Chapitre 29.3 - Mary

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Les hommes et leur égo fragile. Ils sont incapables d'avouer qu'il leur arrive d'avoir peur. Je me moque au milieu de mes hurlements et Cayden me lance un regard équivoque qui me fait partir dans un plus grand fou rire encore. Je ne me serais jamais foutue de la gueule de quelqu'un qui a peur dans une attraction, mais lorsqu'il s'agit d'une personne qui a assuré n'avoir aucune anxiété dans ce genre de manège, je ne peux pas m'en empêcher.

Quand le tour s'achève et que nous descendons pour laisser monter d'autres personnes pour le prochain round, je n'hésite pas à titiller Cayden.

— Pas peur, hein ! m'exclamé-je en le bousculant doucement de mon épaule.

Il me tire la langue, mes lèvres s'étirant jusqu'à mes oreilles. Ma joie semble être tellement transmissible qu'il se met à sourire à son tour, oubliant rapidement mes moqueries.

Nous nous mettons alors d'accord pour nous rendre à une attraction moins stressante pour lui, même s'il maintient qu'il aurait pu remonter dans le manège une dizaine de fois. Je lève les yeux au ciel et l'attire à moi pour l'obliger à me suivre jusqu'à la queue qui se constitue devant la structure composée d'eau et de barques en plastique effet bois.

— On va être congelés, affirme Cayden en réalisant où je l'ai conduit.

Pour toute réponse, je lui offre un sourire qui se veut innocent. Si nous finissons trempés, nous n'aurons d'autre choix que de se tenir dans les bras, et de toutes les manières de se réchauffer, celle-ci est de loin ma préférée. Est-ce que je l'ai emmené ici exprès ? Oui, mais je ne l'avouerai jamais à voix haute.

Après quelques minutes, nous montons dans la barque et, peu à peu, cette dernière atteint le sommet. Trois mètres nous séparent de la pente aiguë qui nous propulsera en quelques instants vers le sol.

— Pourquoi je t'ai fait confiance ? crie Cayden alors que nous chutons en une seconde. Je suis trempé !

J'éclate de rire alors que je m'imagine sa moue confuse, les cheveux dégoulinant d'eau. Bien entendu, je n'ai pas pris de risque en le laissant se placer à l'avant. Il n'a pas réfléchi aux conséquences et grâce à ça, je ressors quasiment sèche. Par chance, les forains sont habitués à ces températures et offrent un coin pour se réchauffer après le manège.

Nous entrons alors dans le cabanon composé de bâches et nous nous serrons contre les quelques autres personnes qui ont décidé de s'aventurer dans cette attraction. Ici, il fait bien chaud et je dois avouer que c'est particulièrement agréable.

— Tu m'as utilisé comme bouclier, note Cayden en réalisant enfin que je suis loin d'être aussi mouillée que lui.

Je prends un air légèrement coupable et ris avant de hocher la tête.

— Je n'allais quand même pas tomber malade pour toi !

— Par contre, moi je peux tomber malade. Quelle injustice ! s'exclame-t-il, une main sur le cœur, comme s'il était vexé.

— La galanterie, jeune homme, me marré-je.
Il esquisse un sourire qui me réchauffe le cœur et s'avance plus près de la source de chaleur afin de se sécher de sa mésaventure.

— Le prochain manège, c'est moi qui choisit, conclut-il. Tu m'emmènes dans tout ce que je déteste, je vais finir par croire que c'est fait exprès.

— Tu l'avoues enfin ?

Il fronce les sourcils, ne comprenant pas où je veux en venir afin d'avoir une illumination.

— Non, je n'avais pas peur. Je n'aime pas. Nuance.

— Tu parles d'une nuance, marmonné-je dans ma barbe.
Il me fait des gros yeux, signe qu'il m'a entendu, chose qui était tout à fait voulue. Je finirai par le faire plier et avouer qu'il a eu peur, même si ça doit prendre des années.

Finalement, nous quittons la cabane, Cayden enfin sec, et moi bien réchauffée.

— Et si on allait...

Mon estomac lui coupe soudainement la parole en grognant, manquant cruellement de nourriture.

— Manger, apparemment. Même si c'est encore toi qui choisis, me charrie-t-il.

— Tu peux décider de ce qu'on mange, je ne suis pas vraiment difficile.

Il acquiesce et scanne les environs des yeux avant de pointer du doigt un stand de burger-frites non loin.

— Ça te va ?

— C'est parfait.

Par chance, il n'y a pas la moindre attente et nous pouvons directement commander chacun un menu. Étonnant qu'en heure de repas, ce soit aussi vide. Je plante un premier croc dans mon sandwich dégoulinant de jus de viande. Je me lèche la lèvre et enfourne une seconde fois le burger dans ma bouche. Je savoure mes frites et Cayden fait de même. Un ice tea vient compléter le repas et m'aide à faire glisser la nourriture.

Ce moment me fait sourire et me rappelle à quel point parfois, on peut se contenter de simplicité et l'apprécier. Partager un burger-frites avec Cayden est probablement le meilleur moment de ma journée, même si tous les instants passés dans les manèges étaient très agréables et souvent même drôles.

— Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ? s'inquiète le concerné.

— Rien.

Il hausse les sourcils.

— Enfin, si. C'est juste qu'au final, j'apprécie ce moment encore plus que le temps qu'on a passé dans les manèges.

— Ah, tu vois, c'est toi qui avait peur, depuis tout ce temps !

J'éclate de rire, ne m'attendant pas à ce qu'il parle de nouveau de ça. J'avais finalement décidé de mettre ça derrière moi et lui offrir une chance de croire qu'il n'avait pas peur.

— Ne reporte pas ton égo fragile sur moi, rétorqué-je, ma phrase accompagnée d'un clin d'œil significatif.

— Plus sérieusement, reprend-il pour fuir cette conversation qui met à mal la faiblesse de sa testostérone, je ressens pareil.

Cette phrase résonne dans ma tête, s'amplifie, et pour une raison que je ne m'explique pas, semble compter beaucoup pour moi. Un soudain mal de crâne me prend.

Et tout devient noir.

The Tulips Between Us [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant