Chapitre 22.1 - Mary

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Deux jours. Deux jours qu'une bataille se livre en moi. J'ai envie de lui envoyer un message, envie d'accepter sa proposition. C'est probablement la pire idée que je pourrais avoir, mais depuis son offre, je n'arrive à rien. Je n'écris rien, incapable de taper le moindre mot. Je ne lis pas, incapable de me concentrer plus d'une minute sur ma lecture. Cayden McCarthy hante mes pensées et y accapare toute la place.

Je ne peux pas craquer, je ne peux pas me lancer aveuglément dans une relation avec un homme que je connais à peine et qui vit à des centaines de kilomètres de ma vie. Surtout, il n'est pas envisageable de tomber bêtement pour mon client. Je retourne cette information plusieurs fois dans ma tête pour ne pas l'oublier.

Cayden McCarthy est mon client.

Cayden McCarthy est mon client.

Cayden McCarthy est mon client.

Cayden McCarthy est...

Un message s'affiche sur mon téléphone et me coupe dans mon mantra.

Cayden McCarthy : Bonjour, Madame Bennett. Je voulais seulement être certain que vous aviez réfléchi. N'imaginez pas que je vous force la main, vous avez le droit de dire non.

Évidemment. Ça ne pouvait pas être Aedlin ? Ou Aimee ? Il a fallu que ce soit l'homme qui a élu domicile dans mon esprit. Je ne dois pas craquer. Alors pourquoi mes doigts sont-ils en train de taper seuls une réponse à laquelle je n'adhère pas ?

Mary Bennett : Bonjour, Monsieur McCarthy. Effectivement, j'ai réfléchi, et j'ai changé d'avis. Quand êtes-vous disponible ?

Je suis faible, terriblement faible. Il a suffit de quelques fleurs, d'une proposition et d'une relance pour que j'accepte bêtement. Mon message est déjà envoyé et je suis scotchée à mon écran, sans pouvoir détourner les yeux comme si ça allait faire disparaître notre conversation. Je n'arrive pas à croire que je n'ai pas su résister. On dirait une adolescente émoustillée parce que son crush l'a invité au bal de fin d'année.

Une réponse me parvient.

Cayden McCarthy : Parfait. Content que vous ayez accepté. Je sais que c'est un peu tard, mais que diriez-vous de se voir en fin d'après-midi ? On pourrait aller au National History Museum. C'est un endroit que j'apprécie beaucoup et je pense que vous pourriez l'adorer.

J'hésite une seconde. Je devais avancer sur mon manuscrit, mais à quoi bon ? Je ne serai bonne à rien tant que je ne l'aurai pas vu. Autant l'arracher comme un pansement, vite et sec. Plus vite on se verra, plus vite je pourrai passer à autre chose et continuer à travailler sans qu'il ne m'obsède.

Mary Bennett : Ça me va.

Cayden McCarthy : Où logez-vous ? Je viendrai vous chercher.

Ça sonne trop romantique. Si notre rendez-vous est professionnel, alors pourquoi viendrait-il me prendre ? Ce n'est pas comme ça que les repas de collaborateurs fonctionnent. Pourtant, j'ai envie de profiter de ce rendez-vous, peu importe son libellé. S'il le considère comme professionnel, cela satisfait mon côté avocate. S'il le considère comme un date, cela satisfait mon cœur de femme. J'envoie alors l'adresse de Aedlin et lui précise à quel nom sonner lorsqu'il arrivera devant l'immeuble.

Cayden McCarthy : Je passe à 4PM*, ça vous va ?

Je jette un œil à l'horloge. Il est onze heures du matin, ce qui me laisse cinq heures pour me préparer. Et de stresser bien trop. Cependant, je ne peux pas décemment lui proposer de se voir plus tôt. Alors j'accepte, prête à prendre mon mal en patience. Du moins, c'est ce que je me laisse croire.

Mary Bennett : Super. À tout à l'heure.

