Chapitre 15.3 - Mary

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— Et toi, t'es très sexy.

Je laisse échapper un petit cri qui témoigne de mon choc face à son commentaire. Il ne mâche pas ses mots. Le pire, c'est que ça me plaît. J'aime entendre sa voix me dire que je suis sexy, même s'il n'y avait pas de réel sous-entendu dans sa phrase, seulement un compliment qui fait sourire.

— Merci.

— On devrait prendre une photo pour immortaliser ce super après-midi.

J'acquiesce et attrape mon téléphone dans mon sac à main alors que nous quittons l'arrière-boutique.

— Oh wow ! s'exclame l'ami de Cayden lorsqu'il nous aperçoit. Vous êtes méconnaissables.

— Ouais, elle est belle, hein ? lui lance Cayden avec un sourire en coin.

— Clairement. Tu vis le rêve de beaucoup là, mec.

Je me retiens de sourire. C'est agréable de les entendre me complimenter, même s'ils agissent comme si je n'étais pas là. Cayden me lance un regard et tente de me faire passer un message. Lorsque ses doigts frôlent le bas de mon dos, je comprends et acquiesce, lui donnant la permission de le laisser enrouler son bras autour de ma taille. Son action crie sa possessivité, alors même que nous nous connaissons à peine. Pourtant, je ne rechigne pas, bien au contraire. Ses doigts qui caressent doucement ma peau à travers le tissu me font l'effet d'une drogue, c'est bien trop plaisant. S'il continue ainsi, je vais m'y habituer, je vais trop l'affectionner. C'est dangereux. Mais je ne peux pas le repousser, je ne peux pas l'arrêter. Je veux qu'il continue. Je veux qu'il me touche encore et encore.

Il m'invite alors à quitter le magasin, mais ce n'est qu'une fois dehors que sa main quitte mon corps.

— Désolé. Il aime beaucoup les femmes, je me suis dit que tu n'apprécierais pas qu'il te fasse des avances.

Je lui adresse un sourire et cache ma déception. Évidemment qu'il ne l'a pas fait par envie ni par possessivité, mais seulement pour m'éviter de me faire draguer. À force d'écrire de la romance, je me mets à croire que les hommes font ce genre de choses dans la vraie vie. Spoiler : non, la fiction existe pour nous faire rêver, jamais pour représenter la réalité.

— Tu penses qu'il l'aurait fait ?

— Te draguer ? Oui. Je le connais, je l'ai vu dans ses yeux. Il saute sur tout ce qui bouge, mais il ne touche pas aux femmes prises. Il a tout de même du respect.

— Merci.

Il hausse les épaules tandis que nous traversons Camden Market pour rejoindre les stands de l'autre côté du marché.

— C'est normal. C'est lourd de base, mais encore plus après une telle journée. Tu aurais été capable de lui refaire le portrait.

J'éclate de rire et il fait de même. Il ne me connaît pas, mais on dirait qu'il m'a déjà cernée.

— Tu ne peux pas imaginer à quel point c'est vrai.

— Si, je peux. Ça se devine dans tes yeux, tu n'aimes pas être contrariée, surtout par les hommes. Et j'avoue que dans une société patriarcale comme la nôtre, je comprends.

— Êtes-vous donc un homme féministe, Monsieur McCarthy ? rié-je.

— J'espère bien. Mon père s'est barré avant ma naissance et a laissé ma mère seule pour s'occuper de moi. Elle aurait honte de moi si j'étais un macho. Et franchement, je ne comprends pas comment on peut un instant penser que les femmes sont inférieures aux hommes. Sérieusement, vous vivez les règles tous les mois, et ne parlons même pas de l'accouchement. C'est nous, les faibles de l'histoire.

— Vous avez une masse musculaire plus développée que nous, le contré-je. Vous êtes plus grands, plus intelligents...

— Non, pas plus intelligents. Il n'y a aucune étude qui le prouve. En fait, c'est même l'inverse. Les études démontrent que l'intelligence des femmes et des hommes est très similaire. Mais tout ça est différent d'une personne à l'autre. Plein d'hommes ont une masse musculaire très faible, des femmes en ont d'importantes, de même pour la taille, il y a des hommes petits et des femmes très grandes. Ces caractéristiques varient.

— En moyenne, vous êtes plus grands et plus musclés.

— La moyenne ne fait pas tout. Je n'aime pas travailler avec l'idée de norme. Chaque personne est unique et tu ne peux pas te fier à une règle pour agir. Ce qui marche sur une majorité de personne ne fonctionne pas sur chaque être humain. Il vaut mieux jouer sur un terrain individuel que se baser sur ce qui fonctionne sur la majorité.

Je hoche la tête. Je comprends exactement ce qu'il veut dire. Sans même m'en rendre compte, j'ai toujours fonctionné par l'individuel plutôt que par la majorité. Lorsque je prends en charge un nouveau client, je m'adapte à la spécificité de la requête et ne m'attache pas à des règles édictées par le passé.

Nous arrivons aux stands de street-food asiatique. Dès que nous passons devant l'un d'eux, l'un des commerçants nous tend à chacun un morceau de porc qui fond dans la bouche. C'est délicieux. Je le remercie alors qu'il me sort déjà son argument de vente favori.

— Normalement, le plat est à quatorze pounds, mais pour vous, je le fais à douze.

Cayden et moi nous lançons un regard et aussitôt que nos yeux se croisent, nous explosons de rire. Le commerçant ne prend pas le temps de deviner ce qui nous arrive, il a déjà reporté son attention vers d'autres passants. Il sait qu'il ne tirera pas le moindre centime de nous et il ne compte pas nous offrir de son temps bénévolement. Son but est de vendre un maximum et pour cela, il ne s'acharne pas sur les mêmes personnes. Il lance environ dix fois sa soi-disant offre tandis que nous mangeons déjà à un autre stand. Cette fois, on nous propose du canard laqué.

— C'est bon, putain, lâche Cayden dès que nous nous sommes un peu éloignés du stand.

J'acquiesce, bien d'accord avec lui. Ils ne nous ont pas donné la même chose que lors de notre premier passage et comme le précédent morceau, je sens que ce stand est mon préféré.

— C'est très bon de manger gratuitement, ajouté-je comme si nous n'avions pas prévu de leur acheter un plat à tous à la fin.

The Tulips Between Us [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant