Crazy

1.1K 50 0
                                    


Aris

Pourquoi fallait-il que ça arrive maintenant ? À vrai dire, j'avais perdu le compte des jours. Je ne savais plus depuis combien de temps j'étais ici, perdue dans cette réalité tordue. La faiblesse m'envahissait, et je venais de me donner à lui, même après tout ce qu'il m'avait fait. Mais si cela me permettait de ne plus être enfermée dans cette cage, je serais prête à utiliser tous les moyens possibles.

La seule chose qui me rassurait, c'était de savoir que je ne tomberais pas enceinte. Pas de ça, pas maintenant. Un soulagement s'installa en moi, bien que l'angoisse persiste. Je n'avais pas de sous-vêtements, ni même de vêtements à ma taille. J'étais forcée de porter les siens. Allait-il accepter que nous allions en acheter ? Je pourrais sûrement profiter de cette situation pour m'éclipser.

Je me dirige vers la chambre, le cœur battant, l'angoisse et l'espoir se mêlant dans une danse troublante. Il était assis devant l'ordinateur, plongé dans son travail, les yeux rivés sur l'écran. Il portait des lunettes, et c'était la première fois que je le voyais ainsi. Avait-il une mauvaise vue, ou était-ce juste pour les écrans ? Je me rapprochais doucement pour voir par-dessus son épaule ce sur quoi il travaillait. Les mots sur l'écran étaient flous pour moi, mais la tension dans l'air était palpable.

« MÊLE-TOI DE TES AFFAIRES. »

Je plissai les yeux, un sourire en coin s'étirant sur mes lèvres. Il m'avait entendue rentrer, donc il n'était pas si concentré. Pour obtenir ce que je voulais, il fallait que je le flatter, que je lui fasse croire que j'étais reconnaissante.

— Merci pour tout à l'heure, c'était euh... sympa de ta part.

Il s'adossa au siège, inclinant la tête en arrière, un large sourire plaqué sur son visage, comme s'il savourait ma soumission.

— Eh bien, si je m'attendais à ça, j'aurais acheté du champagne. Fais vite, qu'est-ce que tu veux ?

Il était perspicace, peut-être même trop. Je pris mon courage à deux mains, sentant mes jambes trembler sous l'enjeu de ma demande.

— Il me faudrait des vêtements et des sous-vêtements, est-ce qu'on pourrait aller en acheter ?

Son sourire demeurait, mais il ne semblait pas avoir saisi la gravité de ma situation.

Il se leva, fouillant dans le dressing, puis me tendit plusieurs sacs.

— Bien sûr, petit chiot, voici ta livraison express. Évidemment, chaque vêtement est à ta taille. Avec toutes les informations que j'ai sur toi, il est évident que je connais tes mensurations.

Je pris les sacs, le désespoir m'envahissant. Il venait de donner un coup de pied magistral dans mon plan.

— Tu sembles déçu.

— Non, merci, tu as pensé à tout, tentai-je de masquer mon amertume.

Je me rapprochai de lui, me mettant sur la pointe des pieds pour embrasser sa joue, un geste qui se voulait innocent, mais qui trahissait ma faiblesse. Je partis en direction de la porte. En tournant vers le couloir, je vis son expression perdue, une lueur de contrariété dans ses yeux. Peut-être que les émotions le touchaient parfois.

Quand je ne faisais pas ce qu'il voulait, il devenait cruel et méchant. Mais lorsqu'il était doux, il devenait presque humain. Je devrais explorer ce terrain ; cela pourrait me donner des facilités pour m'extraire de cette nouvelle cage sans barreaux.

— C'est dingue, il me connaît vraiment par cœur, dis-je en sortant des vêtements du sac.

C'était totalement mon style, si bien que cela en était effrayant. Je m'habillai sans regarder dans les autres sacs, commençant à avoir froid. Je tombais facilement malade et je voulais être en pleine forme pour m'échapper.

