Un message me parvient.
Aimee : Il y a un vol à seize heures. Ça le fait pour toi ?
Je jette un coup d'œil à l'horloge. Il est presque minuit. Je dois préparer mon départ ce soir pour m'éviter le stress, impossible que je fasse cela en me levant. Le temps que je fasse ma valise et que je rassemble tous mes dossiers, je ne me coucherai pas avant deux heures. Je devrais me lever tôt pour avancer encore un peu sur mon dossier en cours. Ça signifie que je vais faire une nuit courte, mais c'est plutôt fidèle à mes habitudes.
Mary : Oui. J'ai une amie qui vit à Londres. On parle depuis un moment de se revoir. Je vais lui demander si elle peut me loger, ce sera mieux pour moi qu'un hôtel.
Aimee : OK. Redis-moi vite histoire que tu ne sois pas sans abris demain soir !
Aussitôt, je cherche le contacte de Aedlin et dès que je le trouve, je clique sur le bouton d'appel. Espérons que je ne la dérange pas. Au bout de deux tonalités, elle me répond.
— Allô ? Mary ? Il est presque minuit, tout va bien ?
— Pardon. En fait, je viens d'apprendre que demain, je me rends à Londres pour le boulot. Je ne sais pas vraiment combien de temps je reste, mais je me suis dit que si tu pouvais me loger, ça nous permettrait de se voir. Je pourrais prendre un hôtel plutôt que de te déranger, mais pour être honnête, je risque de me faire aspirer par le boulot et serai de retour à Glasgow sans même t'avoir vue. Enfin, ce n'est qu'une proposition, je ne veux surtout pas m'imposer.
À travers l'appareil, un rire éclate. Je souris alors, la bonne humeur d'Aedlin déteignant sur moi.
— Bien sûr que tu peux venir squatter chez moi ! Te voir tous les jours sera un véritable bonheur, vraiment. Tu peux rester autant que tu veux, chez moi c'est chez toi. N'hésite jamais si tu as besoin, ce sera toujours oui. Tu arrives à quelle heure demain ? Je ne bosse pas donc je peux venir te chercher à l'aéroport.
— Merci, sincèrement. J'ai hâte de te voir, je ne me souviens pas de la dernière fois où on s'est vues. Je pense réserver un vol qui part à seize heures, Je t'envoie un message dès que j'ai confirmation. Et pardon, j'imagine que tu allais dormir vu l'heure.
— C'était il y a tellement longtemps. C'est normal de ne pas se souvenir, surtout après ce que tu as vécu. J'attends ton message, alors. Et ne t'inquiète pas, j'avais prévu de me faire un film ou deux avant de dormir. Il est tôt. On est pas tous des vieux.
Je me marre. Je me demandais à quel moment elle allait laisser échapper une blague. Aedlin qui n'en fait pas au moins une durant une conversation, ce n'est pas Aedlin. Je suis persuadée que c'est ce qui m'a aussitôt fait l'apprécier lors de notre première rencontre. Malheureusement, je ne m'en rappelle pas. Je n'ai en mémoire que le jour où j'ai reçu un message d'elle sur Instagram, me disant que dans le passé, à l'époque de la Year 7*, nous étions amies. Je n'ai aucun souvenir de cette période, car bêtement, j'étais persuadée n'avoir vécu toute ma vie qu'avec mes parents.
— D'accord. Je te redis rapidement.
— Ça marche, me répond-elle, un sourire dans la voix.
Finalement, nous raccrochons. Après une courte discussion avec Aimee, mon billet d'avion est réservé et Aedlin est prévenue de mon heure d'arrivée à l'aéroport de Heathrow. Je range alors le dossier sur lequel j'étais en train de bosser et attrape mon ordinateur pour le mettre en charge. Je fais de même avec mon téléphone et enfin, je me dirige vers ma chambre. Je visualise le bordel qui y règne et constate qu'il est dans un état similaire à ce qu'il se passe dans ma tête ces derniers temps. Je soupire et me promets qu'à mon retour, j'y remettrai enfin de l'ordre.
Sur la pointe des pieds, je tente d'attraper ma valise, posée en haut de mon armoire. J'y parviens, mais ce n'est pas sans risquer ma vie puisque celle-ci manque de s'échouer sur mon crâne. Heureusement tout va bien. Ce n'est pas le moment de finir hospitalisée ou perdre quelques neurones. Finalement, je l'ouvre et y jette plusieurs vêtements, consciente qu'il ne fait pas meilleur à Londres qu'à Glasgow et que j'ai intérêt à ne rien oublier si je ne veux pas dépenser l'argent que je n'ai pas. Ce déplacement est prévu pour améliorer la situation financière du cabinet, et si je veux garder la tête au-dessus de l'eau, j'ai intérêt à faire particulièrement attention à mes dépenses. Contrairement à certains, je n'ai pas la chance de rouler sur l'or. Je ne sais pas même encore comment je vais pouvoir financer les transports en commun aux coûts faramineux de Londres.
Après avoir vérifié trois fois le contenu de ma valise, je décide enfin de la refermer et d'aller me coucher. Comme je m'y attendais, l'horloge numérique accrochée à mon mur m'indique qu'il est presque deux heures du matin. Je prépare mes papiers ainsi que quelques snacks pour l'attente à l'aéroport et je me glisse dans les draps de mon lit, me demandant quand aurai-je la chance de passer de nouveau une nuit dans cet appartement.
Et si, lorsque je serai de retour, nous mettrons clef sous la porte ou si, au contraire, nous nous serons relevées.
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* Équivalent de la sixième au Royaume-Uni.
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The Tulips Between Us [EN PAUSE]
RomanceLors d'une soirée un peu trop arrosée, Cayden commet un vol à l'étalage... de guirlandes de noël ! Médecin de renom à londres, il ne peut pas se permettre d'avoir un casier judiciaire. Pour être certain de gagner cet affaire, il fait appel à Mary Be...