Immédiatement, je me retourne et espère qu'il s'imagine que je ne l'ai pas vu. Je ne veux pas donner l'impression que je l'évite, quand bien même c'est exactement ce que je fais. Je découvre alors que je suis dans un café et que je n'ai plus d'autre choix que de commander si je ne veux pas avoir à croiser le regard de Cayden une nouvelle fois. Si je tente de quitter l'endroit maintenant, je lui ferai forcément face.
J'opte alors rapidement pour un café à emporter et demande le code des toilettes afin de fuir la présence de Cayden dans le magasin. J'y passe plusieurs minutes avant d'en ressortir discrètement en regardant autour de moi. N'apercevant pas mon client, je me détends. Il est probablement juste venu prendre une boisson et est reparti aussitôt après avoir compris que je ne l'avais pas vu. Je me dirige alors jusqu'au comptoir et récupère ma commande qui m'attend depuis déjà quelques minutes. Je remercie rapidement la serveuse et me retourne, prête à rejoindre de nouveau le froid de l'extérieur.
Soudain, Cayden apparaît devant mes yeux, un sourire aux lèvres. Il a l'air fier de m'avoir surprise, mais il garde tout de même un air nonchalant.
— Ah, enfin je mets la main sur vous. J'ai cru que vous ne m'aviez pas vu tout à l'heure, mais vous n'avez pas vraiment l'air surprise de me voir.
Je soupire. Je n'ai pas su être discrète et mon mensonge est facilement tombé à l'eau. Pourtant, je suis trop fière pour assumer ma tentative de fuite.
— Je ne vous ai réellement pas vu. Désolée de ne pas avoir fait un bond de dix mètres parce que j'ai failli vous rentrer dedans. Vous pouvez me laisser partir, maintenant ?
— Vous avez abîmé votre tulipe, constate-t-il en remarquant celle-ci alors qu'elle dépasse de mon sac, plusieurs pétales en moins.
Je me mords la lèvre inférieure et retiens un sanglot. Je n'ai pas fait attention. Je dois faire mieux. Je dois toujours faire mieux. Comment ai-je pu me permettre de ne pas en prendre soin ?
— Je suis désolée, soufflé-je, je n'avais pas vu.
— Ne pleurez pas, me dit-il en m'observant dans les yeux. Ce n'est qu'une fleur. On peut aller vous en chercher une nouvelle dès maintenant, si vous y tenez.
Je secoue la tête alors que je ne comprends pas comment il peut remarquer les larmes qui menacent de s'échapper. Je sais me contrôler, je ne ressemble pas à une femme qui pleure. Comment peut-il me percer à jour si facilement ? C'est comme s'il était capable de lire la lueur de mon regard, peu importe les expressions que je laisse ou non passer.
— Non. Ce n'est qu'une fleur, vous avez raison. Ce n'est pas grave, elle serait morte d'ici peu, de toute façon. Merci encore de me l'avoir offerte. Je vous promets que les prochaines arriveront dans un meilleur état que ça à mon appartement.
— Vous faites ce que vous voulez, si vous n'en voulez pas, c'est votre droit.
— Je n'ai jamais dit ça.
— Vous aviez dit que nous devions garder une relation purement professionnelle.
— Oui. Les fleurs peuvent être personnelles comme professionnelles. Surtout les tulipes.
Il m'adresse un sourire, apparemment heureux de savoir que je ne compte pas les refuser.
— Vous avez autre chose à me dire ? le questionné-je.
Il secoue la tête.
— Pardon. Non. C'était tout. Passez une bonne journée, Madame Bennett. Et faites attention aux attrapes touristes.
Il ponctue sa phrase d'un clin d'œil tout en plantant un cure-dent entre ses lèvres. Je grimace. Il ne paraît pas être un bad boy, mais il en devient tout d'un coup un, seulement à cause de cette action bad boy coded. Ou peut-être suis-je un peu trop obsédée par les romances universitaires. Je sais déjà de quoi mon prochain manuscrit traitera : un bad boy un peu trop énervant, une femme qui souhaite seulement suivre ses études dans cette nouvelle université, un amour toxique mais puissant. Et je ne m'excuserai même pas pour apprécier ce genre d'histoire qui donne l'impression d'être encore sur Wattpad en 2015. Je suis persuadée que c'est un scénario intemporel, qui marche encore et toujours, tant qu'on lui apporte une dose de modernité.
Je quitte finalement la boutique et retourne sur le pont pour admirer Big Ben une nouvelle fois. Autour de moi, je n'aperçois pas le drôle de clown, mais garde tout de même mon téléphone bien rangé dans la poche intérieure de mon manteau pour m'assurer que personne ne pourra me le dérober. Je profite alors de ma fin de journée avant de rentrer chez Aedlin pour travailler encore sur mon manuscrit en cours.
Vivement que je le termine.
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The Tulips Between Us [EN PAUSE]
RomanceLors d'une soirée un peu trop arrosée, Cayden commet un vol à l'étalage... de guirlandes de noël ! Médecin de renom à londres, il ne peut pas se permettre d'avoir un casier judiciaire. Pour être certain de gagner cet affaire, il fait appel à Mary Be...