Je ne pouvais pas abandonner, je voulais ma liberté. Pourquoi avait-il fallu qu'il m'enlève ? Il aurait dû venir me voir normalement. Bien sûr, je l'aurais fait galérer, mais ensuite, j'aurais accepté avec plaisir ses avances.

— À quoi penses-tu ?

Sa voix m'atteignit, brisant mes pensées. Je réalisai qu'il se trouvait dans mon dos. Depuis combien de temps était-il là ? Je ne me retournai pas. Ses mains glissèrent autour de ma taille, et je sentis mon pouls s'accélérer. Sa présence me mettait toujours dans un état de tension.

— Je pensais à ce que je pourrais manger.

Il contourna mon corps pour se placer face à moi, un sourire pervers sur le visage, dégageant une aura de confiance troublante.

— Quoi encore ?

— Bouffe ma queue, elle a bon goût.

Il ricana, mais je savais qu'il ne plaisantait pas. L'humour semblait lui faire défaut, comme si un malheureux coup du sort l'avait frappé avant qu'il n'ait la chance de devenir drôle.

— Je ne sais pas si tu connais la vraie nourriture, celle qui permet de rester en vie, par exemple.

Il gloussa, saisissant mon menton avant de m'embrasser. Ses baisers étaient totalement différents de ceux des autres hommes que j'avais connus. Bien qu'il soit dominant, des décharges électriques parcouraient mon corps chaque fois que ses lèvres effleuraient les miennes. À chaque baiser, j'étais au bord de l'évanouissement.

Je ne retenais pas ma respiration, mais c'était comme s'il aspirait tout l'air que je pouvais inhaler. Quand je me décollai de lui, je fus à bout de souffle, le cœur battant la chamade.

Putain, il est incroyable !

Non !

Rabat-joie !

Je posai mes doigts sur mes lèvres, encore gonflées et brûlantes, probablement très rouges.

Il saisit ma main et m'entraîna vers la cuisine, m'asseyant sur une chaise avec douceur, tout en appuyant légèrement sur mes épaules.

— J'estime que tu as fait un effort pour te faire pardonner, alors je vais prendre soin de toi, Aris.

— Oh, trop aimable de ta part, Lov, dis-je sarcastique, même si une partie de moi se demandait si je ne commençais pas à apprécier son attention.

Il sourit encore, et je ne comprenais pas pourquoi il semblait si heureux. Peu importe. Profitions de ce calme pour reposer mon esprit.

C'était plutôt bien d'avoir quelqu'un qui cuisinait pour soi. Quand j'étais dans mon appartement, je ne savais jamais quoi manger. Ma mère passait souvent en mon absence pour déposer de la nourriture, sachant que je n'étais pas une grande cuisinière. Ses plats me manquaient.

Mes parents me manquaient, et je sentis mes yeux commencer à piquer, les souvenirs de ma vie à l'extérieur refaisant surface, en moi, tels des spectres.

Putain, je veux être libre.

Mon sang se glaça lorsque Lov posa devant moi la nourriture. Mon cœur se serra. Ma mère cuisinait souvent le même plat, que je retrouvais régulièrement dans mon frigo à mon retour de la fac. Comment pouvait-il... ?

— Tu... dis-je, ma voix se brisant presque d'émotion.

Il passa une main dans ses cheveux, posant les yeux sur moi, le sourire toujours aux lèvres.

— C'est toi qui déposais la nourriture dans mon frigo ?

Il sourit davantage.

— Tu veux que ce soit qui, petit chiot ? Je connais tout sur toi, et je sais que ce plat est devenu ton préféré.

Il était attentionné, mais sa façon d'agir me faisait peur.

— Pourquoi n'es-tu pas venu me parler en vrai ? On aurait pu éviter cette situation.

— Je veux que tu ne regardes que moi. Tu ne peux appartenir qu'à moi seul. Voilà pourquoi je ne peux pas me permettre qu'un autre attire ton regard.

— Tu es fou !

Il attrapa quelques mèches de mes cheveux pour les attacher en arrière, son regard s'assombrissant.

— Oui, fou de toi, Aris.

Obsessive Control [sous contrat d'édition ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant