Chapitre 1.1 - Mary

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Alors que j'étais concentrée dans l'étude d'un dossier, mon téléphone se met à sonner bruyamment. Je lève les yeux au ciel et, du bout des doigts, je l'attrape. Celui-ci est, bien entendu, habillé d'une sublime coque représentant des tulipes. Enfin, je découvre le nom de celle qui a décidé de me déranger malgré l'heure tardive.

— Aimee ? demandé-je en décrochant. Je sais que t'es enceinte tout ça, mais m'appeler à onze heures du soir en pleine semaine...

J'ai une bonne excuse ! me coupe mon amie et collègue.

— Continue, soupiré-je, persuadée qu'il n'y avait rien d'urgent à me contacter à une telle heure.

C'est par rapport au cabinet, lâche-t-elle finalement.

Je fronce les sourcils. Avec le stade avancé de sa grossesse, Aimee n'est plus censée travailler depuis un petit moment maintenant. Pourquoi me parle-t-elle du cabinet alors qu'elle s'est efforcée pendant plusieurs semaines de ne pas le mentionner pour éviter le stress ? Il faut dire qu'être avocate et gérante, ce n'est pas de tout repos. Entre les victimes des plus atroces violences, les criminels que nous devons défendre et toute l'administration liée à l'entreprise, notre métier est plutôt exténuant.

— Si tu t'inquiètes de comment ça va au boulot, je te rassure tout de suite, tout fonctionne comme sur des roulettes.

Non, en fait, un client a besoin d'aide immédiate.

— Et bien entendu, tu as dit non parce que je suis en congé.

Un instant, elle ne répond rien.

— Aimee ? Tu me caches quoi, exactement ? Déjà, comment ça se fait que tu reçoives un appel d'un de tes clients ? Tu avais pourtant donné mon mail à tous pour qu'ils me contactent directement en cas de besoin. Non ?

Oui. Oui, je l'ai fait. Mais c'est un client VIP.

— On a pas de clients VIP dans le cabinet, Aimee.

Il en ferait partie si on le faisait. On devrait y penser, d'ailleurs.

— D'accord. On verra à ton retour. Sinon, viens-en au fait. J'aimerais bien ne pas tarder à aller au lit.

Elle se marre mais m'ignore pour continuer son monologue.

Bref. Il est hyper beau et en plus, il est médecin. Liste VIP, je t'ai dit !

Nous y voilà. Je me disais aussi qu'elle n'appelait pour rien de très important. J'aurais pu me passer de l'entendre s'extasier une énième fois sur l'un des hommes qui constitue notre liste de clients.

— Je raccroooooooche, la menacé-je alors que je mets le téléphone en fonction haut-parleurs.

Non ! s'exclame-t-elle. Attends, attends. C'était juste un détail. Je te promets que c'est important.

D'un soupir, je lui réponds de manière volontairement désagréable.

— Crâche le morceau, grand-mère.

Ah non, je ne suis même pas encore maman. Je suis trop jeune pour être grand-mère !

J'éclate de rire. C'est fou comme la grossesse paraît lui avoir effacé l'humour du cerveau. Je ne sais pas si elle le fait exprès ou si c'est les hormones, mais une chose est sûre, elle m'a répondu bien trop sérieusement pour avoir compris que ce n'était qu'une simple blague.

— Oui, on sait. Crache le morceau et arrête de fuir la discussion. Sinon, je raccroche.

D'accord, d'accord... souffle-t-elle, n'appréciant manifestement pas mes menaces. Ce client vit maintenant à Londres et je lui avais dit qu'il pouvait garder mon contact s'il en avait besoin.

The Tulips Between Us [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant