Londres.
Je ne me souviens pas de ma vie ici, pas vraiment tout du moins. C'est quelque chose que j'ai seulement préféré oublier. C'est plus simple que de faire face à la réalité. Cependant, revenir ici fait remonter des choses que j'aurais aimé effacer définitivement de ma mémoire. Malheureusement, c'est la seule solution. Ce client a proposé de me payer dix mille euros pour que je vienne en urgence l'aider. Cet argent, c'est l'équivalent de plusieurs affaires. Ça ne suffira pas pour remettre notre cabinet sur les rails, mais ça peut au moins relancer la machine. Avec un peu de chance, nous gagnerons et il me recommandera à tous ses amis aussi friqués que lui. Je devrais me pencher sur un vrai programme de client VIP comme l'a suggéré Aimee, c'est original et ça pourrait fonctionner.
Après avoir débarqué de l'avion, je récupère rapidement ma valise sur les tapis roulants et rejoins au plus vite le terminal d'arrivée. Je suis stressée. Même si j'échange régulièrement avec Aedlin et qu'on s'appelle souvent en FaceTime, nous ne nous sommes jamais revues en face à face depuis notre jeunesse. Peu importe à quel point nous sommes proches, cette fois sera différente. Mon cœur bat la chamade alors que je me rapproche des portes qui me séparent d'elle. Il n'y a plus de retour en arrière possible. Je suis à Londres, dans cette ville qui renferme tout mon passé. Et je vais enfin revoir quelqu'un qui en fait partie.
Immédiatement, je reconnais ma meilleure amie. Elle est là, à quelques mètres de moi, tenant une grande pancarte avec inscrit dessus "Bienvenue, connasse !". Je me marre. C'est exactement ce à quoi je m'attendais de sa part. Aedlin et moi ne sommes pas du genre à faire du dégoulinant d'amour et les insultes sont notre langage à nous. S'insulter, c'est comme se déclarer notre amour à chaque parole. À son tour, elle me sourit et un instant après, nous nous jetons dans les bras l'une de l'autre. J'avais peur que nos retrouvailles soient étranges, mais c'est plus naturel que jamais, comme si nous ne nous étions jamais quittées.
— Putain, t'es là ! s'exclame-t-elle en s'éloignant un instant de moi sans me lâcher pour autant.
— En chair et en os !
— Enfin !
Elle me serre une nouvelle fois dans ses bras, si fort que mes poumons sont compressés et que je suffoque.
— Aedlin, lâche-moi avant de me tuer, s'il te plaît.
Celle-ci pouffe et met finalement fin à notre embrassade. D'une main, elle attrape ma valise et la fait rouler à ses côtés, m'entraînant dans le mouvement.
— Je peux tenir ma valise, tu sais, noté-je.
— Tu as fait un long voyage, je peux bien faire ça.
Je lève les yeux au ciel alors que nous nous dirigeons vers les parking pour retrouver sa voiture garée non loin d'ici.
— Il n'y avait qu'une heure et demie de vol.
— Ouais, mais ça t'a pris quasiment la journée. Une heure et demie de vol, ça se transforme facilement en quatre heures avec tout ce que tu dois faire avant. Encore heureux que tu n'as pas eu de frontières à passer.
Nous sortons enfin. Immédiatement, le vent froid claque mes joues, me rappelant que même si je suis dans le sud du pays, les températures sont similaires à celles de Glasgow. Parfois, j'aimerais avoir l'argent pour voyager dans des pays plus chauds. Peut-être que ce sera le cas, une fois que j'aurais gagné cette affaire – si tant est que je la gagne et vu le dossier, les chances sont maigres.
— Certes, mais je bosse tellement d'habitude que, pour une fois, j'ai l'impression d'être en vacances.
— Ça tombe bien, je compte profiter de chaque seconde et passer autant de temps que possible avec toi.
— Je suis là pour le boulot, quand même.
— Oui, mais tu ne feras pas que ça.
Je hausse les épaules alors que nous arrivons enfin à la voiture. Aedlin la déverrouille et ouvre le coffre. À deux, nous glissons ma valise dedans, puis nous prenons place dans l'habitacle.
— Je compte bosser un maximum pour rentrer le plus vite. Je ne vais pas bâcler cette affaire parce qu'elle pourrait bien sauver le cabinet, mais je dois rentrer pour bosser sur les autres dossiers. Je les ai pris, mais je ne suis pas certaine d'avoir réellement le temps d'avancer dessus. Heureusement, je n'ai rien d'urgent en cours puisque c'est bientôt Noël.
— En parlant de Noël, commence Aedlin en démarrant le moteur, tu aimes toujours cette fête ?
Je souris.
— Oui, j'aime toujours.
— Alors je vais passer par Regent Street. Les anges sont encore et toujours là.
— Merci, soufflé-je, touchée.
Quelques minutes, nous restons silencieuses. Je pensais que nous aurions une tonne de choses à se dire et pourtant, maintenant que nous sommes ensemble, rien ne me vient. Sauf...
— Parle-moi de notre jeunesse, lâché-je en la regardant.
Aedlin tourne la tête vers moi, les yeux grand ouverts. Elle est étonnée et je la comprends, j'ai toujours refusé de parler du passé. Je suis loin d'en avoir envie, mais si le destin m'a amenée à revenir à Londres, c'est peut-être parce qu'il est temps. Ça fait peur, mais je ne suis pas seule. J'ai Aedlin avec moi ici, et Aimee prête à répondre à mes appels à n'importe quelle heure de la nuit.
— Tu es sûre ?
— Non. Mais ça ne peut pas être si terrible.
Aedlin hausse les épaules sans répondre.
— Si ?
Elle hésite.
— Disons que c'est compliqué.
— Alors parle-moi de notre rencontre, du premier jour de notre amitié. Ça ne va pas me tuer, ça, si ?
Cette fois, Aedlin acquiesce avec sûreté.
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The Tulips Between Us [EN PAUSE]
RomanceLors d'une soirée un peu trop arrosée, Cayden commet un vol à l'étalage... de guirlandes de noël ! Médecin de renom à londres, il ne peut pas se permettre d'avoir un casier judiciaire. Pour être certain de gagner cet affaire, il fait appel à Mary Be...