embrumés de sommeil de son Boya étaient aussi brillant que son sourire endormit.

"- Bonjour mon Boya."

La journée à venir serait belle. Elles l'étaient toutes quand QingMing avait le chance de se réveiller avec son Boya entre ses bras.


WriYeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant