The Tulips Between Us [EN PAUSE]

Chapitre 6.1 - Mary

Après plusieurs heures à me promener le long de la Tamise, je rentre finalement à l'appartement de Aedlin. Je suis frigorifiée d'avoir passé tant d'heures à l'extérieur, et je suis bien contente de pouvoir enfin être au chaud et de me détendre. Je déverrouille la porte de l'appartement et y pénètre. Je me débarrasse de mes chaussures et de mon manteau puis me dirige vers la cuisine, espérant y trouver un vase pour la tulipe toujours dans mon sac.

— Tu es rentrée, me dit Aedlin en me rejoignant.

Je me retourne et souris.

— Je viens d'arriver, oui.

— Ta promenade en ville s'est bien passée ?

— Très bien, oui.

Je me tais une seconde.

— Tu aurais un vase ?

Aedlin acquiesce et se dirige vers son salon avant de revenir avec un contenant en verre. Elle le rempli d'eau et me le tend.

— Pourquoi tu en as besoin ? s'inquiète-t-elle.

— Mon client m'a offert une tulipe blanche. Elle est belle, donc je veux la conserver un maximum de temps.

— Tu as déjà une touche ? se marre-t-elle.

— C'est mon client. Je ne suis pas du genre à me taper mes clients.

— C'est dommage, il est gentleman. Tu as une photo de lui ? Je suis certaine qu'il est canon, en plus.

Je souris une seconde et me remémore à quel point je l'ai trouvé beau dès son arrivée.

— Il l'est, c'est vrai. Mais non, je n'ai pas de photo de lui, ce serait sacrément bizarre, tu ne crois pas ?

Elle réfléchit une seconde.

— Oui, j'avoue. Quelle avocate a une photo de son client ? demande-t-elle ironiquement.

— Aimee ne m'en a pas donné. On fait avec ou sans, ça ne nous intéresse pas spécialement.

— C'est un choix.

J'acquiesce silencieusement et rejoins ma chambre pour déposer la tulipe blanche sur le bureau. Elle orne parfaitement la pièce lumineuse et moderne, se fondant délicatement dans le décor. Je m'assoie un instant sur mon lit encore défait du matin et soupire avant de m'y étendre en étoile de mer. Je prends une grande respiration et profite de ce moment de calme et de sérénité. J'ai l'impression que je n'ai pas connu ça depuis tellement longtemps. Ma vie à Glasgow est stressante, je cours constamment partout – entre le cabinet, mon appartement et celui de Aimee. Je pensais que ce serait pire à Londres tant c'est connu pour être une ville mouvementée, mais je me sens mieux que jamais. Comme si j'étais à ma place.

Trois coups à ma porte me font me redresser. Aedlin est là, aussi souriante qu'à son habitude.

— Tu n'es pas encore partie à la douche ? s'étonne-t-elle.

— Je pensais me reposer un peu. Je suis crevée de ma journée.

— Tu n'as même pas trente ans, bouge ton cul ma cocotte. Hors de question que tu échappes à la sortie dont je t'ai parlé. Tu vas me faire le plaisir de courir laver toute cette saleté.

Je hausse les sourcils.

— Je n'ai pas le choix, hein ?

— Absolument pas. Tu y vas par toi-même ou ce sera par la force !

J'éclate de rire et elle me rejoint aussitôt. Je glisse alors de l'autre côté du lit et attrape du bout des doigts quelques produits d'hygiène et une robe noire qui rendra mes cheveux roux plus saturés que jamais. Aedlin acquiesce en l'observant.

— Tu vas attirer tous les regards dans cette tenue.

Je souris.

— Je pensais y ajouter des Docks et une veste en cuir. Tu en penses quoi ?

— J'en pense que tous les mecs vont te sauter dessus.

— Ce n'est pas le but, grimacé-je à cette idée.

Je sors avec Aedlin pour passer du temps avec elle, pas pour finir dans le lit d'un inconnu.

— Peut-être, mais les hommes sont faibles. Il faudrait être sacrément con pour ne pas avoir envie de te gérer en te voyant.

— Les hommes sont faibles et cons, la corrigé-je.

— T'a pas tort. Et pourtant on ferait tout pour trouver l'homme de notre vie.

Je hausse les épaules. Ferais-je tout pour trouver l'homme de ma vie ? Jusqu'ici, j'ai couché avec quelques hommes par-ci, par-là à quelques soirées, j'ai eu des flirts et même parfois des petites histoires de quelques semaines. Je n'ai rien vécu de sérieux. Même si j'en rêve en lisant et en écrivant les plus belles romances du monde, je ne suis pas certaine que je me suis déjà un jour imaginer une telle vie. Je me suis toujours vue comme une femme indépendante, solitaire et bosseuse qui n'a pas le temps pour connaître l'amour. Pourtant, je devrais le savoir, c'est quelque chose qui nous tombe dessus même – surtout – lorsqu'on ne s'y attend pas.

— Allez, va à la douche, craspouille !

Je pouffe comme une enfant et me dirige sans plus attendre jusqu'à la salle de bain attenante. Une fois la porte fermée, je me débarrasse de mes vêtements du jour et glisse sous l'eau en prenant soin de ne pas la laisser atteindre mes cheveux. Je les ai lavés récemment et il n'est pas question que je prenne des heures à les sécher pour ressembler à un lion.