— Je ne sais pas ce qu'on doit faire, reconnais-je. Mais le sauver...d'une part, il m'a clairement fait comprendre que ce n'était pas ce qu'il voulait. D'autre part...comment ? Oui, il a une part d'humain en lui. Et oui...
Je repense au petit garçon en pyjama que j'ai découvert dans son esprit.
— ...c'est une victime de Thétis, poursuivis-je. Tu n'avais pas tord sur ce point. Mais...Ross...tu as été dans sa tête. Tu as tenu cette fourchette comme il l'a tenue...penses-tu vraiment qu'il reste quelque chose à faire pour lui ?
— Je ne dis pas que ce sera facile. Ni même qu'on va y arriver. Mais quoi qu'il en dise...Rémond a envie qu'on l'aide. C'est bien pour ça qu'il est venu ici, non ? Il a compris que nous étions reliés. Il est venu pour se protéger, pour me protéger.
— Il est venu parce que Thétis l'a programmé pour rester en vie, à n'importe quel prix. C'est différent. Et il est possible qu'il nous dissimule encore un autre motif-n'oublie pas qu'il a choisi de me montrer ce souvenir, et de me cacher les autres.
Ross grimace.
— Je reconnais qu'il y a du travail. Seulement, je crois qu'on pourrait utiliser le lien que je partage avec lui. Il ressemble un peu à celui qu'on a tous les deux, non ?
— Oui et non. Le nôtre n'est pas permanent, et il n'affecte que notre esprit. Je ne suis pas blessée si tu l'es, et inversement.
— Mais au niveau du partage émotionnel, c'est la même chose.
— Non. Toi et moi, nous éprouvons ce que l'autre éprouve, mais nous pouvons faire la différence avec nos propres sentiments. Je ne crois pas que ce soit le cas entre Rémond et toi. Vos émotions se mélangent à celle de l'autre sans aucune distinction. C'est pour ça qu'il m'a embrassée, et sans doute pour ça que tu m'as répondu aussi violemment l'autre nuit. Votre lien est déséquilibré. Malsain.
— Je n'ai pas l'impression d'être influencé par l'esprit de quelqu'un d'autre...je ne perçois que mes propres sentiments, et les tiens.
— Et si tu pensais cela parce que ceux de Rémond se mêlent aux tiens sans que tu t'en rendes compte ? Peut-être...peut-être qu'on peut aussi supposer que seules les émotions les plus fortes circulent entre vous.
— D'accord. Admettons que tu aies raison. Si notre lien est déréglé, ne pourrait-on pas le réparer ? Imaginons que Rémond apprenne à accepter ce qu'il ressent...qu'il fasse la paix avec lui-même...
— D'après toi...c'est son conflit intérieur qui rend votre connexion toxique.
— Tu penses que c'est tiré par les cheveux ?
— Je pense...que c'est une vision très optimiste des choses. Ça ne veut pas dire qu'elle est fausse.
— Alors tu es avec moi ? Tu veux bien essayer de l'aider ?
Je me laisse de nouveau aller contre lui, ferme les yeux. Avec sa chaleur qui m'enveloppe et son cœur qui bat contre le mien, notre situation me semble un peu moins désespérée.
— Je serai toujours avec toi, murmuré-je. Quant à l'aider...comme tu l'as dit, je ne pense pas qu'on ait d'autre choix.
Nous restons enlacés en silence. Je voudrais que ce moment ne s'arrête jamais.
Pourtant...je sens quelque chose en Ross. Un sentiment étouffé...de la culpabilité.
— Qu'est-ce qu'il y a ? lui soufflé-je.
Il hésite.
— A propos de l'autre nuit...commence-t-il. Je n'aurais jamais dû t'immobiliser ainsi. Je suis désolé.
— Ne te blâme pas pour ça. Je te l'ai dit, je pense que tu étais influencé par Rémond.
— Et si ce n'était pas le cas ? Si ce n'était que moi ? Je ne suis pas quelqu'un de doux, Cass, tu le sais.
— Avec moi, si.
— Mais je t'ai fait mal...ne le nie pas, j'ai senti ta douleur.
— Je t'avais poussé à bout. Bon sang, je t'avais cassé le nez !
— Mes os se ressoudent en quelques secondes. Pas les tiens.
Je me redresse pour le regarder en face, lui caresse la joue. Il frissonne à mon contact.
— Nous sommes enfermés dans une prison où les détenus disparaissent, où l'on nous force à manger de la chair humaine, et où plusieurs personnes ont déjà essayé de me tuer. Sérieusement, Ross, je ne crois pas que le danger vienne de toi.
— Et si c'était le cas ? Je t'ai dit un jour que je préférais te laisser me tuer que de m'éloigner de toi. Cass...j'ai besoin que tu me promettes le contraire. Même si tu trouves ça stupide ou inutile. J'ai besoin que tu me promettes que si je perds le contrôle, que ce soit à cause de mon lien avec Rémond ou juste par ma faute, tu ne me laisseras pas te faire souffrir.
— Tu ne me ferais jamais souffrir !
— Alors cette promesse ne te coûte rien.
— T'es ridicule. Je peux me défendre.
— Je sais que tu le peux. Je veux t'entendre dire que tu le ferais. Même contre moi.
Mon ventre se noue. Je ne supporte pas l'idée de le blesser. Surtout, je ne supporte pas qu'il se fasse aussi peu confiance.
Mais au fond, il a raison. Que me coûte une promesse que je n'aurai jamais à tenir ?
— Très bien, Ross. Compte sur moi pour t'assommer dès que j'aurai une excuse pour le faire.
Il sourit, dépose un baiser sur mon front.
— Tu vois ? me dit-il. C'était pas si dur.
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Evasion (Cass-tome 2)
Fantascienza⚠️ Si vous n'avez pas lu le tome 1, n'hésitez pas à aller le retrouver sur montre profil ! Attention, spoilers dans ce résumé... Thétis est morte. Akhilleús a été définitivement détruit. Cass Jackson ne souhaite qu'une chose : tourner la page, et v...