Joy

1.3K 46 0
                                    



Je la dévisage, ses joues maculées de sauce tomate. Ce rouge écarlate qui s'étale sur sa peau... j'ai envie de l'effacer du bout de la langue, de goûter cette imperfection. Mais cette fourchette, tenue fermement entre ses doigts, brille d'une menace silencieuse. Elle est capable de l'enfoncer dans ma chair, je le sais. Elle m'a déjà abîmé le visage auparavant, et Mère, elle, n'aurait jamais toléré un tel affront. Elle l'aurait enfermée dans le noir total, privée de toute lumière, jusqu'à ce que l'obscurité la consume.

Je lève un sourcil, laissant couler un rire bref.
— Tu me tutoies maintenant ?

Ses sourcils se froncent, mais un léger ricanement s'échappe de ses lèvres. Je m'enfonce dans ma chaise, croisant les bras, la toisant comme le vulgaire petit chiot qu'elle est. Sa soudaine familiarité n'efface pas ce qu'elle représente pour moi. Un jouet. Un être dont je me nourris, que je manipule et torture, et qui me divertit de sa résistance aussi prévisible qu'éphémère. Intime ? Peut-être. Mais cela ne change rien. Elle m'appartient, de chaque souffle jusqu'à chaque frisson que je fais naître sous sa peau.

— On est devenu plus qu'intime, alors on peut laisser tomber les formalités, dit-elle, une pointe de défi dans la voix.

Je penche légèrement la tête, la scrutant. C'est ça, qu'elle pense ? Que parce qu'elle a osé m'embrasser un instant plus tôt, elle est en position de renverser les rôles ? J'esquisse un sourire. Ses provocations, ses tentatives de domination... Elles ne sont que des jeux auxquels j'aime la voir se prêter. Elle ne peut rien contre moi. Et cette illusion de contrôle que je lui laisse pour l'instant ne la rend que plus savoureuse à briser.

— Fais ce que tu veux. Essaie de manger proprement, au moins.

Je la sens bouillir, son regard me transperce comme une lame, mais elle n'ose rien dire. Au fond, elle sait. Elle sait ce que je pourrais lui faire subir, et c'est ça qui l'arrête. Mais je vois cette colère. Elle la retient juste assez pour ne pas exploser.

— Je te rappelle que c'est toi qui m'as cassé la main dominante, donc t'es mal placé pour me dire ça, Love, lance-t-elle en posant son assiette.

Je ris, un rire froid, moqueur.
— Oh, tu veux que je te donne la becquée ? Pauvre petite chose, dis-je, feignant la pitié.

Sans hésiter, elle me montre son majeur. Ah, cette insubordination... Je l'adore. Elle est presque trop précieuse pour que je l'écrase tout de suite. Je pourrais la briser ici même, faire voler son esprit en éclats, mais à quoi bon ? Non, je préfère la laisser se débattre encore un peu.

— Ne t'approche pas, sinon cette fourchette ira directement dans ta tête, me menace-t-elle, la voix vibrante de rage.

Je m'avance, la provocant ouvertement. Ses yeux flambent, mais je sais qu'elle n'ira pas jusqu'au bout. Je l'observe de près, cette rage à la surface, et je la veux, je la désire dans chaque geste qu'elle fait.

— Finis de manger, tu dis n'importe quoi. Tu n'aurais même pas la force de lever le bras jusqu'à mon visage, répondis-je en souriant.

Elle baisse les yeux, se concentre sur son assiette, continuant à se mettre de la nourriture partout. Agacé par son manque de maîtrise, je me lève et me dirige vers le poste radio. La musique envahit la pièce, douce, en contraste avec la tension qui plane entre nous. Je chantonne doucement les paroles en fermant les yeux, l'esprit envahi par la proximité que nous avons eue plus tôt. Ses lèvres contre les miennes... Cette soumission déguisée en initiative. Elle voulait se faire pardonner, mais cela sentait la manipulation à plein nez. Qu'importe. Je la laisserai jouer son petit jeu. Elle pense peut-être qu'elle peut me tromper, mais elle n'a aucune idée de l'étendue de mon contrôle.

J'ouvre les yeux, et là, elle est devant moi, la fourchette levée vers mon visage, prête à frapper. Son audace me surprend presque, mais ça ne fait que m'exciter davantage. J'adore la voir essayer.

— Comment vais-je regarder tes beaux yeux si tu crèves les miens ? dis-je avec un sourire en coin.

Elle est surprise par ma réaction, son bras tremble légèrement. Je sens qu'elle hésite.

— Tu aimes tant mes yeux que ça, pourtant... commence-t-elle.

Je la coupe avant qu'elle ne finisse.
— La première fois que je les ai vus, c'était comme si le monde autour de moi cessait d'exister. À ce moment-là, tu es devenue mon centre, mon obsession. Maintenant que je t'ai, jamais personne ne posera plus les yeux sur toi. Je te protégerai de tout, même si je dois te briser pour ça.

Son bras retombe lentement, et ses yeux s'agrandissent, absorbant chacun de mes mots. Elle m'écoute, mais je sens qu'elle essaie encore de comprendre. Elle ne sait pas ce que je ressens réellement pour elle. Elle ne le saura jamais. Ce n'est pas de l'amour. C'est une possession, un besoin profond de l'avoir à moi, de la modeler selon mes désirs.

— Tu as dit que j'étais bête de te croire. Maintenant, tu me mens encore ? demande-t-elle, confuse.

Je laisse mes doigts glisser doucement sur l'entaille que je lui ai faite. Une marque de moi sur elle, un rappel constant de ce qu'elle est devenue : à moi.

— J'ai dit que tu étais bête de croire que j'étais désolé. Je ne regrette rien. Si c'est ce qu'il faut pour te garder près de moi, alors oui, je suis le méchant. Ça ne m'atteint pas. Tout ce que je veux, c'est que tu restes bien sage, et je n'aurai pas besoin d'être violent.

Elle reste silencieuse, incapable de comprendre jusqu'où mon obsession pour elle va. Je sens mon cœur battre trop vite, cette émotion qui monte en moi, une faiblesse que je refuse de reconnaître. Mère serait furieuse si elle savait que je ressens tout cela pour quelqu'un d'autre qu'elle.

Je m'éloigne d'elle, mon regard durcissant pour ne pas laisser mes pensées m'emporter.
— Va te reposer, tu ressembles à un cadavre, lâchai-je sèchement avant de quitter la pièce, mon cœur encore agité.

Obsessive Control [sous contrat d'édition ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant