Chapitre 12.3 - Mary

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Elle acquiesce difficilement et enfin, mon téléphone m'annonce que le taxi est devant le café. En quelques secondes, nous rejoignons la voiture et sommes emmenées au St Thomas' hospital, à moins de vingt minutes de là. Le trajet se fait dans un silence de plomb que seuls les sanglots de Aimee viennent perturber. Je tente de la rassurer comme je le peux, mais rien n'y fait, elle est inconsolable. Je lui caresse le dos, espérant que cela ait un quelconque effet, même si ce n'est probablement pas le cas.

Lorsque nous arrivons, j'aide Aimee à sortir de la voiture et remercie rapidement le chauffeur avant de refermer la portière. Nous rejoignons alors l'entrée de l'hôpital et nous dirigeons jusqu'aux urgences. Alors que je m'apprête à signaler notre présence, la main d'Aimee me tire en arrière. Je fronce les sourcils et me retourne vers elle.

— Aimee ?

Elle secoue la tête, incapable de parler.

— Aimee ? répété-je en m'approchant d'elle pour la prendre dans mes bras.

— Je ne peux pas... souffle-t-elle faiblement.

Avec le bruit ambiant, je perçois tout juste ses mots. J'attrape son visage et l'oblige à me fixer droit dans les yeux. Je plante mes iris dans les siens.

— Tu dois être forte, pour eux, dis-je en désignant son ventre du regard. Ils ont besoin de toi, ils ont besoin que tu fasses cet effort. Tout ira bien, je te le promets. Je serai là.

— John... murmure-t-elle, dépitée alors qu'elle réalise ne pas l'avoir prévenu.

— Il va venir. Je vais l'appeler et il sera là aussi vite que possible. Il y a un train toutes les heures. Il sera bientôt à tes côtés.

Des larmes dévalent le long de ses joues, mais elle acquiesce. Je la serre contre moi une nouvelle fois avant de la libérer. Nous entrons et apercevons une infirmière qui court dans tous les sens. Les cernes sous ses yeux contrastent avec son sourire lumineux qu'elle tente de garder bien qu'il paraisse faux. Elle n'a pas l'air heureuse d'être là. J'essaie d'attirer son attention, mais elle ne m'offre pas le moindre regard.

Je soupire. Je me doute qu'elle est débordée, mais l'anxiété de Aimee commence à m'atteindre. Je suis une éponge à émotions et si elle n'est pas rapidement prise en charge, je ne serai plus capable de tenir debout pour elle. Je dois être forte pour elle, mais ce n'est pas aussi simple que ce que je pensais. Soudain, j'entends une voix qui m'est familière. Je me retourne et découvre mon client, muni de sa blouse de médecin. Je hausse les sourcils, étonnée. Je le pensais suspendu.

— Il y a un souci ? me questionne-t-il en s'approchant de moi et Aimee.

J'hésite une seconde. Je ne devrais pas utiliser son aide, mais la santé de Aimee m'importe bien plus que cette règle de ne pas se parler en dehors du cadre professionnel. Cela dit, s'il bosse, ça compte, non ? Si notre relation permet à Aimee d'être prise en charge plus vite, je vais le faire et sans regret.

— Elle a eu un accident. Elle porte des jumeaux, mais ils n'ont plus l'air de bouger.

— Oh. Je vais essayer de vous faire passer en priorité. Attendez là.

Il s'éloigne une minute pour rejoindre l'infirmière qu'il arrête. Il nous pointe du doigt et une seconde plus tard, reviens vers nous accompagné de celle-ci.

— Ma collègue va vous prendre en charge.

— Vous ne pouvez pas vous occuper de nous ? le questionné-je alors.

Il secoue la tête.

— J'ai mis ma blouse pour obtenir plus facilement un diagnostic de mes collègues. Je ne bosse pas aujourd'hui.

Je fronce les sourcils, étonnée qu'il ait le droit de porter sa blouse sur son lieu de travail alors qu'il ne travaille pas. Pourtant, je ne cherche pas à discuter. Je ne connais pas les règles de cet hôpital ni même la position de mon client ici. Il est médecin généraliste, mais je n'en sais pas plus.

— Mesdames, venez avec moi. Nous allons vous prendre en charge.

Je jette un œil à mon client.

— Vous ne venez pas ?

— Pourquoi je vous accompagnerais ? Je ne suis pas en service, et encore moins en gynécologie. Mes collègues seront plus utiles.

J'acquiesce silencieusement et n'avoue pas qu'avoir une personne familière à mes côtés aurait été utile pour faire face à cette épreuve. Ce n'est pas moi qui la traverse, mais c'est terriblement fatigant d'être le pilier d'Aimee. J'aurais aimé avoir un soutien à mon tour. Je suis seule. Je ne peux pas me reposer sur qui que ce soit.

— Très bien. Merci de nous avoir aidées alors. J'en serai reconnaissante chaque seconde de ma vie.

— Moi aussi, avoue Aimee à mes côtés.

Cayden acquiesce silencieusement et se retourne pour repartir à ses occupations. Je l'observe s'éloigner et regrette presque de ne pas lui avoir demandé de rester. Cependant, je dois garder en tête que je ne peux pas compter sur lui. Il est avant tout mon client et il n'est pas question que je me laisse aller simplement parce que je suis trop faible pour soutenir Aimee seule. Je l'observe alors qu'elle commence à se déshabiller pour subir ses premiers tests. Bientôt, nous saurons l'état de santé des bébés.

Pitié que tout se passe bien.

The Tulips Between Us [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant