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9 Avril : Sérénité (YYMDoE)

Boya avait toujours été un garçon des plus énervé.

Quoi que énervé ne soit pas le bon mot. En colère, furieux ou simplement enragé d'être vivant aurait collé davantage.

Boya avait arrêté d'être heureux de vivre le jour où il avait vu sa mère mourir sous ses yeux.

Depuis, le petit gamin heureux de vivre qui se fichait quelque peu que son père méprise son existence avait appris la peur, le dégout et ce qui ne prendrait pas longtemps à devenir de la haine.

Haine des renards bien sur.

Haine des démons en général évidemment.

Haine de son père qui n'avait jamais rien fait pour eux.

Haine pour sa propre faiblesse lui qui n'avait rien pu faire pour sa mère malgré ses sept ans pas encore trop usés et son manque total d'entrainement.

Mais haine de lui-même surtout pour son incapacité à dépasser cette rage qui l'empêchait parfois de respirer correctement.

Il avait mis des années à reprendre le contrôle de lui-même. Ou tout au moins l'avait-il cru.

Il avait mis des années à réaliser que ce n'était pas sa faute, qu'il n'était qu'un

petit garçon qui ne pouvait faire le poids face au monstre qui avait tué sa mère, Boya n'était

qu'un petit enfant fragile qui aurait du être protégé par son géniteur.

Avec les années, il en était venu à se demander si son père n'aurait pas été capable de faire assassiner sa mère, Juste parce que son existence l'irritait.

Elle était fière, sa mère. Aussi belle que fière. Elle n'avait jamais voulu épouser son père mais il y avait bien longtemps que plus personne ne demandait leur avis aux femmes. Qui se souciait de ce que voulaient les utérus sur pattes qui naissaient au sein de la noblesse ? Leur seule fonction était de produire des héritiers, de s'occuper de leur famille et de satisfaire leur époux de toutes les façons qu'on pouvait l'exiger d'elles.

Mais elle était fière, sa mère. elle était aussi fière qu'il était furieux. Elle avait

tenu tête à son mari. Il devait sans doute tenir d'elle.

Elle s'était battu pour que son fils soit quelqu'un. Jusqu'à sa mort, elle s'était battu pour que son père lui reconnaisse son statut d'Héritier de la famille même si elle n'était qu'une énième concubine. Elle l'avait mis en colère. Assez pour qu'il la fasse tuer ?

Même vingt ans après, Boya restait certain que c'était ce qui s'était passé. Il connaissait suffisamment les renards démon maintenant pour trouver son comportement louche. Alors la colère avait éclatée une fois de plus lorsqu'il avait entendu son géniteur rire de la mort de sa mère pendant une réception au palais. Elle l'avait consumé une fois encore jusqu'à ce qu'il ne reste plus au fond de son cœur qu'une boule de rage. aussi brûlante que noire. Une rage profonde qui l'avait totalement engloutit.

Il avait rouverts les yeux sur le ciel bleu, des petits nuages moutonneux et un calme qu'il

n'avait jamais connu.

Il avait tourné la tête pour tomber sur le sourire tranquille de QingMing.

Il n'avait rien dit. Il lui avait apporté une tasse de thé qu'il l'avait aidé à avaler.

"- Tu nous as fait très peur, Boya." Avait-il soufflé. "Si j'étais arrivé cinq minutes plus

tard, tu nous aurait quitté."

Le chasseur était surpris. De quoi parlait QingMing ?

"- Lorsque ton Shifu m'a appelé..." le nordiste ferma les yeux. "Comment te sens-tu ?"

"- ... Bien... tellement bien." La boule de rage noire au fond de son cœur avait totalement disparu. "Calme... Serein..."

Le demi-démon hocha la tête.

"- Bien... très bien."

"- QingMing... Qu'est ce qui s'est passé ?"

Le nordiste hésita.

"- Boya..."

"- QingMing ?" Son ami commençait à l'inquiéter. Inquiétude qui disparu de lui avant même qu'elle ne l'étouffe. "Qu'est ce qui m'arrive ?"

Sha ShengShi posa une main sur l'épaule du chasseur. La chaleur du démon lui semblait glacée.

"- QingMing ?"

"- Je suis désolé, Boya. J'ai réussit à sauver ta vie mais... pas ton humanité."

Boya resta interdit. Une bouffée de terreur monta une seconde avant de disparaitre. Quelque chose l'avait quitté.

"- Qu'est ce que je suis devenu ?"

"- Un démon de colère j'en ai peur."

Alors qu'il se sentait si calme ? Si serein ? Comment ? ha... oui... les démons de colère se nourrissaient de la rage des autres. C'était pour ca qu'on ne les tuait jamais. Ils étaient trop utile dans une ville.

"- ... ho... Je peux devenir ton shishen alors ?" Oui, ca lui ferait plaisir.

QingMing faillit s'étouffer avec sa salive.

"- Boya ?"

"- Je suis fatigué."

"- Repose toi, Boya."

Le chasseur s'accrocha à la main de son ami. Il était serein maintenant. Il était bien. Il se sentirait encore mieux quand il lui appartiendrait pour de vrai.