Chapitre 7

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  Après deux jours de voyage, nous finissons par atteindre Baklang.

Deux jours d'angoisse dans une cellule.

Deux jours à me poser en boucle les mêmes questions : qu'est-ce qui est arrivé à Ross ? Qu'est-ce que je vais dire à mes mères quand je les rencontrerai enfin ? Comment va-t-on sortir de Zéro ?

Deux jours qui m'ont amenée ici, dans un énième couloir froid et métallique. Je porte toujours les mêmes vêtements que le jour de mon arrestation-évidemment, mes armes m'ont été confisquées. Les policiers nous ont généreusement servi une espèce de bouillie insipide, mais nous n'avons pu ni nous laver, ni nous changer. Au moins, je peux me réconforter en me disant que Ross pue autant que moi.

Nous sommes menottés, encadrés chacun par deux agents. Je commence à en avoir l'habitude.

Au bout du couloir nous attend un guichet. J'observe quelques instants la vitre qui l'encadre, probablement blindée. Une gardienne en tenue grise se trouve derrière, personnification de l'ennui. Elle hausse un sourcil à l'intention des policiers.

— Cass Jackson et Ross Moszkowski, indique l'un d'eux. Leurs dossiers vous on déjà été transférés. Ils doivent être incarcérés sans attendre.

Une lueur d'intérêt s'allume dans les yeux de la femme.

— Les petits cambrioleurs du CSM ?

Je manque de m'étouffer d'indignation. Petits cambrioleurs ?!

— Sans attendre, répète le policier.

La femme hausse les épaules. Elle pianote sur un clavier, et deux panneaux s'ouvrent simultanément de chaque côté du couloir. Pas de serrure à crocheter, pas de code à découvrir : c'est le genre de portes dont on ne peut forcer l'ouverture.

Deux femmes, en uniforme gris et armées, jaillissent dans le couloir. L'une a les cheveux ras, ceux de l'autre sont tirés en un chignon strict-elle pourrait parler coiffure avec Junon. Deux hommes les rejoignent sans attendre, depuis l'ouverture opposée.

— On prend le relais, indiquent-ils aux policiers.

— Faites gaffe, les avertit l'un d'entre eux. Ils sont dangereux.

Les gardiens ne prennent pas la peine de répondre. Les deux femmes me saisissent par les bras, tandis que leurs collègues font de même avec Ross. Puis elles m'entraînent par l'ouverture d'où elles sont arrivées. Le panneau se remet en place derrière nous, ne laissant qu'un mur de métal lisse.

Je ne suis pas certaine de savoir retrouver son emplacement, et cette fermeture a quelque chose de définitif.

Mes gardiennes me font remonter un autre couloir métallique. Je me demande si nous sommes sur un vaisseau. Si tout le monde a entendu parler de Baklang, seule une poignée de personnes en connaît l'emplacement exact.

Je prends une grande inspiration. L'air a un goût de fer, mais il ne me paraît pas stérile comme à bord du QG de l'Organisation.

Serions-nous sur une planète ? Dans ce cas, laquelle ?

Nous arrivons dans une petite pièce carrée. Une ouverture rectangulaire est percée dans le mur de gauche. J'essaie de regarder de l'autre côté, mais n'y aperçois qu'une obscurité intense. Une odeur familière s'en dégage.

Celle de la cendre.

Je me détourne aussitôt, avant que mon cerveau ne me ramène à Thétis et à son corps en flammes.

Au centre, sur une table, est alignée toute une série d'objets. Une pile de vêtements oranges qui, je le suppose, m'est destinée. Une brosse à dents, une brosse à cheveux, une brique de savon, et...

Evasion (Cass-tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant