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25 Juin : Nitescence(Mo Dao Zu Shi / The Untamed)


Lan Wanji observait sa famille élargie derrière ses paupières mi-closes au milieu de sa méditation.

Il était bien sûr réveillé depuis cinq heures du matin. Il avait eu le temps de dérouler sa routine dans l'attente du réveil de son Wei Ying.

Nombreux étaient ceux qui voyaient d'un mauvais œil que le Patriarche de Yilling vive au sein de Cloud Recessed. Quand il était plus jeune, Lan Wangji s'en était soucié. S'en serait soucié encore sans doute si sa secte n'avait pas perdu ce droit lorsqu'ils avaient participé au meurtre de son mari et que les anciens l'avaient puni pour être le seul Lan à avoir gardé sa rigueur morale.

Jamais il n'oublierait.

Jamais il ne pardonnerait.

Ils ne le méritaient pas.

Et si quasi tous les anciens responsables étaient morts, il ne les regretterait pas une seconde. On lui avait reproché de ne même pas se présenter à leurs obsèques mais après tout, les règles même de la secte interdisaient aussi bien de pleurer excessivement les morts que le mensonge. Il serait bien le dernier à regretter leur disparition. Aller à leurs obsèques aurait été pire qu'un mensonge.

Huaisang c'était bien amusé avec eux. Même si Lan Wangji ne l'avait pas su à l'époque, c'était au chef de secte Nie qu'il devait une partie de sa vengeance. Le Nie était très doué pour la vengeance. Autant que lui pour la rancune.

A eux deux, ils faisaient une belle paire de salopards sous l'apparence de gens biens.

Comme ils n'étaient pas les seuls et que la quasi intégralité de leur génération et de la précédente (surtout la précédente) était ignoble, ça faisait ton sur ton sans doute. Plat de nouilles sur plat de nouilles, personne ne faisait la différence.

Un infime sourire monta aux lèvres du trentenaire. Son Wei Ying s'était enfin sortit du lit vers le milieu de la matinée, comme tous les jours ou presque. Il ne se couchait que rarement avant la minuit sauf si Lan Zhan l'y entrainait gentiment. il ne dormait pas davantage que lui, même moins. Les horaires du Patriarche de Yilling étaient juste différents de ceux des Lan. Il n'y avait pas de quoi en faire un drame malgré les hurlements des anciens.

Plus les années passaient et plus Lan Wangji trouvait la majorité des règles qu'il avait suivit à la lettre depuis son enfance aussi stupides que ridicules au mieux, irritantes parfois, voir carrément contre productives ou iniques pour d'autres. Ses parents n'avaient été que des victimes parmi bien d'autres de cette frénésie d'oblitération de la conscience individuelle sous couvert de respectabilité. Personne ne tuait sans raison. Sa mère avait tué un ancien de la secte. Oui. C'était un fait. Mais personne n'avait posé la question de savoir pourquoi. Wangji en avait eu assez. Drapé dans sa nouvelle autorité de régent en attendant que son frère sorte de séclusion, il avait forcé les anciens et son oncle à se rassembler.

Avec l'aide de talismans de son Wei Ying, il les avait immobilisés.

Avec l'aide de son fils et de Jingyi... Non... avec l'aide de ses deux fils, il les avait silencés pendant qu'il prenait son guqin et appelait les mânes de ses parents avec Inquiry.

Les anciens avaient été scandalisés de son audace. Son oncle avait hurlé en silence. Mais ils avaient été forcés d'écouter les réponses des deux esprits.

Sa mère avait-elle tué l'un des professeurs les plus vénérable et respecté du clan ? Oui.

Pourquoi ? Pour se protéger de l'homme qui avait voulu la violer et la tuer comme il l'avait fait moult fois avec les années. Ce n'était pas pour rien qu'elle trainait du côté de la secte depuis quelques mois. Sa mère était une Indépendante qui avait été embauchée par des parents qui voulaient des réponses sur la disparition de leurs filles qui étudiaient au sein de la secte. Pourquoi personne n'avait rien dit ? Pourquoi personne n'avait posé de question ? Ce n'était pas des cancans ! C'étaient des faits ! Aussi surement que sa mère avait du tuer pour se protéger.

Son père avait décidé de se mettre en séclusion parce que c'était sa seule chance de sauver la jeune femme. II l'avait épousé pour la sauver. Il n'y avait jamais eu d'amour entre eux mais du respect et de l'amitié, Rien de plus.

Leurs enfants étaient nés contraints, conçus par des parents forcés et drogués par les anciens, encore les anciens, toujours les anciens.

Les rares de cette époque encore en vie avaient protestés malgré l'impossibilité des esprits de mentir à Wangji. Ce dernier avait ordonné leur bannissement sans la moindre pitié, il les aurait bien fait tuer mais...

Ho, il faisait confiance à Huaisang pour qu'il leur arrive un accident. Apres tout, ils étaient de loin responsables aussi de la mort de Wei Ying et de Nie Mingjue. Information sur laquelle Lan Zhan avait bien insisté dans sa lettre à son ami.

"- Lan Zhan !!!"

Le poids de Wei Ying dans ses bras le fut sourire un peu plus. il savait que ses yeux brillaient de plaisir de l'avoir ainsi contre lui. Comme il voyait l'affection briller dans les yeux des canetons qui suivaient en permanence son Wei Ying.

Malgré les règles qui interdisait le contact avec le jeune homme, les plus jeunes s'en fichaient totalement. Qui pouvait les punir ? Le Premier Disciple en charge des punitions? Comme si Lan Jingyi allait reprocher et interdire à quiconque le contact avec Wei Wuxian alors qu'il était l'un de ses premiers canetons ?

Lan Qiren avait laissé tomber. Il avait bien essayé de crier mais sa violence verbale s'était heurtée au disciple en charge des punitions, justement. Croyait-il vraiment que parce qu'il était un ancien il ne devait pas respecter les règles encore plus que les autres ? Qu'il ne devait pas être le premier promoteur de ce qu'il réclamait des jeunes ? C'était son boulot de donner le bon exemple.

A sa grande stupeur, le vieux cultivateur s'était retrouvé assis de force devant un bureau avec des lignes à faire. A son âge !

"- Wei Ying à bien dormit ?"

"- Toujours avec mon Lan Zhan!" Assura le jeune homme avant de fuir ses bras avec entrain.

Les Juniors le suivirent alors qu'il filait en sens inverse pour aller faire son cours de talismans à ses élèves. Même si les anciens voulaient interdire tout contact avec lui, ils l'avaient en même temps chargé de cours et d'encadrement des Chasses Nocturnes des plus jeunes. Malgré tout, ils ne pouvaient pas ne pas reconnaitre ses capacités et ses compétences. Il était le meilleur maitre de talismans de toute la Cultivation depuis des années. Ceux qui avaient la chance d'être ses élèves en sortaient grandis, quelque soit leur origine. Wei Ying enseignait indifféremment aux enfants de serviteurs ou aux héritiers de sectes. Avec lui, tout le monde était égal. Tout le monde avait la chance de briller en fonction de leurs compétences. Pourtant, aucun ne brillait davantage que son Wei Ying aux yeux de Lan Wangji.

Et pas qu'aux siens.

Voir son Wei Ying avec ses canetons lui réchauffait plus le cœur qu'il n'aurait pu l'espérer. Lui qui avait vécut treize ans dans la dépression la plus noire, juste sauvé par la présence de son fils adoptif, retrouvait lentement une joie de vivre qui l'avait déserté avec la mort de sa mère.

Dans le froid carcan qu'était Cloud Recessed, de nouvelles petites lueurs d'espoir s'allumaient chaque jour un peu plus grâce à la lumière vibrante qu'était son Wei Ying. D'ici à ce que tous les anciens meurent, que les maitres actuels deviennent des anciens à leur tour et qu'ils défuntent à finalement, la Secte Lan serait libérée de tout le poids de l'hypocrisie qui avait jeté à bas toutes ses valeurs pour le pouvoir égoïste de quelques-uns, drapés dans leur vision obtuse faussement rigoriste des espoirs sur lesquels Lan An avait fondé sa secte. Et si un certain chef de clan aidait un peu à ce que tous ces vieux rogatons aient quelques problèmes de santé, Lan San serait bien le dernier à en fait la remarque. Pas de cancans après tout.

Et si les Wen avaient brulé Cloud Recesse, ce serait la chaleur aveuglante de son Wei Ying qui leur permettrait vraiment de se libérer des scories de leur immobilisme.

Lan Zhan voulait bien s'y bruler les rétines si c'était pour ne voir que la lumière que son Wei Ying avait finalement apporté dans sa vie et celle de tous ceux qui avaient le cœur et l'esprit assez larges pour accepter un autre paradigme.



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