Cayden McCarthy : J'ai hâte de vous revoir. Couvrez-vous bien, il fait froid aujourd'hui.

Mon cœur rate un battement. Je n'ai pas prévu de devoir gérer ses mots doux en plus de ses fleurs et de son physique à se damner. Depuis quand existe-t-il des hommes parfaits sur Terre ? Ce n'est pas censé être une légende urbaine profanée par les films et les livres de romance ? Je ne le connais que peu, mais il a été plus parfait que n'importe quel homme que j'ai pu rencontrer dans ma vie.

Je souris devant son message et reste figée. Lorsque je le réalise, je secoue la tête. J'éteins l'écran et fonce dans la salle de bain. J'avise la baignoire et décide qu'un bain chaud saura chasser Cayden un instant de ma tête. J'allume l'eau et bouche le fond avant de me déshabiller tandis que le bac se remplit. Dans ma chambre, j'attrape mon iPad et mon enceinte. Une fois que l'eau est à bon niveau, je ferme le robinet et me glisse dedans. C'est bouillant, mais ça réveille aussitôt les neurones qui étaient apparemment partis en vacances.

Je lance une série sur mon iPad, et une scène de sexe apparaît presque aussitôt. Je vais finir par croire que cet univers veut ma peau. Mon cerveau ne peut s'empêcher d'imaginer Cayden à la place de l'homme nu sur mon écran. Mon traître corps, comme en bande organisée avec mon cerveau, se met à pulser. La chaleur qui émane de l'eau semble se répercuter fois mille dans chaque organe de mon être. Incapable de retenir l'envie qui monte, je sors précipitamment de l'eau sans prendre le temps d'attraper ma serviette.

Une fois dans ma chambre, je me jette sur le tiroir de ma table de chevet et en sors mon vibromasseur. Je retourne rapidement dans mon bain et, après m'être assurée que la porte est bien verrouillée, je me glisse de nouveau dans mon bain. Je me remercie aussitôt d'avoir investi dans un modèle complètement étanche permettant de l'immerger complètement.

L'eau mélangée à mes sécrétions, l'objet n'a aucun mal à me pénétrer lorsque je le pousse à l'entrée de mon vagin. J'active sa fonction vibrante et me tord aussitôt sous les sensations agréables qu'il offre à mon corps. Mon autre main glisse jusqu'à l'un de mes tétons et le caresse au rythme du vibromasseur. Celui-ci étant fait pour toucher l'intérieur et l'extérieur de mon clitoris, je sens le plaisir monter de plus en plus rapidement.

L'image de Cayden s'impose de nouveau à moi alors que mes yeux sont clos pour mieux profiter des sensations intenses subies par mon corps. Soudain, une vague puissante prend possession de moi et mon corps se contracte. Une seconde plus tard, je me détends, mais ma tête est encore plus prise que quelques minutes plus tôt. Un seul mot m'obsède, un seul visage.

Cayden, Cayden, Cayden, Cayden.

J'ai beau ouvrir mes yeux, les refermer, les rouvrir, les refermer, les presser de mes doigts, rien n'y fait. Le visage de Cayden apparaît toujours. Je soupire, ne sachant plus quoi faire, perdue par ces sentiments soudains et déstabilisants. Avant aujourd'hui, je ne me suis jamais masturbée en pensant à quelqu'un. Que m'arrive-t-il ? Pire, pourquoi mon corps et mon cerveau se sont-ils ligués contre moi ? Et surtout, pourquoi fallait-il que ce soit Cayden McCarthy ? Ça aurait pu être tous les hommes du monde, mais il a fallu que je choisisse mon client. Près de quatre milliards d'hommes sur cette planète, et il a fallu que je choisisse mon unique client du moment, mes autres affaires étant en pause puisqu'elles ne sont pas urgentes.

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* Quatre heures de l'après-midi (16h).

The Tulips Between Us [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant